Frédéric Cetlin (Devoteam) "La virtualisation facilite les chantiers de migration vers Windows 7"

Du serveur au poste de travail en passant par le stockage et les applications, la virtualisation touche toute les strates du système d'information. A chaque chantier, ses motivations.

JDN Solutions. L'infrastructure serveur a été historiquement le premier domaine du système d'information à faire l'objet de démarche de virtualisation. Où en sont ces chantiers aujourd'hui ?

Frédéric Cetlin. La virtualisation a commencé par le réseau, dans l'otique de simplifier l'accès au système d'information et optimiser la manière dont on gère cette couche. Ce mouvement a ensuite gagné les serveurs. L'objectif était au départ de consolider et rationaliser cette infrastructure. S'en est suivi un empilement des environnements applicatifs sur des infrastructures matérielles de bonnes capacités.

Depuis, les technologies de virtualisation de serveur se sont banalisées. Des solutions se sont imposées comme des standards. Aujourd'hui, les DSI s'interrogent donc moins sur la capacité des environnements serveurs à supporter la virtualisation, que sur la manière de mettre en œuvre une stratégie globale de gestion de cette infrastructure virtuelle. Avec en ligne de mire la volonté d'être plus agile et plus efficace pour mieux tirer partie de la virtualisation.


La virtualisation de serveur a engendré une complexification des environnements logiciels qu'il est donc nécessaire de gérer plus efficacement...

Oui. Le déploiement de serveurs virtuels a été géré de la même façon que celui des serveurs physiques auparavant. Serveurs d'applications, bases de données... Les couches logicielles se sont empilées sans forcément faire l'objet de démarche de standardisation. Et comme la virtualisation permet de déployer plus vite, les infrastructures logicielles et les environnements applicatifs hétérogènes se sont multipliés, et le système d'information s'est en effet complexifié.
 

"L'enjeu est aujourd'hui de se doter de services de provisioning industrialisés"

Les projets de Cloud privé ont contribué à structurer la réflexion. L'idée étant de fournir rapidement des services d'infrastructure en fonction des besoins. Et ce de façon agile, industrialisée et sécurisée, avec une volonté d'orchestrer et automatiser ces services par le biais d'un portail de provisionning de ressources en libre accès pour les chefs de projet. Le Cloud définit ainsi la virtualisation comme un point clé de l'agilité de l'entreprise.

Or, dans cette optique, il est nécessaire de standardiser les couches applicatives, tout comme le processus de virtualisation. Ce besoin a contribué à faire passer la virtualisation d'un sujet technique à une problématique plus proche des métiers, rejoignant des préoccupations en termes de contrat et niveau de service, de bésoins d'environnements logiciels et d'applications...


Est-il aujourd'hui réaliste de se lancer dans une démarche de standardisation de l'ensemble de cette pile logicielle, du serveur d'applications aux technologies de virtualisation serveur ?

Pour faire face à l'hétérogénéité des environnements logiciels, nous recommandons à nos clients de travailler sur la standardisation des couches logicielles : serveurs d'applications, bases de données... Au niveau des solutions de virtualisation du serveur, le choix dépendra en revanche des systèmes existants. Les technologies de virtualisation restent en effet cloisonnées entre les serveurs de type x86 [ndlr avec un acteur comme VMWare], et le domaine des UNIX [ndlr avec des fournisseurs comme IBM, Oracle ou HP]. Mais, il n'en reste pas moins qu'un portail de provisioning pourra s'interfacer avec ces deux grandes catégories de technologie de virtualisation, notamment dans le cas où une DSI doit déployer l'une et l'autre.


La motivation des DSI est-elle la même dans le domaine de la virtualisation du stockage ?

Contrairement à l'univers des serveurs, les DSI ont longtemps cherché quels bénéfices elles pourrait tirer de la virtualisation en matière de stockage. Les grands groupes avaient en effet le plus souvent déjà réalisé des choix pour standardiser leurs systèmes de stockage SAN, voire NAS. S'affranchir des systèmes de stockage par le biais de la virtualisation n'était par conséquent pas une priorité pour eux. Sans compter que même si des solutions existent [ndlr comme Datacore], il n'en demeure pas moins compliqué de faire cohabiter des systèmes de stockage de constructeurs différents, comme ceux d'IBM et d'EMC par exemple.

"Les démarches de virtualisation complète de postes de travail sont plus rares"

On a vu beaucoup de projets s'arrêter à la phase d'analyse ou de prototypage. Reste que les clients sont intéressés par l'agilité apportée par la virtualisation du stockage sur le plan du provisioning des espaces de données. Ils ont donc recours aux dispositifs de virtualisation proposés par les constructeurs de systèmes de stockage, et qui se limitent aux technologies de chacun d'eux.

Venons-en à la virtualisation du postes de travail, dont on commence à observer les premiers retours d'expérience. Quels sont les pratiques des grandes entreprises sur ce terrain ? Les projets décollent-ils en 2011 ?

La virtualisation des postes de travail est un domaine très étendu. On en distingue deux grands types : la virtualisation d'applications d'une part, la virtualisation complète du poste en VDI d'autre part. La première se développe beaucoup dans le cadre d'évolutions de la souche du poste de travail. C'est notamment le cas dans le cadre des migrations actuelles vers Windows 7 pour gérer des incompatibilités d'application. Les applications qui ne tournent pas sous Windows 7 sont placées dans une machine virtuelle pour être portée sous l'OS. C'est du pain béni pour Citrix qui se positionne depuis longtemps sur ce terrain.

Les démarches de virtualisation complète de postes de travail sont plus rares, du fait des coûts qu'implique un tel chantier en matière d'infrastructure serveur à mettre en place. Ces architectures sont effet très gourmandes en matière de stockage. Nous mettons en œuvre ce type de projet dans des cas assez particuliers, pour faciliter le provisionnement de postes sur des implantations délocalisées, par exemple des centres d'externalisation et de TMA basés à l'international.

Frédéric Cetlin est directeur technique et des opérations au sein de la Business Unit Infrastructure Management and Technology de la SSII Devoteam.