"Start-up nation", cinq ans après : Paris en étendard, le futur dans les régions

En 2017, le candidat Macron souhaitait faire de la France une "start-up nation" afin d'y faire éclore des géants de la tech. Après un premier mandat, quel bilan tirer et quelles perspectives à venir ?

C’était l’une des annonces marquantes du candidat Macron en 2017 : faire de la France la “nation des start-up” puis des licornes en l’espace de cinq ans, pour y faire naître les géants des services de demain. Après cinq premières années de magistrature, qu’en est-il alors que le président vient d’être réélu ?

Voici venue l’occasion de faire le bilan des cinq années passées et d’envisager celles qui se dessineront dès les prochaines semaines.

Une progression notable en France mais en demi-teinte à l’échelle européenne

Un premier coup d'œil pourrait nous laisser penser qu’Emmanuel Macron a déjà réussi son pari : l’écosystème numérique compte aujourd’hui 27 000 startups dans l’Hexagone contre 9 400 en 2016. Mieux, 2021 a été une année record pour la French Tech avec l’éclosion de 12 nouvelles licornes, portant le total à 26 (la France en comptait 5 en 2018).

En matière d’investissements, 11,6 milliards d’euros ont été levés l’an dernier par les jeunes pousses françaises. C’est quatre fois plus qu’en 2017. Ce montant record ne permet pourtant pas de se rapprocher des bons élèves de l’Union Européenne. Selon le cabinet EY, les startups britanniques ont levé, sur la même période, 32,4 milliards d’euros et leurs homologues allemandes plus de 16 milliards.

Pour se développer et s’internationaliser, nos jeunes pousses doivent être scalables. Pour y parvenir, elles doivent élargir leurs sources de financement.

Paris comme locomotive pour les investissements dans la “start-up nation” 

En 2021, 80 % des fonds levés dans l’Hexagone bénéficient à des start-ups localisées à Paris ou en Île-de-France (source : France Digitale et EY, baromètre du capital risque en France, 2021). Dans les régions, ces sommes sont plus modestes : l’Auvergne-Rhône-Alpes attire 5,8 % des investissements, la région Occitanie 4,6 %, etc.

Si cette centralisation existe aussi dans d’autres pays, elle est de moins en moins prégnante : Londres ne concentre plus que 65 % des sommes levées par les startups au Royaume-Uni et la Silicon Valley n’attire plus que 38 % des fonds, concurrencée par Austin, New-York ou Boston (source : London & Partners et Dealroom).

Station F ou le Numa font figure de porte-étendards pour l’innovation française et servent de tremplins aux startups. En 2021, ils ont permis à des jeunes pousses de se financer auprès de plusieurs centaines d’investisseurs français, anglais ou américains.

La place centrale occupée par l’écosystème startup parisien est une bonne chose. Elle sert de vitrine à l’international à la French Tech dans son ensemble, que les projets soient basés en Île-de-France ou dans les régions. 

Faire ruisseler les investissements dans les régions pour financer les transformations de demain

Les grandes innovations de demain naîtront de la proximité des entrepreneurs avec des problématiques sociétales émergentes rencontrées sur le terrain, qu’il soit urbain ou rural. Ainsi, la téléconsultation, largement répandue dans le secteur médical, s'est développée sur le terreau propice des déserts médicaux. Elle répondait d’ailleurs à un double besoin : celui des patients et des professionnels de santé.

L’implantation locale permet de créer des synergies et de valider des modèles avant de leur faire changer d’échelle. Pour y parvenir, les startups des régions ont, elles aussi, besoin d’un meilleur accès aux sources de financements afin de pouvoir se développer.

En à peine deux années, la crise sanitaire a bouleversé le rapport au travail. La qualité de vie et la quête de sens sont désormais au cœur des priorités des collaborateurs qui n’hésitent plus à quitter Paris pour une nouvelle vie dans les régions. Les entreprises qui s’y trouvent peuvent faire valoir nombre d’avantages pour recruter les talents : cadre de vie, équilibre vie privée/vie professionnelle, coût de la vie, etc.

Décentraliser l’économie française et faire ruisseler les investissements dans les régions favorisera la naissance de ces licornes régionales qui permettront de concurrencer nos voisins britanniques ou d’outre-Rhin.

En effet, si l’on considère que 85 % des métiers de 2030 n’existent pas encore, les régions et les startups ont une opportunité unique : créer de véritables gisements d’emplois dans les entreprises de demain, à la condition d’y réunir offres de formation et de reconversion, et sources d’investissements pour les financer.