Front, un Slack universel créé par deux Français

Front, un Slack universel créé par deux Français Avec 79 millions de dollars levés au compteur, la start-up revendique 3 000 clients payants à travers le monde. Sa solution fédère plusieurs canaux : e-mail, Messenger, SMS, Twitter...

Fondée à Paris en 2013, Front commercialise une messagerie collaborative en mode SaaS. L'idée est astucieuse. Disponible en SaaS, mais aussi sous forme d'applications Android, iOS, macOS et Windows, la solution permet de fédérer plusieurs canaux de messagerie (e-mail, Messenger, SMS, Twitter...) et de les gérer en équipe pour en optimiser les temps de traitement. Il fallait y penser. Front a été lancé par deux Français : Mathilde Collin (PDG) et Laurent Perrin (directeur technique).

Le concept fait mouche aux Etats-Unis. Ce qui pousse les deux fondateurs à traverser l'Atlantique pour s'établir à San Francisco. Ils intègrent l'accélérateur californien Y Combinator en 2014. Deux ans plus tard, un tour de table de Series A est bouclé. Il est mené par Social Capital, ce qui n'est pas un hasard : ce fonds est l'un des tous premiers investisseurs de Slack, alors étoile montante du team messaging. L'opération est d'ailleurs également soutenue par Stewart Butterfield, le fondateur de Slack. "Depuis, Stewart est devenu un mentor. Il nous suit et nous donne des conseils régulièrement", confie Mathilde Collin. En janvier dernier, Front récidive avec une levée de Series B. A hauteur de 66 millions de dollars, elle est menée auprès des fonds Sequoia et DFJ Venture Capital. L'enveloppe porte à 79 millions de dollars les financements levés par la société depuis sa naissance.

3 000 clients dont LVMV et TF1

Front revendique désormais 3 000 clients payants dans 55 pays, contre 2 500 en janvier dernier. A la différence de Slack, son offre ne repose pas sur un modèle freemium. Pour utiliser Front, il faudra forcément payer. L'application n'a pas de version gratuite (elle propose néanmoins 14 jours d'essai gratuit). Son prix d'entrée (conditionné à un engagement d'un an) s'élève à 15 dollars par mois et par utilisateur. Il permet d'activer une chaîne collaborative unique et de disposer d'une intégration avec une brique tierce. Pour bénéficier de chaînes supplémentaires et de capacités d'intégration plus vastes, il faut se tourner vers des abonnements de 29 à 69 dollars par mois (voir la grille tarifaire).

"La majorité de nos clients sont des organisations de 50 à 1000 salariés"

Parmi ses références clients, Front affiche notamment Dropbox, HubSpot, Shopify ou encore Stripe. En France, plusieurs grands groupes ont recours à la solution. C'est le cas de LVMH et TF1. D'ailleurs, Front entend bien renforcer sa base de clients dans l'Hexagone. Terrain connu de ses fondateurs, c'est le premier pays hors Etats-Unis où la société a implanté un bureau. Hébergé sur Amazon Web Services, Front localise son logiciel au sein de régions du cloud américain situées aux Etats-Unis et en Europe.

Quels sont les principaux scénarios d'usage de Front ? "Notre offre est notamment utilisée pour orchestrer le support client, mais aussi les flux de candidatures et CV entrants, ou encore la correspondance des équipes commerciales", énumère Mathilde Collin. "La fonction de l'outil peut également être plus horizontale. LVMH, par exemple, a recours à Front pour répartir les demandes parvenant à son siège vers ses différentes filiales." Le profil type des clients de la start-up ? "La majorité sont des organisations de 50 à 1 000 salariés", répond Mathilde Collin.

Vers la gestion unifiée des calendriers

En aval, Front s'intègre au CRM de Salesforce. Un message reçu dans l'outil pourra ainsi faire automatiquement apparaître le profil de son émetteur enregistré dans Salesforce, pour peu qu'il existe. Et à l'inverse, Salesforce permettra de visualiser l'historique des échanges avec un client qui auront été orchestrés via Front. Pour gérer les messages liés aux activités de gestion de projet, l'environnement est équipé en parallèle de passerelles vers des logiciels de pilotage comme Asana, Trello ou GitHub.

Comptant à ce jour 75 salariés, Front compte passer à 120 d'ici la fin de l'année. Pour l'heure, la jeune pousse entend avant tout se concentrer sur le développement produit. En termes de feuille de route, "nous anticipons la sortie d'une nouvelle version d'ici septembre prochain avec notamment des fonctions plus avancées de reporting et d'analytics", confie Mathilde Collin. Autre piste de R&D évoquée : l'intelligence artificielle. "Nous sommes déjà capables de router un message en fonction de la langue ou du contenu, mais en termes d'IA nous en sommes au tout début et notre marge de progression est importante", reconnait la CEO de Front. Pour la suite, la start-up compte enrichir son offre d'une nouvelle dimension : le calendrier. Dans le sillage de la messagerie, "l'idée sera de proposer un environnement collaboratif de gestion unifiée des calendriers".