Gaia-X, l'Airbus du cloud, dévoile sa feuille de route 2021

Gaia-X, l'Airbus du cloud, dévoile sa feuille de route 2021 Embarquant plusieurs milliers de personnes, le consortium entend arrêter les spécifications de son architecture technique en mars, puis aboutir à une version alpha de ses services cloud en septembre.

Le vendredi 22 janvier 2020 s'est tenue la première plénière du French Gaia-X Hub (en visioconférence). Porté par le Cigref, le pôle de compétitivité Systematic, l'Académie des technologies et la Direction générale des Entreprises, il a pour ambition de coordonner l'effort français au sein du consortium Gaia-X. Une organisation qui, rappelons-le, vise à aboutir à un écosystème européen d'offres cloud intégrées, permettant à la fois le portage d'applications et le partage de données d'un fournisseur à l'autre. Cette présentation a été l'occasion de préciser la feuille de route de Gaia-X pour 2021 (voir capture ci-dessous). 

Pour concrétiser sa stratégie, Gaia-X veut aboutir à un méta-cloud référençant les offres par types de service, géographies, certification... L'idée étant de guider l'utilisateur dans ses choix. Ce méta-cloud sera basé sur une infrastructure d'une dizaine de services à base d'open source : gestion fédérée du catalogue de solutions, gestion de l'identification des applications et des fournisseurs, gestion des accréditations, monitoring, gestion de la souveraineté des données, gestion de la compliance... Autre chantier de Gaia-X : promouvoir des espaces de données sectoriels (data spaces), basés sur une architecture et une sémantique de data fédérées, permettant de favoriser le partage d'informations et les synergies entre domaines d'activité.

Partant de là, la feuille de route de Gaia-X se précise. Le consortium compte aboutir à une première version de son architecture technique en mars, notamment sur le terrain de la standardisation des data spaces. "C'est aussi en mars que la Commission européenne lancera un premier appel d'offres sur la mutualisation des données en France", indique Hubert Tardieu, PDG par intérim de Gaia-X. L'objectif est évidemment de faire en sorte que certains des membres de l'organisation y répondent. Quant aux spécifications des services conçus pour devenir le socle du futur méta-cloud, elles seront finalisées en mai. 

Les hyperscalers US interdits au CA

Créée en septembre 2020 sous la forme d'une association internationale sans but lucratif (AISBL), Gaia-X tiendra sa première assemblée générale le 7 juin prochain. "Il a été décidé que les sociétés membres n'ayant pas leur siège en Europe ne feront pas partie du conseil d'administration", précise Hubert Tardieu. Mais comment ne pas intégrer les providers américains et asiatiques si la finalité est bien de faire du cloud un écosystème standardisé, évitant le vendor lock-in et favorisant la libre concurrence et les synergies ? "Il fallait donc convaincre les hyperscalers de rester", résume Hubert Tardieu. Pari tenu. Alibaba Cloud, AWS, Google et Microsoft sont à ce jour tous membres du consortium.

Gaia-X prévoit de présenter ses premiers prototypes à partir du mois de septembre prochain. En ligne de mire : aboutir début 2021 à une première place de marché de services cloud.

En France, des projets de data space issus de plusieurs secteurs d'activité ont déjà rejoint Gaia-X, chacun porté par un ou plusieurs acteurs. C'est le cas dans la finance et l'assurance (avec la Caisse des dépôts et consignation), dans l'énergie (EDF), dans la mobilité (Amadeus et Air France KLM), dans le spatial et les données satellitaires (Dassault Systèmes, EBRC), dans l'aérospatial (Airbus, Thales Alenia Space), dans le green (Engie), dans l'agriculture (Association générale des producteurs de blé) ou encore dans la santé via le Health Data Hub. 

Une structure de gouvernance

Gaia-X regroupe 22 membres fondateurs originaires, à parts égales, de France et d'Allemagne. Les principaux acteurs du cloud français sont autour de la table : OVHCloud, Orange, Scaleway et 3DS Outscale (filiale de Dassault Systèmes). A leurs côtés, on retrouve d'autres groupes hexagonaux tels l'ESN Atos ou l'industriel Safran. Outre-Rhin, Deutsche Telekom, SAP ou encore Siemens ont répondu présents. Après la France et l'Allemagne, d'autres pays européens ont rejoint le mouvement et mis en place des hubs Gaia-X nationaux, dont la Belgique, la Finlande, l'Italie ou les Pays-Bas. "L'objectif est de parvenir à la création d'un hub par pays de l'Union européenne d'ici la fin de l'année", précise Hubert Tardieu. 

En attendant, Gaia-X commence à structurer sa gouvernance. L'association s'est dotée de comités de pilotage avec une série de groupes de travail. L'enjeu : coordonner la collaboration de plusieurs milliers de professionnels issus des organisations membres : providers, entreprises utilisatrices, associations professionnelles, fondations open source, instituts de recherche… Le consortium entend se donner les moyens de ses ambitions. "Le taux de pénétration du cloud est de quelque 25% en Europe. Notre défi est de doubler ce chiffre d'ici 4 à 5 ans", souligne Hubert Tardieu.