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15 questions à un webmaster : Hernan Casciari (Prix du meilleur blog du monde)
L'auteur de "Mas respeto, que soy tu madre", une blog-fiction argentine, revient sur le prix qu'il a obtenu cette semaine et raconte le quotidien d'un blogueur semi-professionnel.   (24/11/2005)

  Le site
The BOBs
Más respeto, que soy tu madre
Orsai
Le "meilleur blog du monde" est argentin. Ainsi en a décidé le jury du concours The BOBs, "Best of blogs", organisé par la radio allemande Deutsche Welle et dans lequel figuraient deux Français, le vice-président de Six Apart Loïc Le Meur et le responsable du bureau Internet et liberté de Reporters sans Frontières, Julien Pain. Le jury a salué l'originalité de "Más respeto, que soy tu madre", un feuilleton littéraire autour d'une famille argentine des classes moyennes. Son auteur, Hernán Casciari, est quasiment un professionnel du blog. Il explique au JDN sa manière de bloguer.

JDN.
Quand et comment est né le blog "Más respeto, que soy tu madre" ("Un peu de respect, je suis ta mère") ?

Hernán Casciari. Ce blog est le premier que j'ai créé. Il demeure aussi le plus connu aujourd'hui. Il est né en septembre 2003. A l'époque, j'enquêtais pour savoir ce qu'était un blog. J'ai commencé à y écrire un feuilleton en plusieurs épisodes, que je publiais au fur et à mesure. Au début, il ne s'agissait que d'écrire pour cinq ou six de mes amis en Argentine et pour ma famille. Et puis, le formidable bouche-à-oreille que peut générer Internet a fait son effet. D'une expérience privée, c'est devenu une oeuvre publique, avec des lecteurs de plus en plus nombreux.

Combien de personnes travaillent sur le blog ?
Au début, j'étais seul, mais l'an passé j'ai eu envie d'ajouter des éléments graphiques, pour donner au blog une dimension bande dessinée. J'ai demandé l'aide d'un dessinateur comique argentin, Bernardo Erlich, qui est ainsi devenu mon coéquipier. Désormais, je n'imagine plus un seul instant me passer de ses dessins. Je ne fais intervenir personne sur l'aspect technique, pas de prestataire par exemple. J'ai essayé d'apprendre un peu de PHP depuis que je blogue, mais aussi un peu de design, du marketing, afin de ne dépendre de personne dans la création de mes projets.

Comment gérez-vous votre temps entre les blogs et votre travail ? Et comment vous définissez-vous ?
Je suis écrivain, scénariste pour la télévision, et j'écris quelques critiques de radio et de télévision. Mais tout ce que je fais tourne autour de mes blogs, car on m'a demandé d'adapter les fictions de mes blogs pour la télévision ou pour des journaux. Je me considère avant tout comme un écrivain, car je pense que blogueur n'est pas une profession. Le blog est mon outil de travail.

Pourquoi avoir créé un blog et non un site personnel par exemple ?
Tout d'abord parce qu'il est beaucoup plus facile d'administrer un blog au départ. Ensuite, parce qu'il s'agissait exactement de ce dont j'avais besoin. Selon moi, il est impossible de publier un feuilleton sur un site perso, le blog est beaucoup plus adapté.

Est-ce que votre blog génère des revenus ? Contient-il, par exemple, de la publicité ? Possède-t-il des sponsors ou des mécènes ?
Non, je me refuse à inclure de la publicité. Dans mon cas, les retombées sont plutôt indirectes. Je préfère considérer mes blogs comme un tremplin professionnel. Il s'agit d'une manière de me faire connaître, pour ensuite accepter d'autres projets que l'on peut me proposer.

135.000 visiteurs uniques ce mois-ci"
Quelle est l'audience du blog "Más respeto, que soy tu madre" ? Comment a-t-elle évolué ?
Au début, l'audience était assez confidentielle et, en fait, elle l'est restée jusqu'à ce que le blog soit relayé dans la presse et que le feuilleton soit publié dans certains journaux. Là, l'audience a fortement augmenté. Désormais, en temps normal, chaque nouvelle est lue par environ 5.000 lecteurs. Mais avec l'augmentation de la notoriété du blog, on devrait atteindre les 135.000 visiteurs uniques ce mois-ci. Ce sont les statistiques de mon serveur et, en ce moment, par simple curiosité, j'essaie le nouveau système Google Analytics.

Quel est le profil des lecteurs du blog ? Sont-ils plutôt argentins ou viennent-ils d'autres pays ?
Les lecteurs ont, en règle générale, entre 25 et 45 ans et consultent le blog dès qu'ils arrivent au bureau, le matin. Les visites proviennent d'Argentine à 28 %, d'Espagne dans une proportion comparable, le reste se partageant entre les autres pays hispanophones. Je pense que ce que j'écris est universel et peut concerner tout le monde, dans des pays assez différents. C'est aussi pour cela que s'est constituée autour de ces blogs une petite communauté virtuelle hétérogène.

Plusieurs livres en Espagne et en Amérique latine, une sitcom..."
Le succès du blog a attiré un éditeur. Comment cela s'est-il passé ? Avez-vous eu d'autres propositions depuis ?
J'ai eu la chance d'avoir été repéré par la maison d'édition Random House - Mondadori, qui a acheté les droits de "Más respeto, que soy tu madre" pour pouvoir le publier dans le monde entier. Nous avons commencé en Espagne, où le livre est sorti dans la collection "Plaza & Janés". La prochaine étape, c'est la publication en Amérique latine, où le livre paraîtra dans la prestigieuse collection "Sudamericana Editorial". Ce qui s'est passé, c'est que le groupe Mondarori m'a contacté début 2005, intéressé par le succès que commençait à avoir le feuilleton sur Internet. Il s'est ensuite passé la même chose, mais avec une productrice de télévision, qui a souhaité adapter l'histoire au petit écran. Cela a abouti à une sitcom, diffusée aujourd'hui en Espagne.

Pouvez-vous nous présenter en quelques mots l'histoire de ce feuilleton, ses personnages principaux ?
"Más respeto, que soy tu madre" raconte l'histoire d'une famille argentine de classe moyenne. La narratrice, Mirta Bertotti, joue un peu le rôle de la mère qui souffre, une femme au foyer née dans le quartier de Mercedes à Buenos Aires et qui doit vivre avec son mari, son beau-père drogué, et ses trois fils en pleine crise d'adolescence. Il s'agit, en quelque sorte, d'une personne on ne peut plus normale qui se retrouve coincée au beau milieu d'un contexte surréaliste.

Quelle cible vise le blog ?
Ce qui est amusant, c'est que le blog a toujours été destiné d'abord aux cinq ou six amis du début. J'ai essayé de ne jamais me laisser emporter par le succès croissant en termes d'audience, et de garder la même ligne de conduite, même si c'est parfois très difficile. J'écris avant tout pour m'amuser, et au final, j'ai la chance d'avoir des lecteurs d'âges et de milieux divers.

Faites-vous la promotion de votre blog ? Avez-vous une stratégie de communication ?
Au tout début, j'ai essayé de travailler mon positionnement sur les moteurs de recherche, mais pas plus que cela. En fait, je pense que la meilleure manière de promouvoir son travail sur Internet, c'est d'être constant et d'avoir un peu de talent. Le bouche-à-oreille ne fonctionne bien que si le travail est fluide.

Quelle est la régularité de vos posts ? Est-ce que vous bloguez tous les jours ?
J'écris actuellement sur quatre ou cinq weblogs différents. L'un d'entre eux, Orsai, est celui qui est mis à jour le plus fréquemment. En tout, je poste en effet à peu près tous les jours, afin de maintenir une certaine dynamique dans mon travail.

De 75 à 150 commentaires pour chaque article"
Combien de commentaires reçoivent en moyenne vos notes ? Intégrez-vous à votre travail ce qui se dit dans ces commentaires ?
Sur Orsai, chaque article reçoit à peu près 150 commentaires. Sur les autres blogs, y compris sur "Más respeto, que soy tu madre", cela tourne à une moyenne de 75 commentaires. Lire ces avis m'amuse beaucoup et, dans certains cas, ils peuvent me servir à inventer d'autres fictions, ou à poursuivre une histoire que j'avais commencée.

Quels sont vos projets ? Avez-vous prévu des nouveautés dans vos blogs ?
Actuellement, je travaille sur deux projets de livres, l'un sortira en Espagne, l'autre en Argentine. Ils sont tous deux liés à mes blogs. Je pense que cela va me prendre presque tout mon temps d'ici au mois d'avril 2006. Je n'ai donc pas, pour le moment, d'autres projets sur le Web.

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Más respeto, que soy tu madre
Orsai
Qu'a changé le titre de "meilleur blog du monde" qui vous a été décerné par le jury international "Bobs, best of the blogs", organisé par la radio allemande Deutsche Welle ?
Cela a apporté beaucoup, beaucoup plus de visites sur le blog, venant de partout dans le monde. Mais je suis réaliste : peu de ces nouveaux lecteurs reviendront régulièrement sur le blog. Par ailleurs, j'ai reçu de nombreux appels intempestifs de radios, de journaux du monde entier. Et puis, j'ai une sensation étrange et très forte de "fin de cycle", le sentiment qu'avec cette distinction vient de se fermer une porte et que je dois maintenant en ouvrir une autre. Mais je ne sais toujours pas quelle est cette nouvelle porte que je dois ouvrir.

Les précédents "15 questions à un webmaster..."
   2005
 Frédéric Gauquelin (Web Football Club)
 Didier Gruet (Bofacademy.com)
 Olivier De los Bueis (Zidane.fr)
 Alexandre Houdent (Globulos)
   2004
 Olivier Rosello (Freenews)
 Jean-François Pillou (CommentÇaMarche.net)
   2003
 Patrick Reynolds (TheOracleofBacon)
 Thomas Jung (Unjourdanslavie.org)
 Niry Jules (Sobika.com)
 
 
Nicolas RAULINE, JDN Sommaire Le Net
 
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