Les mainframes se tournent vers les technologies "open"

Les mainframes se tournent vers les technologies "open" Cloud computing, virtualisation, systèmes mainframe, mais aussi conséquences de la crise, croissance de la Business Intelligence et affaire Satyam ; le directeur du conseil en technologies de Unisys répond aux internautes.

Vous pratiquez le conseil... et vous vendez des serveurs. Pourquoi ce grand écart ?

Sourire...j'aurais tendance à dire qu'au contraire, les activités sont plutôt complémentaires. En effet, cette couverture nous permet d'avoir une vision d'ensemble des technologies impliquées dans l'élaboration des infrastructures informatiques, et à ce titre permet à mes équipes de proposer des solutions de bout en bout opérationnelles...et de s'engager sur la qualité des résultats.

Quelles sont vos différentes activités ?

Unisys, en 2009, comprend une unité qui conçoit des solutions d'infrastructure dite "temps réel" (comprenant des composants du marché et/ou les nôtres), qui ont vocation à servir des applications à criticité élevée ; une unité concevant des solutions applicatives hautement critique (finance, trafic aérien, sécurité des flux, institutions, énergie, ...) et une unité qui peut opérer les Systèmes d'information de nos clients.

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"Le cloud computing est perçu comme devenant une réalité technologie." © Nawal Narbesla / Journal du Net

Mes équipes ont vocation à accompagner nos clients dans l'évolution de leur infrastructure vers ce modèle d'infrastructure "temps réel".

Vous avez une offre infrastructure temps réel. De quoi s'agit-il ?

C'est d'abord une vision de l'évolution des technologies du système d'information vers la mise à disposition de services (puissance de traitement, capacité de stockage, bande passante, ...) en synchronisation avec les exigences des flux d'information. Nous avons défini des stades de maturité (correspondant au modèle RTI du Gartner Group), permettant de qualifier un SI de "basique", "standard", "consolidé", "virtualisé", "orienté service" et "temps réel". Notre offre propose des solutions permettant de passer d'un stade à l'autre.

On parle beaucoup du cloud computing. Mais est-ce une technologie qui prend concrètement chez vos clients ?

Sourire. Elle soulève énormément d'intérêt, en particulier en ce moment. Au delà du "buzz" actuel, marketing et communicant et impliquant des acteurs phares du marché, le cloud computing est perçu comme devenant une réalité technologie (il est possible aujourd'hui de bâtir une solution cloud "interne", "externe" ou "hybride" pour certains besoins) et une alternative à l'organisation financière "classique" des DSI.

Les projets BI semblent a l'honneur cette année, que pensez vous de l'orientation End user qui semble se dessiner (Microsoft Gemini, Cognos, Symtrax Starquery, Report one,...)

Deux champs de réponses possibles : en premier lieu, fondamentalement le Business Intelligence est orienté vers l'intelligence de l'utilisateur final. Il n'y a donc pas tellement de surprise à voir ce dernier, qui plus est donneur d'ordre dans son organisation par définition, placé au centre des projets

En second lieu, les composants fondamentaux d'un point de vue architecture permettant de constituer des sources de données exploitables (de plus en plus temps réelle et permettant de PILOTER l'activité et non plus seulement de l'analyser) restent nécessaires.

Aussi un projet BI réussi en 2009 ressemblera probablement beaucoup à un projet BI réussi antérieurement, avec toutefois une implication plus en amont des utilisateurs finaux.

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"Tous les clients sont concernés et impactés, d'une manière plus ou moins directe, par la crise." © Nawal Narbesla / Journal du Net

A titre d'illustration, un client européen de la distribution a fait évoluer sur demande des utilisateurs finaux son système BI en système pilotage. Il a vite rencontré un problème de "concurrence" entre les données permettant de piloter la production et ces données de décision lui permettant d'organiser ces commandes. Il a fallut redesigner la chaîne BI pour cadrer avec les exigences de performances et de continuité de service, de l'extracteur au datawarehouse, et concevoir les outils de pilotage adaptés.

Certains de vos clients sont-ils touchés par la crise et diminuent ils leur budgets IT ? Dans quels secteurs d'activité sont ils ?

Comment répondre ? Tous les clients sont concernés et impactés, d'une manière plus ou moins directe, par la crise. L'impact peut être financier, effectivement, et nécessitant de revisiter le portefeuille de projet à la baisse... Il peut être réglementaire, et à contrario va nécessiter des investissements exceptionnels... Ou nécessiter une accélération de projets de transformation afin d'optimiser d'autres budget, tel que celui de la consommation d'énergie des datacenters, les locaux informatiques, les licences ou le matériel.

Seriez-vous tenté par le rachat de Satyam ? (En toute franchise).

En toute franchise, nous avons toujours un intérêt pour les acteurs innovants du marché. Maintenant, une opération de ce genre dans l'environnement actuel...et compte tenu des tendances et des difficultés de l'offshore indien, nécessite de se reposer la question du "right" shoring.

Que penser des SSII indiennes ? Le scandale Satyam va-t-il impacter selon vous la perception des clients de l'offshore ?

Les SSII indiennes sont "victimes" du succès de leur modèle et des effets "secondaires". Dès lors que l'activité confiée à une plateforme "offshore" conserve une forte valeur ajoutée, qu'elle participe à la formation des membres des équipes locales et donc à la valorisation de leurs compétences, elle va induire des "surcoûts" pour garantir sa stabilité (limitation du turn over, capitalisation des savoirs, ...) pour un client, aujourd'hui, le problème consiste avant tout à trouver un équilibre entre "le prix", "la qualité", "le temps de réalisation" et "le risque associé".

Quels sont vos liens avec le monde de l'open source ?

Nous sommes historiquement un contributeur au monde "open", en particulier à toutes les technologies ayant permis de faire monter en robustesse les OS linux, les bases de données et les composants de virtualisation tels que Xen.

Quels sont les principaux bénéfices recherchés par vos clients en terme de virtualisation ?

Si j'écris "économies", ça surprend quelqu'un ? Une fois passé le cap de l'argument financier (mis en avant essentiellement par les éditeurs qui induisent de fait ce réflexe), on trouve flexibilité, évolutivité et continuité de service.

On entend beaucoup parler d'Accenture, Capgemini, IBM Global Services mais moins d'Unisys. Pourriez-vous me rassurer sur votre santé financière ?

Merci de vous inquiéter. Nous avons annoncé depuis maintenant plusieurs trimestres consécutifs une génération de cash, ce qui nous permet de finir l'année 2008 avec une trésorerie de 500 millions de dollars. Nous avons par ailleurs identifié des gisements d'amélioration à hauteur de 225 millions pour cette année, ce qui devrait nous permettre de traverser la crise sans trop de heurts.

Paradoxalement, ayant une présence sur le marché plus concentrée sur des solutions spécifiques que les acteurs sus mentionnés, nous avons un degré d'exposition moindre aux fluctuations du marché.

On assiste à un retour en grâce des systèmes mainframe. Pourquoi une telle demande ?

Quelles sont les caractéristiques qui font que le mainframe est apprécié ? Robuste, prévisible, capable d'opérer des applications critiques et ayant démontré sur des années cette fiabilité. Les mainframes en 2009, de plus, ont réduit leurs coûts et intègrent des capacités d'ouverture vers des technologies "open", notamment Windows et Linux. Quand on y adjoint leur orientation en tant que plateforme matériel vers la virtualisation, il semble paradoxalement cohérent de considérer cette technologie dans un SI moderne.