Zenika : un cabinet IT qui joue à fond la carte de "l'entreprise libérée"

Zenika : un cabinet IT qui joue à fond la carte de "l'entreprise libérée" Ce cabinet français veut redescendre le centre de gravité des décisions. Un incubateur interne lui permet aussi d'accompagner ses salariés dans la création de leur start-up.

Zenika a résolument décidé de s'orienter vers le concept d'entreprise libérée. "Pour moi, cela consiste à redescendre le centre de gravité des décisions", souligne Carl Azoury, CEO et cofondateur de ce cabinet français en architecture IT comptant quelque 200 salariés. Les principaux avantages de cette démarche ? Permettre une réactivité plus grande dans la prise de décision. Les choix sont souvent plus pertinents car réalisés directement par les personnes compétentes. "C'est aussi un moyen de rendre le travail plus agréable", ajoute Carl Azoury. Mais pour le CEO de Zenika, ce paradigme organisationnel peut être mis en œuvre à deux conditions : les personnes prenant des décisions "doivent être compétentes" d'une part, et "des indicateurs de pilotage être mis à leur disposition" d'autre part.

Libérer l'esprit d'initiative

La machine est lancée. "En décembre, j'ai fait le tour de nos six agences pour recueillir les besoins en termes d'indicateurs", lâche Carl Azoury. En parallèle, Zenika a initié une réorganisation de son siège parisien, qui compte une centaine de salariés. Objectif : reproduire, sur Paris, le mode de fonctionnement de ses agences en région. "L'idée est de découper l'effectif du site en agences autonomes de 20 à 30 personnes, ces agences disposant chacune de leurs propres compétences en gestion RH, marketing, commerciale, en organisation de meetup...", explique le CEO. La logique est un peu la même : "conserver un esprit start-up, gage d'agilité, dans un secteur où tout évolue vite... et créer un environnement propice à l'esprit d'initiative et à la liberté".

Un incubateur interne avec une première start-up financée

Et ce n'est pas fini. Zenika a en effet voulu pousser le concept d'entreprise libérée encore plus loin, en allant jusqu'à lancer un incubateur interne en 2014. Il ouvre la possibilité aux salariés de proposer des projets de start-up. Pour l'heure, cinq y sont actuellement en cours de développement. Zenika leur offre une domiciliation, et leur met à disposition l'expertise de ses équipes. Sans oublier des stagiaires attitrés. "Je les accompagne moi-même. Je leur fais des recommandations. Je relis aussi leurs premiers contrats. Nous leur donnons également des contacts en matière de banque, d'expert-comptable, de financement", poursuit Carl Azoury. 

Un incubateur interne pour libérer l'esprit d'entreprendre

L'incubateur interne a accouché d'une première start-up : Containous. Créée par Emile Vauge, un expert DevOps de l'agence lyonnaise de Zenika, elle vient de réaliser un tour d'amorçage. Son offre ? Un reverse proxy open source, baptisé Traefik. Il est conçu pour faciliter le pilotage d'architecture de containers en microservices (grâce à un mode de configuration automatique à chaud). Il répond ainsi à une problématique informatique d'infrastructure. Mais l'incubateur de Zenika portera, aussi, des projets de start-up plus BtoC.

"Notre incubateur donne des moyens pour se réaliser chez nous" (Carl Azoury, Zenika)

"Deux jours après la publication du dépôt de Traefik sur GitHub, le projet comptait déjà 500 étoiles, et un gros VC américain me contactait pour en savoir plus", confie Emile Vauge. Un des principaux équipementiers réseau étudierait, déjà, la possibilité de recourir à Traefik pour bâtir l'un de ses produits.

Une app pour prendre la température de la société

"Notre incubateur donne à nos consultants des moyens pour se réaliser chez nous. L'idée est de leur donner envie de rester plutôt que d'aller voir ailleurs, ou devenir indépendant tout de suite", résume Carl Azoury.

Mais chez Zenika, l'entreprise libérée va aussi de pair avec liberté d'expression. Déployée en 2015, une app mobile permet aux salariés de communiquer leur humeur chaque mois. A partir de leurs réponses, un baromètre mensuel est publié, auquel tous ont accès. "Les manageurs, eux, peuvent consulter l'humeur de leur équipe. Si l'un de leurs collaborateurs est dans le rouge, ils ont 48h pour s'enquérir du problème. Ce dispositif facilite la communication, et nous permet de savoir rapidement s'il y a un mal-être en interne", explique Carl Azoury. Fort de ce retour d'expérience, Zenika envisage dès lors de développer une app équivalente pour ses clients. De la même manière, elle impliquera pour les commerciaux de contacter rapidement leur client en cas de remontée négative. "Cette extension semblait logique. La qualité de la relation client doit en effet être égale à la qualité de la relation collaborateur", estime Carl Azoury.

Zenika s'est hissé en 2015 à la 4e place du classement "Best Workplaces - France" des sociétés françaises où il fait bon travailler dans la catégorie moins de 500 salariés.

Une image qui illustre aussi la capacité de Zenika à se transformer, et à se positionner rapidement sur de nouveaux créneaux technologiques : Carl Azoury, CEO de Zenika, pose ici aux côtés de Solomon Hykes, le fondateur et directeur technique de Docker. La photo a été prise à l'occasion de la dernière DockerCon Europe, l'événement européen de Docker, qui se tenait à Barcelone en novembre 2015.   © JDN / Antoine Crochet-Damais