Les smartphones sont-ils encore les rois du Mobile World Congress ?

Le Mobile World Congress vient de fermer ses portes. Mais quelles étaient les tendances de cette édition 2016 ? La Mobile Marketing Association France a souhaité sonder ses membres et a interrogé Vincent Tessier (adsquare), Christophe Chatillon (Tapptic) et Adrien Delambre (RadiumOne).

Moins de deux mois après la clôture du Consumer Electronic Show de Las Vegas, les professionnels du mobile étaient à nouveau rassemblés, cette fois-ci en Europe, pour le Mobile World Congress de Barcelone. Et comme pour le CES, le monde du consumer electronics a confirmé son engouement pour deux nouvelles technologies : l'Internet des objets et la réalité virtuelle.

 

« Le Mobile World Congress reste un événement gargantuesque avec des milliers de stands, des dizaines de milliers de visiteurs. Même si les derniers smartphones de Samsung ou LG ont bénéficié d'une forte exposition, le gros buzz de cette année, c'était clairement les casques de réalité virtuelle, avec des gens faisant parfois la queue plus de deux heures pour en essayer un. A l'inverse, j'ai trouvé que la 5G ne soulevait pas encore l'enthousiasme et les montres connectées, objet phare de l'édition précédente, semblaient déjà oubliées par de nombreux constructeurs », indique Vincent Tessier, VP Demand de adsquare, une start-up allemande spécialisée dans la data mobile.

 

« En 15 ans de Mobile World Congress, c'est la première fois que les smartphones se font voler la vedette. Cette année, personne n'a semblé impressionné par les derniers smartphones coréens ou chinois. Tablettes et smartwatchs avaient même disparu des principaux stands. Par contre, tous les constructeurs ont effectivement misé sur la réalité virtuelle avec d'excellents produits tels que le HTC Vive. C'est une tendance intéressante pour une agence qui travaille sur la réalité virtuelle, mais je me demande si cette technologie n'est pas un peu survendue car les usages ne sont clairement pas encore là », pointe Christophe Chatillon, co-fondateur de Tapptic.

 

« Le Mobile World Congress devrait changer de nom car les smartphones ne sont plus les stars de l'événement ! Cette année, même le S7 de Samsung s'est fait voler la vedette par les casques de réalité virtuelle de Facebook avec cette fameuse photo de Mark Zuckerberg marchant au milieu d'une foule équipée d'Oculus. On a aussi beaucoup parlé des réseaux de l'IOT avec plusieurs jeunes pousses françaises bien positionnées sur ces technologies », complète  Adrien Delambre, Directeur Grands Comptes de RadiumOne France.

 

Même si équipementiers et constructeurs continuent d'occuper les plus grands stands dans les premiers halls du Mobile World Congress, les acteurs du marketing mobile affichaient leur dynamisme en occupant non plus un mais deux niveaux de l'immense hall 8. 

 

« L'écosystème a gagné en maturité. On est passé de l'app download à des sujets plus techniques tels que la data mobile programmatique. Ce qu'il y a de bien à Barcelone, c'est qu'on peut rencontrer tout le marché : DSP, SSP, DMP y compris les acteurs américains les plus avancés, moins frileux que les Européens sur l'exploitation des datas, ou qui travaillent déjà sur de nouvelles interfaces publicitaires pour la voiture connectée, l'IOT et bien évidemment la réalité virtuelle. J'ai même vu les premiers adexchange exclusivement dédiés aux smartwatchs et à l'Apple TV ! », indique Vincent Tessier.

 

« Je n'ai pas vu beaucoup de nouveautés en matière de publicité mobile. Par contre, j'ai été plus sensible aux innovations en matière de customer engagement avec de nouveaux services intégrant les push notifications, et des choses intéressantes combinant beacons et trigger marketing. Ce sont des innovations essentielles pour une experience agency », ajoute Christophe Chatillon.

 

« Dans le Hall 8, il y a des dizaines de start-up qui partagent les mêmes mots clefs autour de la performance mobile. Mais derrière tous ces DSP, DMP, fournisseurs de données mobiles ou plateformes au sens large, toutes ont-elles de réelles technologies cross device, capables de satisfaire pleinement des directions marketing qui opèrent sur tous les leviers ? La pollution sonore et visuelle est très forte et il est sans doute temps que la poussière se dépose pour que les annonceurs puissent y voir plus clair », complète Adrien Delambre.

 

La réalité virtuelle connaitra-t-elle un succès bien réel ? Les milliards d'objets connectés seront-ils au rendez-vous ? Le marketing et la publicité mobile seront-ils de nouveaux relais de croissance pour les opérateurs et les équipementiers ? Autant de questions qui seront en tout cas débattues dans les prochains mois par la Mobile Marketing Association France en attendant de réunir une nouvelle fois l'année prochaine à Barcelone un écosystème de plus en plus complexe.