Annoncé dimanche, le
départ de Steve Case, président du conseil d'administration
d'AOL Time Warner, signe la fin d'une époque
dans le secteur des médias, celle des "e-médias".
Ce départ sera
effectif en mai prochain à l'occasion de l'assemblée
annuelle des actionnaires, et ce "dans l'intérêt de
la société". Steve Case ne quittera cependant pas totalement
le groupe. Il restera administrateur et conservera la
coprésidence de la commission stratégique.
Deux
facteurs semblent les principaux moteurs de la décision
brutale de Steve Case : la pression des actionnaires,
qui focalisent sur lui les dérapages de la période
Nouvelle Economie, et les résultats mitigés
du groupe né début 2000 de la fusion d'AOL
et de Time Warner. "Etant donné que certains actionnaires
continuent à concentrer sur moi leur déception à la
suite des performances du groupe depuis la fusion, explique
Steve Case dans un communiqué, j'en ai tiré la conclusion
que nous devions prendre des mesures dès maintenant."
Ce
départ apparaît donc comme le constat d'un
échec, celui de la fusion d'AOL et de Time Warner
lancée début 2000. Une opération
jugée très coûteuse (54 milliards
d'euros de dépréciation d'actifs en mars 2002), où
les avantages induits apparaissent minimes face aux
difficultés financières
du fournisseur d'accès qui se multiplient depuis
quelques mois. Outre la chute des recettes publicitaires
de moitié, un résultat brut d'exploitation attendu
en retrait de 15 à 25 %, pourraient s'ajouter 10
nouveaux milliards de dollars de dépréciations
d'actifs dans les comptes du groupe en 2003.
A ces problèmes financiers
s'ajoutent des problèmes cette fois judiciaires.
Bien que Steve Case s'en défende, l'ouverture
de plusieurs enquêtes fédérales sur les pratiques comptables
d'AOL (lire l'article
du JDNet du 25/10/02) a sûrement pesé
dans la balance dans le choix de cette démission.
Pour le groupe américain,
l'histoire se répète à quelques
mois d'intervalle. A l'image de son second, Bob Pittmann,
qui avait démissionné après la
publication des résultats mitigés d'AOL en juillet dernier
(lire l'article
JDNet du 19/07/02), Steve Case est contraint à
son tour de laisser la place. Un départ qui intervient
après un ultime baroud d'honneur. Début
décembre, Steve Case avait présenté
son plan de bataille pour 2003 basé sur la la
création de nouveaux contenus exclusifs pour les clients
internet d'AOL puisés dans les autres divisions du groupe
(presse, CNN, cinéma).
La
démission de Steve Case sonne donc le glas de
la prédominance d'AOL sur Time Warner et d'Internet
sur les "médias traditionnels". Ce
départ aurait été exigé
par le fondateur de CNN, Ted Turner, premier actionnaire
individuel du groupe AOL Time Warner. Si le successeur
n'a pas encore été nommé, il y
a fort à parier que celui-ci ne sera pas issu
de la branche AOL du groupe. Les marchés financiers
ont salué l'annonce de la démission de
Steve Case. A 20h30 hier, le titre AOL Time Warner gagnait
2,62 % à 15,27 dollars.
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