La supply chain : vers un rôle plus stratégique et plus durable

Chaque rouage de la chaine logistique, chaque application informatique qui la compose a pris une dimension hautement sensible et doit être considéré comme un outil stratégique de la supply chain.

La supply chain, révélateur de crises

Il y a deux ans déjà, lorsque la Chine a brutalement stoppé son économie pour cause de confinement, nous avions constaté avec surprise l’ampleur de notre dépendance en matières premières et produits manufacturés. A présent, c’est au tour de la reprise économique de mettre sous tension les chaines logistiques. Les pénuries de matières premières et de composants électroniques ralentissent depuis déjà des mois les chaines de fabrication. Selon l’OCDE, approximativement 70% des échanges internationaux actuels reposent sur des chaînes de valeurs mondiales (CVM) c’est-à-dire, des flux de services, de matières premières et de pièces détachées qui traversent les frontières, souvent à de nombreuses reprises, avant qu’un produit final soit expédié en bout de chaîne. Les usines peinent à satisfaire la demande et les transporteurs maritimes eux-mêmes sont limités par le nombre de conteneurs disponibles pour acheminer matières et produits transformés d’Asie et d’ailleurs. La crise sanitaire, par sa soudaineté et sa globalité, a révélé cruellement la complexité de nos chaines d’approvisionnement. Les points de friction sont pourtant fréquents. Il suffit de se rappeler du blocage du canal de Suez en mars 2021 par le porte-conteneurs Ever Given. Crises politiques, conflits internationaux, catastrophes climatiques, actes terroristes, embargo... Les risques de perturbations et d’engorgements ne manquent pas. Chaque rouage de la chaine logistique, chaque application informatique qui la compose a pris une dimension hautement sensible et doit être considéré comme un outil stratégique à part entière.

De la recherche de l’autonomie à la responsabilité environnementale

La tentation est grande d’appeler à l’autosuffisance, en particulier pour des produits jugés stratégiques, mais c’est aussi une illusion que d’imaginer supprimer toute forme de dépendance. Chaque pays essaye d’en limiter les effets en exploitant au mieux ses ressources naturelles, en s’appuyant sur ses savoirs faires, ou en recourant aux nouvelles technologies. Or, dans le numérique aussi, se créent de nouvelles dépendances, le développement technologique lui-même reposant sur l’usage de terres rares et d’énergies renouvelables. L’industrie high tech japonaise en a fait la dure expérience en 2010 lorsque la chine a suspendu ses exportations de terres rares en représailles à la détention d'un capitaine de chalutier chinois par le Japon. Plutôt que d’opter pour le repli, il convient plutôt de réfléchir aux moyens d’adapter la supply chain, c’est-à-dire les méthodes d’approvisionnement, aux différents types de crises pour que nos économies soient en phase avec les enjeux de nos sociétés modernes. Le réchauffement climatique en est la parfaite illustration. La chaine logistique est un émetteur de CO2, responsable de changements climatiques qui affectent des récoltes ou désorganisent des productions. La supply chain peut et doit devenir un véritable outil de pilotage pour l’entreprise qui entend gérer au mieux les tensions et prendre en considération les contraintes légales, éthiques mais aussi de développement durable lors du choix de ses fournisseurs.

L’agilité des applications de supply chain en question

L’activité de supply chain doit absolument gagner en agilité pour être efficace en temps de crise. Comme défini à l’Agenda 2030 de l’ONU (ODD), les entreprises, pour basculer rapidement vers des fournisseurs « alternatifs », baisser leurs émissions de CO2 et être en accord avec leurs engagements en matière de développement durable, vont devoir améliorer la connaissance de leurs fournisseurs et de leurs méthodes de production. Cela passera notamment par le recours à des données massives et à l’intelligence artificielle. La modernisation des logiciels d’approvisionnement va accélérer les processus de transformation, et faciliter l’interconnexion des systèmes informatiques. L’intégration des API associé à l’automatisation et l’apprentissage machine permettent déjà la connaissance fine et rapide des termes et conditions définis dans les nouveaux contrats, l’accélération d’échanges d’informations sous formats électroniques et la collecte automatisée de données sur les produits et leurs nomenclatures. Ces données sont essentielles pour assurer le remplacement d’un produit par un autre aux caractéristiques différentes. Le constructeur Tesla a par exemple choisi d’utiliser de nouvelles puces électroniques pour contourner la pénurie de composants. Il a pour cela réécrit une partie des logiciels équipant ses véhicules.

Les applications dédiées à la chaîne d’approvisionnement sont souvent imbriquées avec chacune leur propre complexité. Une gestion performante des API (Interfaces de programmation des applications) associée à l’utilisation du développement dit low code ou no code offrent l’avantage d’éviter de nouveaux développements logiciels complexes en les remplaçant par de simples et rapides paramétrages.

Demain, les chaines logistiques seront d’autant plus performantes qu’elles seront en mesure d’intégrer davantage de sources de données en temps réel. De nombreux chainons logistiques sont déjà connectés par l’intermédiaire de capteurs IoT (Internet des Objets). Cette mine d’informations, corrélée avec d’autres données contextuelles, promet de nouveaux progrès qui devraient accompagner la structuration de chaines logistiques plus agiles et plus durables.