Au Gitex de Dubaï, les start-up françaises rêvent d'Asie et de Moyen-Orient

Au Gitex de Dubaï, les start-up françaises rêvent d'Asie et de Moyen-Orient Avec une soixantaine d'entreprises, dont une quarantaine au sein d'un pavillon constitué pour l'occasion, la présence française au Gitex de Dubaï prend de l'ampleur et rêve de faire de l'ombre au CES de Las Vegas.

Dubaï et son Gitex pourraient-ils détrôner Las Vegas et le CES aux yeux des entreprises tech françaises ? C'est la conviction de Christian Pineau, dirigeant d'International Boost, désormais prestataire exclusif du salon arabe pour organiser un convoi français en lieu et place de Business France. "J'avais remarqué qu'il y avait des délégations de Pologne, de Grande-Bretagne, d'Italie et que nous n'y étions pas. L'année dernière était notre première en tant que prestataire, nous avions amené 40 entreprises contre cinq l'année précédente avec Business France et nous avons créé des liens très forts avec le Dubaï World Trade Centre, au point qu'ils nous ont donné l'exclusivité pendant cinq ans. Cette année, nous sommes 64 entreprises françaises, dont 41 sur le pavillon France."

Une présence financée par les régions et CCI

Un pavillon habillé des logos French Tech et Choose France, partenaires d'International Boost avec les régions Centre-Val-de-Loire, Bourgogne-Franche-Comté et Grand-Est. Pour financer le coût d'un stand au Gitex (4750 euros), les entreprises s'appuient sur leurs régions respectives pour une prise en charge de 50% du montant, le reste étant compensé par le chèque Relance Export. Néanmoins, la logistique reste à la charge des sociétés, un billet estimé à 2000 euros, rentabilisé par la visibilité qu'apporte l'événement, selon Christian Pineau. "Financièrement, il n'y a aucun risque au regard de l'opportunité que ça représente. Pour les entreprises qui découvrent les Emirats Arabes Unis, c'est une très grosse surprise de rencontrer ce monde des affaires très dynamique et positif."

Au premier jour de l'événement, le lundi 10 octobre, l'enthousiasme n'était pourtant pas partagé par tous les entrepreneurs, guère aidés par la signalisation désastreuse du Gitex et une foule encore erratique. A demi-mots, certaines d'entre elles confiaient leur déception. Au terme de la semaine, les mines étaient cette fois davantage réjouies et satisfaites, notamment grâce à la facilité d'accès aux décideurs locaux. "Les décideurs de très haut-niveau, que ce soit des collectivités, gouvernements ou de très grands groupes, sont très accessibles et curieux, reconnait Valérie Mottl, conseillère internationale Team France Export Grand Est, région la plus représentée au Gitex avec neuf compagnies. "Nos entreprises sont sollicitées par des C-Levels qui viennent s'entretenir avec elles, ce qui n'est pas forcément le cas au CES. En dehors du Gitex, ce serait impossible de rencontrer ce type d'interlocuteurs."

Un intérêt des acteurs locaux illustré par le passage du ministre local de l'Intelligence Artificielle et l'Economie Numérique, Omar Al Olama ou encore celui, plus discret, du fonds d'investissement de Siemens, Next47. Déjà récompensée par le prix Creative Innovation Challenge de Dubaï Culture, la startup francilienne Popmii a confirmé son aura croissante sur place avec sa sélection en finale du Supernova Challenge, un concours de pitch. D'autres, comme GreenTech Innovations (solutions vertes IoT) ou Umbra (solution cybersécurité pour les appareils mobiles) reconnaissaient la portée positive de ce salon.

Certaines comme Maxxing avaient déjà bien travaillé en amont pour concrétiser leur présence dans la région. Pour autant, même si Christian Pineau assure que ce sont les "dossiers les plus prometteurs pour le marché local" qui ont été choisies pour ce pavillon, toutes les entreprises ne semblent pas encore avoir la maturité suffisante pour s'implanter dans la région, notamment sans suivi ultérieur. Enfin, la double casquette de Christian Pineau, également à la tête de la société Maca, présente parmi le convoi et particulièrement mise en avant sur la brochure du pavillon, pose question.

Le pavillon français n'était de toute façon pas l'unique voie pour s'implanter au Gitex, certaines entreprises préférant plutôt intégrer les halls de leur secteur, comme Metav.rs, dont les solutions de création d'environnement immersif pour les entreprises furent saluées en bonne place au centre du hall Web3 sponsorisé par XVerse. "Cela nous a apporté beaucoup de visibilité sur un territoire où nous sommes jusqu'ici peu présents. C'était une très bonne semaine pour nous, a déclaré au JDN le cofondateur et dirigeant Clément Foucher, en regrettant toutefois "l'absence de corporates".

Dans le secteur de la cybersécurité, Yogosha a également fait bande à part en venant par ses propres moyens sur un territoire qu'il connait déjà bien. Hors micro, un membre de l'entreprise vantait au JDN un Gitex bien plus pertinent que le CES en termes d'interactions avec les décideurs et un accès facilité avec le public arabe, asiatique mais aussi indien. Un sentiment partagé par Geoffrey Costilhes, de Popmii. "Au CES, tu ne rencontres étrangement que des Français. Il y a moins de signatures de contrats tandis qu'au Gitex, j'ai confirmé plus d'une dizaine de rendez-vous pour la journée de vendredi", se réjouissait le dirigeant.

L'an prochain, la région Auvergne-Rhône-Alpes serait déjà prête à envoyer une vingtaine d'entreprises, selon International Boost, qui espère une mobilisation plus importante de la part des régions françaises autour de ce salon.