La saga Bitcoin, épisode 3 : le pas de côté
D'autres réseaux que les layers (lire l'épisode 2) interagissent avec la blockchain Bitcoin, sous forme de sidechains, ces blockchains indépendantes qui ont leurs propres règles de consensus mais communiquent périodiquement avec le réseau principal. Counterparty pourrait être considéré comme tel : protocole lancé en 2014, ce réseau offrait son jeton natif, le XCP, en échange de la destruction de Bitcoin. Un fonctionnement alors appelé "Proof-of-burn" ou "preuve de destruction". Avec ce jeton utilitaire, les usagers peuvent émettre des actifs, et c'est notamment de cette façon que les premiers NFT liés à la blockchain Bitcoin sont nés, comme les Rare Pepe ou Spell of Genesis. Comme Omni, Counterparty est bien moins utilisée qu'il n'y a encore cinq ans mais des transactions, certes éparses, sont toujours validées, comme on peut le voir sur l'explorateur XChain. De plus, l'apparition des NFT Ordinals sur Bitcoin a provoqué un coup de projecteur sur ce vieux protocole et une communauté de passionnés lance toujours activement des développements, comme l'extension de domaine décentralisé .xcp, de nouvelles collections NFT et même des mises à jour de wallets. Les historiens et collectionneurs sont par ailleurs toujours très friands des premiers NFT émis sur Counterparty : il y a un an, un Rare Pepe s'est encore vendu à 75 eth (à l'époque, environ 185 000 euros) et il n'est pas rare de voir des ventes à plusieurs milliers d'euros pour d'autres collections.
Des sidechains souvent peu appréciées des "Bitcoiners"
L'émission d'actifs et l'exécution de smart contracts est également l'objectif de Rootstock, sidechain lancée en 2017. Sa première promesse est de permettre le déploiement de smart contracts Turing-complet et compatibles avec les réseaux Ethereum. Sécurisée par les mineurs de bitcoin, la sidechain accueille certaines applications DeFi comme Sovryn, une plateforme de trading et de prêt décentralisée, ou Money on Chain, protocole de prêt, de trading avec effet de levier et de création de stablecoin. Dans un échange mail avec le JDN, son initiateur Sergio Lerner évoque une "base d'utilisateurs majoritairement située en Amérique Latine" mais une "croissance de l'usage partout dans le monde". D'après l'explorateur RSK, environ 70 millions de dollars de bitcoin sont actuellement en circulation sur le réseau.
C'est également en 2017 que Blockstack s'est lancée par une ICO : aujourd'hui, Stacks, la sidechain a également l'ambition de d'étendre les fonctionnalités de Bitcoin. Le projet est cependant régulièrement décrié pour son utilisation d'un jeton natif (le STX) comme devise principale, dont la distribution reste très concentrée dans les mains de son créateur Muneeb Ali, sa société Hiro et la fondation associée, ce qui suscite régulièrement des débats houleux sur les réseaux sociaux entre les partisans d'un Bitcoin unique et unifié et l'entrepreneur. Hiro a récemment su profiter de la vague des NFT Ordinals en étant l'une des premières à rendre son wallet compatible avec l'achat et la visualisation de ces NFT. La valorisation du jeton STX a par la même occasion grimpé en flèche en passant d'une trentaine de centimes d'euros en février à près d'un euro début mars avant de se stabiliser aujourd'hui autour de soixante centimes.
Egalement utilisée pour émettre des actifs, Liquid Network est une sidechain dont la gouvernance est gérée par une fédération d'une cinquantaine d'acteurs, dont les français Paymium et Ledger. Relativement centralisée, cette sidechain est néanmoins auditable par n'importe quel tiers en téléchargeant un nœud. Aujourd'hui, Liquid est majoritairement utilisée par l'industrie bitcoin (brokers, établissement de trading ou services crypto) pour apporter de la liquidité rapidement et de façon sécurisée sur les marchés. Une proposition similaire à celle de Mintlayer, autre sidechain en phase de déploiement en mars, qui disposera, elle, de son propre jeton. Les nœuds du réseau devront verrouiller ces tokens (le staking) afin d'être choisis comme validateurs, une solution qui ne devrait là aussi guère plaire à la majorité des utilisateurs bitcoin, fervents défenseurs du proof-of-work et généralement contre l'émission de jeton utilitaire. Néanmoins, Mintlayer a déjà un partenariat avec Portal, société qui porte des projets de finance décentralisée, soutenue financièrement par Coinbase.