Back to coding: les outils de travail sont toujours rentabilisés

Après avoir dirigé une société de service informatique, me voici redevenu programmeur. C’est un parcours peu habituel, dont les enseignements méritent d’être partagés. Aujourd'hui, les outils de travail.

Au travers de mon retour aux sources du développement, un des constats les plus importants peut-être, et qui sera utile je crois à tous les dirigeants d’entreprises du logiciel, c’est qu’il est toujours rentable d’avoir les meilleurs outils de travail, quel qu’en soit le prix.   

Pendant mes années de dirigeant, on me remontait chaque semaine des demandes de développeurs qui auraient voulu un nouveau poste de travail, plus de mémoire, un troisième écran, une mise à jour de leur environnement de développement, un nouvel outil qui allait leur permettre de travailler mieux.   Je n’ai pas toujours dit non, ni toujours dit oui, mais bien sûr, une décision de quelques centaines d’euros multipliée par cinq-cent postes, c’est une dépense dont la rentabilité doit être établie.   Or personne ne sait vous en faire une démonstration incontestable.   En conséquence, la décision est en général étalée, diluée, retardée, jusqu’à ce que la grogne des développeurs atteigne un niveau insupportable.  

Mettons maintenant la casquette du développeur indépendant, qu’il travaille pour sa propre startup ou qu’il soit simplement en freelance.   Il est à la fois celui qui identifie le besoin d’un meilleur outil de travail, celui qui paye, donc celui qui prend la décision, qui évalue la pertinence de cette dépense.   

Presque toujours, sa conclusion est immédiate et sans ambiguïté : il lui faut le meilleur outil, c’est tout.   Lorsque l’on développe huit (ou douze) heures par jour, la moindre amélioration des outils de travail, même si le gain de productivité n’est que de 5%, est amortie en quelques semaines à peine.  

Je sais que la plupart des dirigeants d’entreprises du logiciel affirmeront qu’ils partagent ce constat, mais je sais aussi que lorsqu’une nouvelle demande leur parviendra demain, comme toujours ils hésiteront, se demanderont si les développeurs ne sont pas un peu des enfants gâtés qui réclament toujours de nouveaux jouets, et demanderont une petite étude sur le sujet afin surtout de gagner du temps.   Je leur dis : si vous étiez développeur, et y compris si c’était votre argent, vous n’hésiteriez pas une seconde.   Croyez-moi, l’investissement dans les meilleurs outils de travail, tant logiciels que matériels, est celui qui demande le moins de réflexion.   

N’attendez même pas que la demande vous parvienne, anticipez : demandez à vos experts s’il n’y aurait pas quelques outils qui améliorerait leur confort de travail.  D’autant que le gain n’est pas que de productivité : quand bien même le développeur se ferait plaisir, son plaisir seul est un objectif valable car un développeur heureux est un développeur sur lequel on peut compter.   Et bien sûr, il lui arrivera de croiser des collègues travaillant chez vos concurrents, et ensemble, comme des collégiens, ils ne manqueront pas de comparer leurs environnements de travail.   Et de conclure, que c’est dans votre entreprise qu’on est choyé, et que l’on peut donner le meilleur de soi.   Ce sera le second retour sur votre investissement.

Dans un prochain épisode: la fin de la documentation (ou presque).