Au-delà du CES, comment connecter les start-up aux grands groupes

Les grands groupes profitent de plus en plus du CES pour aller directement à la rencontre des start-up. Mais, au-delà de cet événement, ils cherchent d'autres voies vers l'open innovation, notamment pour des projets IoT.

Les objets connectés sont partout. Une lame de fond qui, en 2016, a tout submergé sur son passage. La tendance va encore s’amplifier cette année, comme vient de le démontrer la dernière édition du CES de Las Vegas, la grand-messe du développement technologique et industriel. Alors que les prédictions d’un parc mondial de 30 milliards d’objets connectés d’ici trois ans donnent le vertige, la France semble bien armée pour prendre sa part de ce marché prometteur : sur les 178 start-up françaises exposant dans l’Eureka Park, une grande majorité présentaient des projets IoT dans les domaines aussi variés que la santé, le sport, la domotique ou la foodtech.Leur objectif commun : convaincre des investisseurs et rencontrer des partenaires et distributeurs potentiels, français et internationaux. Car, du côté visiteurs aussi, le CES a largement dépassé les attentes. La délégation française s’est déplacée en nombre, depuis les candidats à l'élection présidentielle, députés et présidents de région jusqu’aux grands patrons. Soit pour les jeunes pousses l’occasion de rencontrer des interlocuteurs qu’ils auraient mis des mois à atteindre par les voies classiques.Les grands groupes profitent du CES pour aller directement à la rencontre des start-up, détecter les prochaines innovations et orienter leurs futurs investissements : un phénomène plutôt récent, comme le faisait remarquer Olivier Ezratty, qui publie chaque année un rapport sur l’événement. La démarche a l’avantage d’être directe et efficace, comme en témoignent les fondateurs de la start-up Wiidii : "On parle immédiatement des besoins des groupes qui viennent nous voir, ils sont ouverts et honnêtes. On parle directement du financement, des possibilités d’intégration de notre application".Car si à l’origine l’IoT était l’apanage des jeunes pousses, les grands groupes sont de plus en plus curieux des opportunités offertes par les objets connectés. Pour les entreprises, l’envie est forte de pénétrer un marché en pleine explosion : en 2016, selon IDC, les industriels ont consacré 178 milliards de dollars aux technologies et services liés à l'IoT. Et d’ici 2020, le marché des objets connectés devrait peser 1 290 milliards de dollars, entreprises et particuliers confondus, soit quatre fois plus qu’aujourd’hui. Par ailleurs, les objets connectés nécessitent de moins en moins d’investissements pour leur production tout en devenant plus faciles à fabriquer, car la disponibilité des composants standards est de plus en plus grande et leur assemblage de plus en plus aisé.
Grand groupe recherche innovation désespérément
Au-delà de la bonne idée technologique, les start-up  sont pragmatiques et rapides. Voilà aussi ce que viennent rechercher les grands groupes: une agilité qui leur fait trop souvent défaut. Le secteur industriel reste en effet majoritairement attaché à un modèle de R&D traditionnel, souvent perçu comme obsolète : lenteur des processus de décisions, prédilection à investir dans des activités et technologies déjà mûres, qu’elles connaissent bien… Or s’investir dans un projet IoT requiert de nouvelles habitudes de développement.

Certains l’ont déjà bien compris : les partenariats entre grands groupes et start-up se multiplient. Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à recourir à l’externalisation de leur R&D sur des projets pour lesquels elles ne disposent pas des compétences nécessaires en interne. Mais, au-delà de l’effervescence du CES, le recours à ces expertises spécifiques leur pose souvent un problème de sourcing… C’est pourquoi incubation et excubation sont des solutions qui ont le vent en poupe. Mais elles impliquent une approche de management et d’organisation complexe pour réussir à mixer les compétences. Aussi sont-elles nombreuses aujourd’hui à envisager une autre voie pour l’open innovation : le recours à une plateforme d’ingénierie collaborative, assurant la mise en relation avec une nouvelle génération d’experts. 

Ce type de plateformes permet aux entreprises de confier des projets de R&D à des équipes externes. Cette approche d’ingénierie collaborative est particulièrement adaptée au développement de projets IoT : la plateforme accompagne l’entreprise dans la spécification du besoin, la sélection des experts et le pilotage de projet. Sur Makake par exemple, près de 22% des projets gérés sont liés aux objets connectés. Ils concernent aussi bien les secteurs de la santé et de la domotique que ceux de l’énergie ou des machines connectées. 

En permettant la constitution d’équipes connectées, la plateforme d’ingénierie collaborative fonctionne comme un centre d’innovation virtuel. Sans nécessiter une intégration physique de compétences gourmandes en ressources, elle est sans doute l’une des solutions les plus pragmatiques pour le développement d’une industrie des objets connectés.