L'iMakr Store, le point de ralliement de l'impression 3D à New York

L'iMakr Store, le point de ralliement de l'impression 3D à New York Boutique d'imprimantes 3D, lieu de formation, espace de démonstration, atelier de réparation... Visite en images d'un magasin multi-casquettes.

Fondé à Londres en 2012 par le Français Sylvain Preumont, iMakr vend en ligne des imprimantes 3D de multiples fabricants et revendique la position du plus gros distributeur spécialisé au monde. Après l'ouverture d'un premier point de vente dans la capitale britannique en 2013, un second a vu le jour à Manhattan en juin 2014. L'un et l'autre commercialisent imprimantes 3D et filaments de plastique, mais servent aussi d'espace de démonstration et de formation. Le JDN a visité la boutique new yorkaise.

L'iMakr Store ne vend que les modèles d'imprimantes 3D qu'il a testés et validés © F.Fauconnier / JDN

"Il existe environ un millier de modèles d'imprimantes 3D dans le monde, explique Maki Ebihara, le gérant du magasin. iMakr est le distributeur spécialisé qui en commercialise le plus, avec 20 à 30 modèles en vente. Mais là où notre proposition est vraiment unique, c'est que nous testons tous les modèles avant de décider de les mettre en vente, pour vérifier s'ils sont de bonne qualité et si leur prix est acceptable. Une proposition très différente, donc, des marketplaces comme Amazon qui agrègent principalement les offres de petits marchands spécialisés dans une ou deux marques, sans se préoccuper de la qualité des produits." Le prix des machines s'échelonne entre 650 et 8000 dollars selon leurs capacités. Pas de métal ni de chocolat : toutes les imprimantes vendues par iMakr utilisent des filaments de plastique. Toutefois, la qualité et la variété de ces plastiques se sont accrues considérablement ces dernières années.

Sur des étagères, des exemples d'objets imprimés avec différents filaments, ici en alliage de bois, bambou ou métal  © F.Fauconnier / JDN

Le matériau le plus basique est l'ADS, utilisé par exemple pour les briques de Legos. Problème, il doit être chauffé à une température très précise… et sent mauvais. Est donc arrivé le PLA, un dérivé du maïs, qui nécessite une température beaucoup plus basse, est biodégradable et disponible dans beaucoup de couleurs. Viennent ensuite les agrégats. Le "woodfil" est en plastique mais procure la même odeur et la même sensation au toucher que le bois. Idem pour le bambou, qui mélange plastique et fibres de bambou recyclées. Le plastique peut aussi être combiné avec du métal, typiquement 20% de cuivre ou de fer. Il n'y a plus qu'à lustrer le produit imprimé pour lui donner un éclat métallique. Il aura également des propriétés d'aimantation et pourra même rouiller !

Comment penser que ce vestige n'est pas fait de bronze mais de vulgaire plastique ? © F.Fauconnier / JDN

Il existe par ailleurs des filaments en PLA phosphorescent, en fibre de carbone plus solide que le PLA et qui vibre comme du bois, en PETT (comme les bouteilles de plastique) non poreux et éventuellement translucide… Et bien sûr, de nouveaux matériaux sont inventés tous les jours. "Les possibilités sont donc très nombreuses, d'autant que certaines machines savent imprimer en deux matériaux différents simultanément", souligne Maki Ebihara. Une application typique vient du fait que les machines ne peuvent imprimer au-delà d'un angle de 45° (une figurine dont le bras est légèrement écarté du corps verra sa main tomber puisque rien ne la supportera). "D'où l'intérêt d'imprimer avec du plastique soluble dans l'eau pour servir de support au moment de la fabrication", précise le gérant. Autre application intéressante d'une machine bi-matériaux : imprimer avec du PLA conducteur pour créer un circuit électrique dans l'objet imprimé.

Ce mois-ci, trois modèles Ultimaker sont en bonne place © F.Fauconnier / JDN

iMakr a également lancé MyMiniFactory, société sœur éditant une marketplace de fichiers à imprimer en 3D. Là encore, tous les fichiers sont testés avant d'être acceptés. "Les créateurs doivent donc patienter un peu pour voir leur fichier apparaître dans les listings, mais contrairement aux grandes marketplaces un peu fourre-tout, les utilisateurs ont la garantie que le fichier fonctionnera et qu'ils ne perdront pas de temps", indique Maki Ebihara. Plusieurs projets sont nés dans ce cadre. C'est par exemple le cas de "Scan the world", qui permet de scanner en 3D des statues ou monuments avec l'appareil photo de son smartphone afin de produire le fichier correspondant.

iMakr prévoit pour sa part de lancer en 2017 la commercialisation de MiniYou. Une cabine permettra de scanner le corps de l'utilisateur avant de l'imprimer en petite figurine, sur laquelle la couleur sera projetée à l'issue de la fabrication.

1h30 pour fabriquer cet éléphant de 5cm de haut © F.Fauconnier / JDN

L'iMakr Store de New York dispose de quelques machines en stock sur place et bien sûr de nombreux types et couleurs de filaments. Elle permet également aux visiteurs d'imprimer leurs fichiers, au tarif de 30 dollars de l'heure d'utilisation de la machine, plus le coût du plastique. "Pour un objet comme ce petit éléphant articulé, il n'y en a que pour 1 dollar de plastique mais pour 1h30 d'utilisation de l'imprimante, relève Maki Ebihara. Donc cela peut valoir le coup pour un seul objet, mais pas pour de la production en série". Seul point de vente d'imprimantes 3D de toute la côte Est américaine, l'iMakr Store attire une centaine de visiteurs par mois, mais certains jours fastes voient défiler jusqu'à 50 personnes. Aussi bien des touristes interpelés par la vitrine haute en couleurs lorsqu'ils sortent de chez Katz's, l'institution voisine, que des amateurs ou des passionnés ayant préparé leur venue.

En vitrine, une large palette d'objets imprimés en 3D montre les capacités de cette technologie © F.Fauconnier / JDN

"Nous réparons aussi les imprimantes 3D des clients, par exemple lorsque le modèle n'est plus maintenu par le fabricant ou qu'il n'est plus sous garantie", ajoute Maki Ebihara. Car la boutique sert aussi de point de ralliement à la communauté. "Beaucoup de gens viennent nous montrer des choses étonnantes qu'ils ont fabriquées, qu'il s'agisse de créations culinaires du Museum of Food and Design ou de prototypes d'équipement médical." Ainsi, la fondation Enable, partenaire d'iMakr, crowdsource auprès de la communauté des propriétaires d'imprimantes 3D la fabrication de prothèses de mains pour enfants, abaissant leur coût de plusieurs milliers de dollars à une cinquantaine seulement.

Habitué de la maison, un journaliste de 3dprint.com peaufine un sujet © F.Fauconnier / JDN

Tous les mercredis sont également organisées des sessions de formation gratuites d'une heure. Chaque semaine, c'est un modèle différent d'imprimante 3D dont l'utilisation est disséquée. Chandra, qui assiste à cette session de mi-janvier, nous dit vouloir "vérifier ce qu'on peut faire avec une machine avant d'en acheter une".

Chaque mercredi à 18h sont organisées des sessions de formation sur l'utilisation d'un modèle d'imprimante 3D © F.Fauconnier / JDN

Et comme Sylvain Preumont ne laisse au hasard aucune facette de ce secteur prometteur, il a aussi fondé iMakr.VC pour pouvoir soutenir des projets dans le secteur de l'impression et du scan 3D. Financement en amorçage, mise à disposition de machines, mentoring, accès à des experts (chimie, mécanique, électronique, design, développeurs, avocats…) et à la communauté sont à l'affiche de son incubateur et de son accélérateur londoniens.

L'iMakr Store américain est installé au sud-est de Manhattan, à deux pas de Nolita © F.Fauconnier / JDN