CCI France sous l'emprise des GAFAM ?

Polémique ? Les acteurs français de la souveraineté numérique observent les actions de lobbying des GAFAM et rencontrent CCI France afin de défendre les intérêts des acteurs du numérique en France.

La souveraineté numérique en question ?

Depuis deux ans, le collectif « PlayFrance.Digital », le blog « Effysin-SDS » œuvrent pour la souveraineté numérique en France et en Europe.

Le terme « souveraineté » est désormais inscrit dans l’intitulé du « Ministère de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique » et la conférence « Construire la Souveraineté Numérique de l’Europe » tenue en Février 2022 fixe le cap Européen.

La souveraineté numérique est un des leviers du développement économique des territoires et régions. Nos technologies, nos entreprises, nos emplois, l’indépendance de nos données, la maîtrise de notre avenir se résument ici. La souveraineté numérique est d’intérêt général.

Dans ce contexte les acteurs français du numérique ont adressé le fin Novembre 2022 une lettre ouverte à CCI France, préparant une rencontre prochaine.

Des GAFAMS tissent leur toile dans les CCI ?

Dans toute la France, des CCI diffusent une formation aux « Ateliers Numériques Google ». Une initiative hors norme par son ampleur nationale et sa remarquable gratuité. Son initiateur, Benoit Tabaka, lobbyiste en Chef de Google France, signe un coup magistral.  Directeur des relations institutionnelles et politiques publiques de Google France, Benoit Tabaka semble promouvoir Google grâce au réseau CCI.

Pour y voir clair, comprendre l’enjeu et les retombées de l’accord, nous avons étudié le 30/11/2022, à l’aide du moteur de recherche Google, les mots clés présents sur les pages du site CCI.FR. Sans grande surprise Google y est représenté à 41%

Notre étude, révèle plus de 100.000 pages faisant la promotion de Google et ses solutions. 3.250 « Ateliers Numériques Google », 6.950 « Google My Business », 68.900 « Youtube », un véritable plan média.

L’étude reflète la prédominance de Google et Facebook avec 76% des pages recherchées au sein des sites CCI.FR, une proportion singulière.

Paradoxalement Microsoft reste discret (3%) même si l’on y ajoute le terme « bureautique » (2%). Plus étonnant, le terme « antivirus » apparait 220 fois, c’est bien peu pour sensibiliser les PME aux « bonnes pratiques du numérique » et les aider à se protéger.


Les CCI et le numérique, quelles ressources ?

Etablissements publics, les CCI perçoivent les taxes payées par les entreprises françaises, 375 millions d’€uros en 2022. Leur mission d’intérêt général : contribuer au développement économique, à l’attractivité des territoires, au soutien des entreprises et associations.

Les CCI, deuxième formateur après l’état à travers le réseau d’écoles qu’elles financent, sont des acteurs stratégiques de l’apprentissage, et de la formation supérieure.

Rappelons en parallèle la décision récente de l’Education Nationale déclarant Office 365 et Google Workspace ni conformes au RGPD, ni à la doctrine « Cloud au Centre » de l’état, ni à l’arrêt Schrems 2 de la Cour de Justice Européenne.

Dès lors, la prédominance de promotion GAFAM au sein des CCI est très anachronique... La sensibilisation des PME au numérique ne saurait être le motif d’une promotion systémique de GAFAM sans représenter une distorsion remarquable.

Enfin le financement de l’opération de formation gratuite « Ateliers Numériques Google » se devrait d’être éclairée, précisant que la plupart des formations CCI sont payantes…

Le choix de notre dépendance

Autre point, sur lequel nous ne possédons pas d’information. Les services assurés par les CCI à la demande de l’Etat pour la collecte et le traitement de données sur les entreprises. Chez quels opérateurs Cloud ? Question à mille dollars ou à mille euros ?

La réponse du député Philippe Latombe, défenseur de la Souveraineté Numérique, souvent interviewé dans le Blog de la souveraineté numérique (Effysin-SDS) est magistrale : « La souveraineté numérique française, c’est la capacité à choisir nos dépendances ».

Il précise qu’il y a désormais « une prise de conscience technologique assez forte de l’État et des administrations » et tempère en observant « L’État fonctionne en silos, il n’y a pas de vision transversale. On n’a pas de Ministère du Numérique qui impulse une vision globale »

Une chose est enfin certaine : la souveraineté numérique n’est plus un débat d’idée.

C’est devenu un débat économique de premier plan. L’Europe et les américains y ferraillent dur, tantôt sur le Cloud et les données, tantôt sur les taxes et subventions… Les sociétés françaises du numérique participent elles aussi, faisant bientôt rencontre de CCI France.

Sources :