Télécoms : Altice a-t-il encore une place aux Etats-Unis ?

Télécoms : Altice a-t-il encore une place aux Etats-Unis ? La fusion de 85,4 milliards de dollars annoncée entre AT&T et Time Warner crée un géant du secteur bien plus puissant qu'Altice, entré aux Etats-Unis l'an passé.

Alors que les rumeurs venaient de prêter à Altice la volonté de lancer le processus d'introduction en Bourse d'Altice USA dans les prochains mois, ce dernier s'est fait voler la vedette par le plus gros deal de l'année, et le septième plus important de l'histoire. AT&T a ainsi proposé de racheter Time Warner pour 107,5 milliards de dollars, moitié en cash et moitié en titres, soit une valorisation totale de 85,4 milliards de dollars. Cette opération éclair, bouclé en moins de deux mois, est une surprise dans la mesure où AT&T avait déjà procédé à une très grosse acquisition l'an passé, lorsqu'il avait mis la main sur DirecTV pour 49 milliards de dollars.

Cette acquisition montre la volonté du groupe dirigé par Randall Stephenson de poursuivre dans la transformation de son groupe en géant des médias, qui détient non seulement les câbles et les infrastructures télécoms mais aussi les contenus, face à la montée en puissance d'acteurs indépendants comme Netflix, Amazon ou Hulu. Le patron d'AT&T a ainsi souligné que la fusion des deux sociétés permettrait de créer un groupe disposant d'un effet d'échelle et d'une structure de coûts compétitive. Soulignant, s'il était encore besoin de le démontrer, aussi la dimension défensive de ce deal afin de répondre à l'engouement pour la vidéo. Il suit en ce sens l'opération Comcast-NBC Universal. De l'autre côté, son grand concurrent Verizon a fait un pari différent, celui de générer des revenus via la publicité en ligne et veut concurrencer Google et Facebook sur ce créneau. L'acquisition d'AOL pour 4,4 milliards de dollars l'an passé, puis de Yahoo cet été pour 4,8 milliards de dollars (le prix va probablement être revu à la suite du scandale de piratage de 500 millions de comptes Yahoo), va dans ce sens.

 Altice USA va faire le pari du maintien d'une certaine forme de concurrence, voulue par les autorités antitrust.

Au milieu de ces mastodontes américains, Altice a construit avec ses deux emplettes (Suddenlink, puis Cablevision) le numéro quatre du secteur en un an à peine. Le groupe de Patrick Drahi avait envisagé de faire une offre sur Time Warner Cable quand ce dernier a fait l'objet d'un spin-off l'an passé, mais a renoncé face à l'ampleur de la tâche, préférant se concentrer sur l'intégration de ses deux deals et la gestion d'une dette déjà massive. Mais étant donné que les leaders grossissent encore, reste-t-il une place pour des acteurs de second rang ? Altice USA va faire le pari du maintien d'une certaine forme de concurrence, voulue par les autorités antitrust. Le régulateur sera très vigilant sur l'opération géante annoncée aujourd'hui et obligera la nouvelle entité à partager ses contenus, mais aussi à vendre des actifs périphériques. Ce qui pourrait profiter à Altice USA, surtout si cette dernière choisit de s'introduire en Bourse d'ici l'année prochaine, afin de se ménager davantage de moyens financiers. Selon les rumeurs sorties en fin de semaine dernière, Altice USA pourrait lever 2 milliards de dollars pour une valorisation totale comprise entre 25 et 30 milliards de dollars.

Il reste encore plusieurs acteurs de taille plus modeste dans le secteur, comme Cox Communications ou Mediacom. Toutes deux sont non cotées, mais si cette opération géante obtient le feu vert du régulateur des télécoms, elles n'auront pas d'autre choix que de s'allier entre elles pour répondre à la pression concurrentielle. Au niveau financier, Altice USA peut avoir les moyens de ses ambitions, en tout cas pour le moment, car les taux restent très bas et les marchés semblent avoir déjà digéré la prochaine montée des taux par la Fed à la fin de l'année.

Article original paru sur WanSquare le 14 novembre 2016.

 

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