G8 : une équation très mondialisée
Le G8 se réunit alors que l'OCDE fait part, pour 2014, de perspectives économiques modérément optimistes. En Europe, la reprise proviendra du commerce. Même si les relations avec la Chine font débat...
Agenda serré pour David Cameron
Le prochain sommet du G8 se tiendra en Irlande du Nord et sous présidence britannique. Les dirigeants des huit pays les plus industrialisés (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Italie, Japon, Canada, Russie) s’y retrouveront pour deux jours, les 17 et 18 juin 2013. Le président du Conseil européen, M. Van Rompuy, et le président de la Commission européenne, M. Barroso, y représenteront l’Union européenne. Cette année, le Premier ministre britannique, M. Cameron, a choisi d’orchestrer la réflexion et les travaux du G8 autour des principaux défis à relever pour promouvoir la croissance mondiale, l’emploi et la prospérité à long terme.
Le constat de la Commission européenne comme de l’OCDE
est que le pire de la crise est désormais derrière. Les marchés
financiers y croient aussi : le cours des actions a bien progressé
depuis le début 2013 et les taux d’intérêt ont baissé. Les perspectives
économiques sont moins déprimées, et la croissance des pays du G8
devrait accélérer en 2014. Toutefois, en zone euro, la situation ne
s’améliore que lentement. Après -0,5 % en 2012, la croissance du PIB de l’Union monétaire devrait enregistrer en 2013 une deuxième année de contraction (-0,6 %)
avant de se redresser à l’horizon de l’année prochaine (1,1 % en 2014,
selon l’OCDE).
Les politiques d’austérité mises en place ont déprimé la
demande interne qui devrait demeurer faible encore cette année, en dépit
des délais accordés à quatre pays membres, (deux ans pour la France et
l’Espagne, un an pour la Belgique et les Pays-Bas) par la
Commission européenne pour ramener leur déficit à 3%. La Commission
exhorte donc la zone euro à poursuivre les réformes nécessaires afin de
libérer les flux d’investissement privé (la mise en œuvre de l’union
bancaire est, à ce titre, essentielle) et libéraliser le marché du
travail pour faire reculer le chômage.
Mais ces réformes ne porteront pas leurs fruits dans
l’immédiat.
A court terme, le commerce extérieur devrait être le
principal moteur de la croissance. Tout dépendra donc des perspectives
d’activité des principaux partenaires commerciaux de la zone euro. Or,
les grands marchés à l’exportation de l’Union monétaire peinent encore à
accélérer.
Il en va ainsi de la Chine, deuxième partenaire commercial de l’Europe (EUR 32mds), après les États-Unis (EUR 52mds). Après avoir enregistré en 2012 le taux de croissance le plus faible depuis 1999,
7,8 %, les enquêtes récentes et les données douanières signalent une
poursuite du ralentissement économique, en dépit des mesures de relance
introduites fin 2011.
Lutte contre le protectionnisme
Dans ces conditions, la décision de l’Allemagne de
s’opposer aux sanctions recommandées par la Commission à l’encontre des
producteurs chinois de panneaux photovoltaïques illustre parfaitement le
pragmatisme berlinois face à la mondialisation. La Chine est le premier
débouché pour l’industrie automobile ou encore les machines-outils allemandes. Aussi la Chancelière, Angela Merkel, a-t-elle reçu, dimanche
dernier, le Premier ministre chinois, l’assurant qu’elle mettrait tout
en œuvre pour éviter l’instauration de politiques protectionnistes. Par
ailleurs, la Chine s’apprête à signer un accord de libre-échange (1) avec
la Suisse, le premier avec un pays d’Europe continentale, une forme de
pied de nez à la Commission européenne qui négocie par ailleurs avec les
Chinois un traité visant à sécuriser juridiquement les investissements
européens dans l’Empire du milieu. Les négociations s’avèrent complexes,
alors même que la Commission vient de lancer une nouvelle enquête se
rapportant aux pratiques déloyales dans le secteur des équipements de
télécommunications chinois.
Avec les Etats-Unis, les relations
apparaissent moins tendues. Le Parlement européen vient de voter
majoritairement en faveur de l’ouverture des négociations d’un accord de
libre-échange (ALE) américano-européen, un
accord qui devrait exclure les services culturels et audiovisuels.
L’Union européenne et la zone euro, en particulier, ont tout à y gagner.
Cette dernière n’a pas perdu de parts de marché aux États-Unis. Elle tend même à en regagner. La signature d’un traité de libre-échange serait, dans ces conditions, un véritable atout pour la zone, qui s’arrimerait ainsi encore plus étroitement au moteur américain, actuellement en
phase d’accélération. Les dernières données publiées indiquent, en
effet, une accélération de la reprise outre-Atlantique
Lutte contre l’évasion fiscale
Enfin, le Royaume-Uni s’est aussi engagé à prendre à la tête du G8 l’initiative de la lutte contre l’évasion fiscale. A ce titre, M. Cameron a fort à faire avec certaines des dépendances de la couronne britannique (les îles anglo-normandes ou encore l’Ile de Man ne sont pas rattachées au Royaume-Uni) et des territoires britanniques d’outre-mer, comme les îles Caïman, sixième centre financier mondial en 2010. Ce large réseau britannique de places off-shore a souvent été cité, par le passé, par le Luxembourg et la Suisse comme un argument justifiant le maintien du secret bancaire chez eux.
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(1) Dans le cadre de l'accord de libre-échange
entre la Suisse et la Chine, 84 % des exportations suisses vers la Chine
et 99,7 % des exportations chinoises vers la Confédération helvétique
seront exemptées de droits de douane.