Les trois opérateurs refusent l'accès de Free à leurs réseaux

Free aurait fait des offres à Orange, SFR et Bouygues pour utiliser leurs réseaux, à la manière des MVNO. Refus des trois opérateurs. Le gouvernement doit toujours indiquer son plan d'attribution d'une 4ème licence 3G.

Free tient décidément à son projet d'ajouter la téléphonie mobile à l'accès et aux services Internet. Iliad, sa maison mère, teste plusieurs options pour devenir opérateur mobile. Dans un contexte de grande incertitude sur les intentions du gouvernement en matière de quatrième licence 3G, la société se serait tournée vers les opérateurs existants pour accéder à leurs réseaux, comme les MVNO (opérateurs virtuels), selon Les Echos. En vain.

Il faut dire que les fluctuations des pouvoirs publics depuis plusieurs mois ne sont pas faites pour rassurer un éventuel nouvel entrant (Free est le seul candidat déclaré). Le saut d'obstacles du FAI semblait pourtant avoir pris fin en février dernier, quand le Conseil d'Etat s'était déclaré favorable à un étalement de paiement de cette quatrième licence, demandé par le gouvernement (lire Vers un nouvel appel d'offres pour la 4ème licence mobile, du 18/02/08). On apprenait cependant début avril que l'Elysée pourrait finalement ne pas attribuer cette licence à un seul opérateur, mais sous forme de blocs de 5 MHz, que se partageraient - peut-être après enchères - nouveaux entrants et opérateurs actuels (lire Abandon de la 4ème licence mobile : l'Elysée teste l'opinion, du 07/04/08).

Sans attendre la décision finale du gouvernement au sujet d'un nouveau réseau, Free aurait donc cherché à accéder à celui d'un des trois opérateurs, comme le font les MVNO. Mais ses dirigeants ont essayé d'obtenir d'Orange, SFR et Bouygues Telecom des conditions beaucoup plus favorables, indiquent Les Echos. Contrairement aux opérateurs sans réseaux, qui achètent des minutes de communication en gros à des prix qui leur laissent peu de marge de manoeuvre, Free voulait en effet négocier un accord comportant un montant fixe annuel ainsi que des minutes achetées à l'opérateur hôte moins de 2 centimes au-dessus du prix coûtant. En somme, de quoi reproduire dans la téléphonie mobile le succès du dégroupage de l'ADSL.

Mais les opérateurs ont refusé cette proposition. Rien de très étonnant quand on sait leur longue opposition à l'arrivée d'un nouveau concurrent réseau, d'autant plus s'il s'appelle Free, dont l'innovation et la politique commerciale ont fait leurs preuves dans l'accès Internet. Jean-Bernard Lévy, président de Vivendi - actionnaire de SFR - menaçait en octobre dernier de saisir la justice si Free obtenait une licence 3G à prix réduit (lire Vivendi menace d'une action en justice si Free obtient la 3G, du 19/10/07). Difficile de comprendre alors comment les opérateurs auraient pu accepter d'accueillir Free sur leurs réseaux, a fortiori dans des conditions plus favorables que celles consenties aux MVNO. Pour entrer dans le mobile, Free devra donc attendre des précisions du gouvernement pour une nouvelle licence.