Qui se cache derrière l'informaticien des années-crise ?

Pôle Emploi évoque les différentes facettes du métier d'informaticien entre 2008 et 2010. Les CDI sont très présents chez les ingénieurs tandis que le taux de féminisation est plus élevé qu'ailleurs chez les employés.

Dans sa dernière étude Repères & Analyses, Pôle Emploi fait un bilan sur les principales caractéristiques de l'emploi dans les métiers de l'informatique entre 2008 et 2010. Une période charnière de la dernière crise économique mondiale. Trois catégories d'emplois ont ainsi été étudiées : employés et opérateurs, techniciens ainsi qu'ingénieurs.

Concernant les employés et opérateurs, Pôle Emploi a dénombré 37 000 personnes travaillant dans ce domaine, dont 54% de femmes et 38% de jeunes de 15 à 29 ans. Mais également un taux de 80% de contrats à durée indéterminée et 15% de personnes travaillant plus de 40 heures par semaine.

C'est parmi la population des ingénieurs que la part des CDI est la plus importante

La donne change de façon notable pour les techniciens et les ingénieurs. En particulier en termes de féminisation du milieu du travail. Ainsi, Pôle Emploi recense à peine plus d'une femme sur 10 dans le milieu des techniciens (20% parmi les ingénieurs) contre 54% de femmes parmi les employés et les opérateurs. "La part de celles-ci a très sensiblement diminué avec le temps car elles représentaient 85% au début des années 1980", précise cependant Pôle Emploi.

C'est parmi les professions intermédiaires de l'informatique, mais surtout la population la plus diplômée (ingénieurs) que l'on trouve la part la plus importe de CDI. Si elle atteint 80% parmi les employés/opérateurs, cette proportion grimpe à 90% chez les techniciens, et atteint 98% chez les ingénieurs. De même, c'est parmi ces deux dernières catégories que l'on trouve la part la plus faible de personnes travaillant à temps partiel, à savoir respectivement 6% et 5%, contre 13% chez les employés/opérateurs.

Outre le taux de féminisation, de CDI ou encore le nombre d'heures travaillées par semaine, Pôle Emploi indique également qu'entre 2008 et 2010, le salaire médian des ingénieurs a été deux fois plus important (2 800 euros) que celui des employés/opérateurs (1 400 euros). La population des techniciens affiche de son côté un salaire médian de 1 750 euros.

"Les ingénieurs de l'informatique qui forment la famille la plus volumineuse de ce domaine au total très qualifié, ont connu une augmentation considérable de leurs effectifs, passant d'environ 50 000 emplois au début des années 80 à près de 320 000 dans les années récentes", fait par ailleurs savoir Pôle Emploi.

Des pénuries de main d'œuvre sur le marché de l'emploi informatique à relativiser

"En dépit de tassements périodiques, ce n'est qu'avec la crise de 2008-2009 que cette progression quasi-continue a marqué un véritable temps d'arrêt. Ces analystes programmeurs, ingénieurs d'étude ou de développement et chefs de projet sont fortement concentrés en Île-de-France, ainsi qu'en Midi-Pyrénées et Rhône-Alpes, accentuant ainsi les disparités régionales."

Un éclairage est également apporté sur les origines de l'employabilité informatique. Les entreprises utilisatrices (clients finaux) demeurent à cet effet les premiers employeurs en ressources IT, loin devant les entreprises productrices (éditeurs, fournisseurs et SSII). Ainsi, 78% des employés et opérateurs sont employés par des entreprises utilisatrices, contre 73% pour les techniciens et 55% pour les ingénieurs informatiques.

Pôle Emploi jette également un pavé dans la mare en tenant à "relativiser fortement la portée des supposées pénuries de main d'œuvre fréquemment invoquées par les employeurs des SSII, en particulier lorsque la conjoncture est propice". 

"On peut surtout voir dans les difficultés de recrutement que peuvent rencontrer les SSII l'effet des amples fluctuations qui gouvernent la recherche de candidats, dans le cadre d'une gestion de l'emploi happée par le court terme. On peut aussi les regarder comme la conséquence d'une faible attractivité des emplois proposés, qui encourage un important turn over, lequel implique à son tour, à plus ou moins brève échéance, la recherche de nouvelles compétences et de profils expérimentés."