Cloud : comment Microsoft est en train de rattraper AWS

Cloud : comment Microsoft est en train de rattraper AWS C'est une véritable lame de fond. Le cloud de Redmond n'a cessé de gagner des contrats tout au long de l'année face au leader et pourrait le rattraper dans les années qui viennent.

Tout a commencé par un tour de passe-passe. Fin 2017, Amazon Web Services (AWS) totalise 32% de part de marché dans le cloud d'infrastructure (IaaS), contre respectivement 14% pour Microsoft et 8% pour Google, selon le cabinet d'étude Canalys. Prime au leader, le cloud de Seattle affiche une croissance de 45% d'une année sur l'autre. Mais en coulisses, Microsoft avance ses pions. Dans les années 2010, le groupe avait pris l'habitude de glisser l'offre Azure dans ses contrats portant sur Office 365 signés avec ses grands clients. Résultat : dès 2013, son activité cloud dépasse le milliard de dollars. Des revenus qui lui permettent de multiplier ses efforts en R&D. Résultat, fin 2017, Azure affiche une croissance insolente de 98%, contre 86% pour Google Cloud qui, lui, mise alors sur l'IA.

De 16 milliards de dollars au quatrième trimestre 2017, le marché du IaaS est passé à 66 milliards au quatrième trimestre 2022. Comparé à l'année précédente, la progression se limite néanmoins à 23%, toujours selon Canalys, là où elle s'élevait à 34% au quatrième trimestre 2021... Un revers sévère. "La hausse des coûts du cloud public, alimentée par l'inflation, oblige les entreprises à optimiser les dépenses après des investissements IT constants durant les trois dernières années", commente Alex Smith, analyste sénior chez Canalys. "Les incertitudes macroéconomiques se traduisent par une approche plus prudente des budgets. En 2022, les dépenses sur le IaaS progressent tout de même de 29%, à 241 milliards de dollars.

"Microsoft place de gros espoir sur l'IA suite au partenariat signé avec OpenAI, faisant de lui le fournisseur de cloud exclusif de ChatGPT."

"Malgré l'environnement difficile, le marché mondial du cloud public a augmenté de 47 milliards de dollars en 2022 par rapport à l'année précédente, égalant presque la croissance de 49 milliards de dollars réalisée en 2021", relativise de son côté Synergy Research. "Au fur et à mesure de l'amélioration économique et de la stabilisation du marché des changes, nous tablons sur le maintien d'une croissance forte sur ce terrain dans les années à venir."

Vers un croisement des courbes

Au quatrième trimestre 2022, la part de marché d'AWS se hisse à 32%, pour une croissance de l'activité de 20% sur un an. Cette dernière est la plus faible jamais enregistrée par le cloud d'Amazon, d'après Canalys. De son côté, Microsoft Azure enregistre sur la période une croissance de 31%. Ce qui lui permet de revendiquer désormais 23% de parts du gâteau. "Azure continue de dominer l'IT hybride avec Azure Arc. Une offre qui compte plus de 12 000 clients, soit le double d'il y a un an", commente-t-on chez Canalys. "Microsoft place également de gros espoir sur l'IA, notamment suite au partenariat signé avec OpenAI, faisant de lui le fournisseur de cloud exclusif de ChatGPT."

A l'instar de Google Cloud, Microsoft glane également de nombreux clients sur le segment de l'e-commerce, les acteurs de ce secteur ne souhaitant pas adosser leur application à un cloud opéré par leur principal concurrent (et on les comprend). Plus globalement, le cloud de Redmond n'a cessé de gagner des contrats tout au long de l'année face à AWS, et ce sur de très nombreux projets tactiques. Ce que confirment les contacts que le JDN a pu avoir avec de nombreuses grandes entreprises françaises ces derniers mois.

© JDN Capture

Il y a fort à parier que le marché du cloud public puisse se retourner assez vite en faveur de Microsoft. Les derniers chiffres publiés par Synergy Research (d'ailleurs très proches de ceux de Canalys) tendent à démontrer que les courbes pourraient se croiser d'ici trois à quatre ans. Cf. le graphique ci-dessus. Dernier constat : cette guerre des clouds aura principalement bénéficié aux trois leaders qui contrôlent désormais 73% du marché, d'après Synergy.