Réforme des soldes : les professionnels souhaitent l'instauration d'un Black Friday

Réforme des soldes : les professionnels souhaitent l'instauration d'un Black Friday Beaucoup de retailers et d'e-commerçants veulent réduire la durée des soldes. 91,3% des marchands en ligne préfèrent aussi conserver des dates uniques et légalement encadrées.

Le 28 juin 2017, Bruno Le Maire a annoncé son intention de réformer les soldes. Selon le ministre de l'Economie, ce dispositif commercial reste "un moment important", mais son organisation actuelle "n'est pas satisfaisante". Son objectif : établir une nouvelle réglementation applicable dès janvier 2018 pour améliorer et mieux articuler les soldes, notamment avec le commerce en ligne. Dans la foulée, Bercy a demandé au Conseil du Commerce de France, l'organisme regroupant l'ensemble des fédérations du commerce, de réfléchir à des propositions de réforme. "Cette concertation est toujours en cours et nous ne communiquerons pas sur le sujet tant que le rapport, qui doit être remis au Ministre courant octobre, n'aura pas été rendu public par lui", explique Fanny Favorel-Pige, Secrétaire générale du Conseil du Commerce de France(CCF), après deux réunions interprofessionnelles les jeudi 21 septembre et le mercredi 4 octobre.

Mais qu'attendent les retailers et les e-commerçants de cette réforme ? Certaines organisations professionnelles ont diffusé tout l'été des questionnaires à leurs adhérents et marchands pour connaître leur avis. Par exemple, la Fevad a réalisé un sondage auquel ont répondu 23 e-commerçants et retailers, dont 5 réalisant un chiffre d'affaires supérieur à un milliard d'euros et 7 entre cent millions et un milliard. De ce sondage rendu anonyme se dégage le point de vue du secteur de la vente en ligne. Tout d'abord, les e-commerçants trouvent que les soldes sont trop longues à 69,6%. Seule une minorité d'entre eux sont partisans du statu quo, c'est-à-dire à douze semaines par an.

Les marchands en ligne souhaitent à 69,6% réduire la durée des soldes. © Fevad

Autre point essentiel : 91,3% des marchands en ligne veulent conserver des dates uniques et légalement encadrées. "Ils n'aspirent pas une démultiplication des périodes qui risque de faire perdre du sens à l'événement", constate Marc Lolivier, délégué général de la Fevad. Donc pas de dérogations spécifiques pour les zones à forte fréquentation touristique comme la montagne ou la mer, ni de distinctions entre Paris et les régions. Et pas d'exceptions pour les zones frontalières non plus, ni de distinguo selon la nature des produits vendus.

Les marchands en ligne aspirent à un événement bien identifié pour le consommateur. © Fevad

"Notre position est d'avoir deux périodes clairement identifiées par les consommateurs afin de ne pas enlever la magie des soldes", continue Marc Lolivier. Ainsi, 78,3% des e-commerçants ne sont pas favorables au retour des soldes flottants. Ce mécanisme supprimé en 2015 permettait aux commerçants, en plus des périodes légales, d'instaurer d'autres périodes de soldes librement. Un mécanisme qui diluait l'efficacité des rabais.

"Nous devons rendre aux soldes l'effet 'waouh' qu'attendent les consommateurs"

Même son de cloche chez la Fédération du commerce coopératif et associé (FCA). Cette dernière compte parmi ses membres E.Leclerc, Hyper U, Intermarché, Jouéclub ou encore Sport 2000. Soit plus de 30% du commerce de détail en France. Après avoir interrogé ses 180 enseignes adhérentes cet été, la FCA a participé activement aux discussions. "Nous devons aller dans le sens de rendre aux soldes l'effet 'waouh' qu'attendent les consommateurs", résume Eric Plat, président de la FCA.  Sa position est la suivante :

  • Garder le principe et le mécanisme actuel de revente à perte pendant cette période.
  • Conserver des dates communes à tous les commerces avec le maintien d'exceptions telles que les particularités géographiques.
  • Ne pas réintroduire les soldes flottants, car ce mécanisme a participé à l'épuisement de l'effet attractif des soldes.
  • Ne pas créer de nouvelles dates spécifiques qui troubleraient la clarté de l'événement pour le consommateur.
  • Réduire la durée actuelle passer de 6 à 3 semaines par période.

Vers la création d'un Black Friday ou d'un Boxing Day

Enfin, les marchands en ligne sont favorables à 68,2% à la création d'un événement d'envergure nationale de type "Black Friday". C'est-à-dire un jour de promotions le 4ème vendredi du mois de novembre comme aux Etats-Unis. Ils apprécieraient également la création d'un boxing day. Soit une journée promotionnelle après Noël, telle qu'observée dans de nombreux pays anglo-saxons. Face à la montée en puissance du Black Friday dans l'Hexagone, la FCA aimerait même aller plus loin et autoriser la vente à perte lors de cet événement. Cette possibilité reste d'ordinaire uniquement réservée aux soldes.