L'économie collaborative a un rôle à jouer pour l'économie de l'après-Covid

Pour beaucoup de Français et d'entrepreneurs, elle est la solution aux dérèglements de notre économie et pourrait avoir un impact positif sur les problématiques environnementales et sociétales.

La réalité est beaucoup plus simple : l’économie collaborative est une solution, compatible avec des centaines d’autres, fondée sur l’esprit d’innovation et la praticité des échanges. Elle permet de renforcer les liens de proximité et de remettre l’humain au cœur des échanges économiques.

L’économie collaborative est une réalité relativement nouvelle, et elle inspire des craintes en même temps que d’immenses espoirs. Il nous faut comprendre qu’elle n’est à ce titre pas seulement une disruption – un choc brutal – mais avant tout une transformation du rapport à l’usage. L’idée derrière l’économie collaborative n’est pas une disparition des normes de protection des salariés, mais celle d’un renforcement du rôle du consommateur.
 

D’où vient l’économie collaborative 

L’économie collaborative et les modèles alternatifs d’organisation des échanges économiques dans la société ne sont pas le produit d’une mode ou de stratégies nées par hasard. Ils sont la conséquence de transformations majeures de l’économie contemporaine et de la lente dégradation des conditions et du fonctionnement du modèle qui a dominé durant les Trente Glorieuses en France et, de manière générale dans les pays occidentaux après la Seconde Guerre Mondiale. 

Depuis déjà trois décennies, ce modèle s’affaiblit d’année en année, et chaque nouvelle génération semble en ressentir plus durement les effets. Le pouvoir d’achat est en baisse, alors même que l’inflation  reste limitée. Quant à la crise de la Covid19, avec son lot de conséquences économiques et donc la fragilisation de centaines de milliers d’emplois qu’elle va provoquer, elle va encore aggraver cette situation. Déjà, les inquiétudes sur le chômage et le pouvoir d’achat prennent une importance considérable, en parallèle des craintes sur la poursuite de la propagation du coronavirus. 

Une nouvelle dimension a toutefois pris de plus en plus de place ces dernières années : la prise de conscience environnementale. Celle-ci inspire à la réutilisation, pousse les consommateurs et les acteurs économiques à davantage de sobriété, à moins de transports polluants et de trajets inutiles. Et l’économie collaborative s’intègre parfaitement à ce nouvel univers en réduisant le nombre d’intermédiaires. 

L’économie collaborative transforme le modèle économique traditionnel et la consommation

Avec un primat donné à l’usage sur la propriété, l’économie collaborative fait évoluer le rapport du consommateur à sa consommation. Et cette transformation ne s’applique pas seulement à quelques secteurs, pendant qu’elle serait ignorée par d’autres, totalement protégés de cette évolution. 

Tous les pans de l’économie sont touchés. Même les rapports historiques entre générations ou au sein même de la famille en sont parfois bouleversés. La façon dont BlaBlaCar – qui se remet de la crise progressivement – a bouleversé le marché des transports et a su s’imposer comme un concurrent sérieux à la SNCF en est une preuve. Les grandes entreprises et opérateurs ne peuvent plus seulement voir les acteurs de l’économie collaborative comme de petits acteurs, mais de plus en plus comme des concurrents solides. 

Ce nouveau mode de rapport à l’argent, aux objets et services force les entreprises à se porter vers des produits plus qualitatifs (puisqu’un produit peu réutilisable car facilement usé sera moins attractif dans ce contexte), et fait évoluer la consommation dans le même sens, tout en assurant des revenus complémentaires aux consommateurs et utilisateurs. La frontière entre fournisseur de services et d’objets et utilisateurs se fait plus floue, et l’on peut être l’un et l’autre successivement en une seule journée en prêtant un taille-haie à son voisin, avant d’utiliser la voiture d’un autre pour réaliser un déménagement. Ces nouvelles tendances renforcent donc tout à la fois les liens de proximité, de solidarité, et participent surtout à l’émergence de nouveaux marchés.  

Les tensions sociales et politiques des dernières années sont la résultante de la transition économique que nous vivons. Elle entraîne une série de bouleversements dans nos comportements comme dans les situations financières des entreprises et des ménages. Rien n’est plus déstabilisant pour une société, dans une période de crise marquée par la fin d’un modèle alors que le nouveau n’est pas encore apparu au grand jour. Il nous faut donc accepter de nous engager vers de nouveaux modes d’action économique et de nouveaux échanges et de s’avancer aussi ensemble vers les immenses opportunités qu’ils nous offrent.