Trois questions à Luc Veuillet (MMA France) : "Nous allons collaborer avec les associations de l'e-pub et du e-commerce"

Vice président de VisuaMobile, éditeur de services mobiles pour iPhone et Google Androïd, Luc Veuillet vient d'être élu président de la Mobile Marketing Association France. Il nous détaille ses projets et ambitions pour l'année à venir.

 

Le fait que la présidence de la MMA France soit désormais occupée par un acteur issu du monde des services pour mobiles, et non plus un représentant des opérateurs mobiles [Marc Montaldier, le précédent président de la MMA France, occupe le poste de directeur business development advertising d'Orange, ndlr], va-t-il changer les orientations de l'association ? Quels sont vos projets pour la MMA pour l'année à venir ?

Ma mission s'inscrit dans la continuité du travail déjà accompli. Les changements seront en réalité liés à la vie de l'association, qui depuis sa création en 2002, a œuvré pour le développement du marché du marketing mobile, en définissant des positions communes sur des points clés de l'activité et en proposant des critères normatifs de bonne conduite. Ces missions étant réalisées, l'association est aujourd'hui à un tournant de sa vie et doit envisager de nouveaux objectifs.

Notre première ambition désormais est de s'ouvrir sur les autres structures du marché publicitaire et du mobile, en collaborant par exemple avec l'IAB France [Internet Advertising Bureau, ndlr] ou la Fevad [Fédération e-commerce et vente à distance, ndlr] et l'Acsel [Association pour le commerce et les services en ligne, ndlr] pour les problématiques de m-commerce. L'ouverture à l'international est un autre point essentiel. Notre ambition est de faire résonner la voix de la France, dont le marché du marketing mobile est désormais une réalité, à l'international. Nous allons donc collaborer encore plus étroitement avec les autres associations de marketing mobile, par exemple en organisant des rendez-vous professionnels mondiaux, à l'image du Mobile World Congress de Barcelone mais dédiés aux usages et services du marketing mobile. Plus spécifiquement au sein de la vie de la MMA France, nous allons créer de nouvelles commissions en fonctions des problématiques du marché, par exemple pour lutter contre le spam sur mobile.

La MMA monde a publié en avril des recommandations globales sur l'utilisation de formats publicitaires adaptés aux téléphones portables. Ce document ne rend-il pas caduque celui de la MMA France publié un an auparavant (lire l'article Publicité mobile : la MMA fait ses recommandations du 25/04/2007) ?

Tout d'abord, ces recommandations ne sont pas des écrits dogmatiques, cela reste des indications pour les agences et les annonceurs. Les recommandations de la MMA monde sont utiles pour un annonceur souhaitant mener des campagnes sur mobiles à l'échelle internationale. En revanche, pour un annonceur dédié au marché français, les recommandations de la MMA France sont toujours d'actualité. D'autant que les recommandations de la MMA monde, qui reste malgré son appellation très ancrée territorialement sur le continent nord américain, ne prend pas en compte toutes les spécificités du marché du marketing mobile français qui s'est fortement développé sur des formats push comme le SMS+ et le MMS.

Votre prédécesseur, marc Montaldier, regrettait récemment l'absence en France d'un véritable outil de mesure de l'audience de l'Internet mobile (lire l'interview du JDN de Marc Montaldier du 07/02/2008). Or plusieurs solutions - le panel de mobinautes de Médiamétrie, MobiLens de M :Metrics - existent aujourd'hui. N'est-il pas dans le rôle de la MMA France de pousser à l'adoption d'un outil référent ? N'est-ce pas une nécessité pour que le marché du marketing mobile décolle en France ?

Tout d'abord, je ne pense pas qu'il soit nécessaire aux annonceurs d'avoir un inventaire complet des sites de l'Internet mobile pour commencer à investir sur le média. Mais effectivement, ce besoin d'un outil de mesure existe maintenant que le marché a décollé. Des solutions existent en effet aujourd'hui et je peux vous assurer que tous les acteurs concernés discutent de ce sujet, qu'il y a des travaux en cours antre les différentes organisations de mesure de l'audience, les opérateurs, les agences de marketing mobile, les annonceurs et bien sûr les associations comme l'AFMM et la MMA France. 2008 me semble en effet le bon calendrier pour au moins publier un cahier des charges et sélectionner une liste de solutions.

La MMA France participera bien sûr aux débats et à l'élaboration de cet outil de mesure de l'audience de l'Internet mobile. Mais ce n'est pas notre rôle de décider unilatéralement de la légitimité de telle ou telle solution, car la MMA ne se préoccupe pas seulement de la publicité en display sur mobile mais de toutes les facettes du marketing mobile, y compris donc le push et les technologies d'interactivité mobile.

 Parcours

Diplômé de Sciences Politiques et d'un troisième cycle en économie, Luc Veuillet, 37 ans, a débuté sa carrière pendant dix ans chez BDDP, puis TBWA et Tequila en développant l'expertise Web puis mobile dans la communication publicitaire et marketing.

En 2006, il créé Mobimarcom, premier cabinet de conseil à avoir accompagné les grandes marques et agences dans la partie stratégie de la communication mobile.

Il est aujourd'hui vice président de VisuaMobile, société qu'il a co-fondé avec Jérémie Engel en 2008, qui édite des premiers services mobiles pour iPhone et Google Androïd et studio de réalisation pour plusieurs agences et entreprises.