Pascal Chevalier (Netbooster) "Nous visons une marge brute de 88 millions d'euros en 2012"

Développement du groupe en Asie et en Amérique latine, renforcement en Europe via des acquisitions... Le PDG de Netbooster présente ses ambitions pour le groupe et sa stratégie à l'horizon 2012.

JDN. Le plan stratégique 2006-2009 de Netbooster ambitionnait de transformer l'entreprise en un acteur global. Pari réussi ? 

Pascal Chevalier. Oui. En 2006 Netbooster était une entreprise d'une trentaine de personnes qui, en exagérant un peu, était centrée sur le seul métier du référencement naturel et un seul pays : la France. Trois ans plus tard, nous sommes passés d'une entreprise que faisait du search à une entreprise qui "fait du Web". Netbooster est aujourd'hui un acteur international qui emploie 400 personnes. Nous sommes passés d'un chiffre d'affaires de 5 millions d'euros en 2005 à 55 millions d'euros en 2009. Notre chiffre d'affaires en France ne représente plus que 25 % du chiffre d'affaires du groupe, contre 90 % en 2005. 

Quelles sont vos ambitions pour les trois années à venir ? 

Entre 2005 et 2009, nous avons connu une forte croissance de notre marge brute, d'en moyenne 60 % par an. Notre ambition pour 2012 est de maintenir cette croissance à un rythme un peu moins soutenu, de l'ordre de 50 % en moyenne par an. Pour 2012, nous nous fixons un objectif de 88 millions d'euros de marge brute. Ce n'est pas une ambition folle. Il nous sera probablement plus facile de passer de 25 millions d'euros en 2009 à 88 millions en 2012 qu'il n'a été de passer de 5 à 25 millions d'euros au cours des dernières années. 

Netbooster a pourtant perdu un tiers de chiffre d'affaires en 2009...

"Le marché a été dur en 2009"

Le marché a été dur en 2009, c'est un fait. Les liens sponsorisés Google ont cependant pesé sur nos résultats. La loi Sapin (qui réglemente les procédures d'achat d'espaces publicitaire, ndlr.), qui a été faite avant l'émergence d'Internet nous impose un certain nombre de règles comptables mais reste floue sur le statut des liens sponsorisés. En 2009, nous avons choisi de ne plus comptabiliser les liens sponsorisés dans nos résultats. Au final, cela n'a pas d'impact sur notre marge brute. En 2009, hors acquisition Guava, nous avons perdu 16 % de marge brute et 31 % de chiffre d'affaires. La réelle baisse imputable à la crise, c'est celle de notre marge brute. Ceci étant dit, le marché s'est bien repris sur la fin de l'année 2009. Nous avons réalisé une croissance de 34 % de notre chiffre d'affaires entre le troisième et le quatrième trimestre. 

Ce redémarrage n'est-il pas dû aux fêtes de fin d'année ? 

Nous n'avions jamais connu une telle croissance et il n'y a aucune raison que cela se passe une année de crise. Elle se poursuit d'ailleurs depuis le début de l'année. Certaines discussions avec des clients qui duraient depuis un an se sont débloquées d'un coup. Nous n'avions jamais vu cela. Sans rentrer dans les détails, nous serons, au premier trimestre 2010, en progression par rapport au quatrième trimestre 2009. En janvier, nous avons par exemple vécu la meilleure semaine de toute l'histoire de Netbooster en termes de signatures de clients, avec l'équivalent d'un million d'euros de marge brute de nouveaux budgets. 

Quels sont vos projets de développement à l'international ? 

Nous voulons continuer à étendre notre réseau, mais toujours de la même manière : si nous ouvrons des bureaux dans de nouveaux pays, ce sera pour accompagner un client. Nous allons par exemple ouvrir un bureau au Vietnam où un client voulait nous emmener. Nous avons la garantie d'y avoir douze mois de revenus ce qui nous laisse du temps pour y trouver de nouveaux clients. En Asie, nous sommes présents en Chine et aux Philippines et voulons nous installer en Australie, en Corée et en Thaïlande, en plus du Vietnam. En Amérique du Sud, nous voulons nous installer en Argentine au Chili et au Mexique, en plus du Brésil. Nous voulons également accompagner nos clients aux Etats-Unis et commencer à y monter des partenariats. 

"Nous ferons des acquisitions en Europe dans les trois ans"

Pourquoi miser sur l'Asie et l'Amérique du Sud ? 

En Asie, Netbooster c'est 150 personnes et une croissance phénoménale. En 2009, les revenus du e-commerce en Asie ont été multipliés par 10. La Chine seule, c'est près de 400 millions d'internautes, auxquels il faut encore rajouter près de 300 millions internautes en Asie du Sud. Nous y avons ouvert un bureau en octobre 2007, pour un investissement de 23 000 euros, ce qui n'est rien. L'an dernier, nous avons multiplié notre chiffre d'affaires en Asie par 2,4 et ce, malgré la crise. Cette année, nous prévoyons de plus que doubler notre activité. Sur la répartition du chiffre d'affaire à l'horizon 2012, l'Asie aura une place importante, de l'ordre de 20 à 25 % du chiffre d'affaires, contre 2,2 millions d'euros en 2009. Nous sommes présents au Brésil depuis une petite année. Nous y connaissons une croissance une peu moins forte qu'en Asie, mais qui reste quand même incroyable. Nous pensons que l'Amérique du Sud représentera 10 % du chiffre d'affaires du groupe en 2012. 

Et l'Europe ?  

Nous sommes présents physiquement dans 8 pays en Europe et nous voulons continuer de nous y renforcer. Cela se fera surtout de façon organique, mais également via quelques acquisitions ciblées, y compris en France, dans les trois prochaines années. Nous couvrons déjà bien les pays européens ainsi que les différents secteurs de notre activité. Nous chercherions donc plutôt à nous renforcer en matière de portefeuilles clients et d'expertises. Nous sommes très actifs sur les dossiers en ce moment. Je vois un à deux dossiers par semaine, ce qui ne veut pas dire que nous allons acheter tout de suite. 

Vous êtes récemment monté à plus de 68 % du capital du danois Guava...  

L'acquisition de Guava a été une opportunité de crise. Le marché de l'Europe du Nord est très intéressant. Mais depuis 2006, les prix y sont très élevés par rapport à l'Europe du Sud. Il nous a donc fallu être patients. Guava a été très touchée par la crise et son management n'a pas su réagir à temps. Nous sommes rentrés au capital une première fois en décembre 2008 pour aider, puis une deuxième fois en mai 2009 et nous sommes devenus le premier actionnaire. En tant que tel, notre rôle était de mettre les mains dans le cambouis : nous avons changé le management et ramené la société à l'équilibre. C'est une entreprise qui aujourd'hui va bien et gagne de l'argent. Guava a généré l'année dernière 24 millions d'euros de chiffre d'affaires. 24 millions de chiffre d'affaires payés 4,7 millions d'euros, en temps normal, c'est impossible. 

"Guava est une marque forte et bien implantée en Europe du Nord"

Allez-vous continuer à vous renforcer au capital de Guava ? 

La structure financière du groupe Netbooster est assez simple : la maison mère détient 100 % du capital de ses filiales, sauf en Asie et au Brésil où nous sommes en train de monter progressivement avec un système de conversion des actions des managers locaux en actions du groupe. Concernant Guava, nous réfléchissons évidemment à monter encore au capital. 

Pourquoi avoir choisi d'abandonner la marque Netbooster au Royaume-Uni, où vous avez fusionné les activités de Netbooster et de Guava ?  

Dans certains pays, la marque Netbooster est forte. En Angleterre, ce n'était pas le cas. Guava c'est 45 personnes au Royaume-Uni, contre 6 personnes pour Netbooster. Nous avons donc décidé d'y garder la marque Guava, qui y est plus forte et qui est de plus une belle marque, bien implantée en Europe du Nord. 

Allez-vous réorganiser vos marques à l'international ? 

Nous avons atteint une taille critique qui va nous pousser à avoir plusieurs marques, afin d'adresser des marchés différents. Il nous faudra une marque capable d'adresser des clients importants comme Lastminute par exemple. Il nous faudra en parallèle une entité capable d'adresser des entreprises plus jeunes, avec une réactivité différente. Il nous faut adapter une offre à la souplesse des start-up. Nous créerons des noms d'agences différentes qui répondront soit à des problématiques clients différentes, soit à des offres différentes, soit sur des marchés différents. Nous sommes en train de travailler sur cette question. C'est une réflexion que nous menons et qui, je l'espère, aboutira avant 2012. 

Que change l'arrivée récente de Raphaël Zier au sein l'organisation du groupe ? 

Raphaël est arrivé en tant que directeur du développement du groupe et pilote la croissance du groupe avec moi. Je m'occupe plutôt du management alors que Raphaël se focalise pour l'instant sur nos activités en Europe et sur le business development. Je suis très heureux de son arrivé car je me sentais un peu seul à faire tout cela. La particularité est aussi que Raphaël est aussi devenu un investisseur de Netbooster. Pour lui, travailler avec nous voulait aussi dire entrer au capital du groupe. Nous lui avons donc fait une place significative (Raphaël Zier détient environ 21 % du capital et des droits de vote, Pascal Chevalier détient de son côté près de 10 % du capital ndlr.). Raphaël devrait d'ailleurs prochainement faire son entrée au board de Netbooster.