La cybersurveillance américaine se dote d'un datacenter géant
C'est dans l'Utah que la NSA, l'agence américaine chargée de la sécurité nationale, est en train de mettre en place un immense datacenter pour le moins spécial. Il s'inscrit officiellement dans un programme national dédié à la cyber-sécurité, mais sa mission se consacrera en fait essentiellement à la surveillance des communications, révèle Wired, à qui une source officielle a confié qu'il s'agissait en effet d'"un peu plus qu'un datacenter classique".
Casser le chiffrement AES
Grâce à des accords passés avec les opérateurs et au réseau de la NSA, ce centre de données pourra récolter et surveiller les appels téléphoniques, les SMS ou les e-mails, explique le magazine qui consacre un long article sur le sujet. Mais, toujours selon Wired, derrière ce projet, se cacherait la volonté de la NSA de casser le chiffrement AES. Un standard que la NSA, elle-même, recommande au gouvernement et aux militaires pour leurs communications.
Or, l'article révèle que l'agence s'est déjà secrètement servie d'un dérivé du supercalculateur Jaguar pour essayer de casser ce chiffrement AES. Si l'agence finit par y parvenir, l'accès à de nombreux documents confidentiels serait dégagé. Pour l'heure, si les communications les plus sensibles se basent sur les chiffrements les plus élaborés, ce n'est pas le cas de tous les documents, notamment des plus anciens. Le centre de donnée pourra donc commencer par ceux-là, sans compter que "ce qui ne peut pas être cassé aujourd'hui pourra sans doute l'être demain", rappelle James Bamford, l'auteur de l'article.
Yottaoctet de données
Le datacenter aura également pour objectif de stocker une quantité gigantesque de données. La NSA évoque même des yottaoctets de données (unité de mesure aujourd'hui la plus élevée correspondant à 10 puissance 24 octets). En tout cas, l'espace clos prévu pour le centre de données s'étend sur près de 300 000 mètres carré. Le dixième de cette superficie sera occupé par quatre salles de serveurs. 60 000 tonnes de machine seront nécessaires pour refroidir les serveurs. Le site impliquerait une facture annuelle d'électricité de 65 mégawatts, s'élevant à 40 millions de dollars.
Le projet, lancé en 2010, devrait coûter 2 milliards de dollars à la NSA. 10 millions de dollars auraient été investis rien que pour le système de vidéosurveillance du site. Le datacenter doit être opérationnel en septembre 2013.