MWC : le PDG d'Orange s'en prend aux régulateurs européens des télécoms

MWC : le PDG d'Orange s'en prend aux régulateurs européens des télécoms Stéphane Richard demande aux autorités qui régulent le marché de prendre en compte l'investissement consenti par les opérateurs pour adapter leur infrastructure à la 5G et appelle à une concentration du secteur en France.

Le patron d'Orange, poil à gratter de l'édition 2017 du Mobile World Congress de Barcelone, est venu asticoter le régulateur européen des télécommunications au cours d'une conférence sur la 5G. "Nous investissons 15 milliards d'euros entre 2015 et 2020 pour adapter notre infrastructure à la 5G. Je ne me plains pas, mais j'aimerais que les autorités qui régulent notre secteur prennent en compte dans leurs décisions le challenge que représentent ces investissements massifs pour les opérateurs", a affirmé le dirigeant en regardant avec un demi-sourire son voisin Andrus Ansip, vice-président de la commission européenne et responsable du marché unique numérique. De 2020 à 2035, les acteurs de la chaine de valeur de la 5G devront investir chaque année 200 milliards de dollars par an pour déployer une infrastructure adaptée, prévoit une étude d'IHS Markit.

Le patron d'Orange Stéphane Richard à côté d'Andrus Ansip, responsable du marché unique numérique de l'Union Européenne. © Lélia de Matharel - JDN

Ces investissements sont pourtant la condition sine qua non de l'émergence de la 5G en Europe, "dont le déploiement devrait permettre de dégager 12 300 milliards de de dollars revenus à l'échelle mondiale d'ici 2035", souligne Stéphane Richard, conscient de son pouvoir dans le bras de fer qui l'oppose au régulateur.

Le porte-voix des telcos tricolores espère également voir le secteur se concentrer en France. Il est toutefois conscient de la faible probabilité qu'une opération de rachat aboutisse au vu des très nombreuses conditions à remplir (accord des actionnaires, réglementations sur la concurrence…). Ce qui ne l'empêche pas d'argumenter : "La Chine compte 1,3 milliard d'habitants mais seulement trois opérateurs. Les investissements que nous devons fournir sont très lourds, l'équation serait plus facile à résoudre sur un marché plus condensé". C'est alors au tour d'Andrus Ansip de sourire. "L'innovation et la compétitivité des tarifs pour le client final est très largement favorisée par une concurrence forte", assure l'émissaire de Bruxelles.

"Pour favoriser l'émergence d'une offre à des tarifs compétitifs, les autorités nationales des télécommunications doivent libérer de nouvelles bandes de fréquences à des tarifs raisonnables", répond Stéphane Richard du tac au tac. Le patron d'Orange appelle également les industriels à exprimer leurs besoins aux opérateurs, qui développent en grande partie cette infrastructure pour répondre à leurs besoins (usine 4.0, logistique connectée…).