Les PDG ne sont efficaces que 5 ans... mais la plupart restent 10 ans

Les PDG ne sont efficaces que 5 ans... mais la plupart restent 10 ans Avec le temps, les dirigeants d'entreprise se renferment sur eux-mêmes et ne sont plus assez à l'écoute du marché.

Un rapport publié par le Conference Board montre que les PDG restent en poste plus longtemps qu'ils ne devraient.

La durée moyenne des mandats des PDG du S&P 500 est de 9,7 ans. C'est le cas depuis 2002 et une récente étude de l'université Temple laisse à penser que cela pourrait être un problème pour les entreprises.

L'étude mesure la performance des PDG au fur et à mesure des années et démontre que la "durée de vie optimale" d'un PDG est de 4,8 ans.

La conclusion de cette étude c'est que, après cinq ans, les dirigeants opérationnels s'appuient plus sur leur réseau interne que sur les signaux envoyés par les marchés. Cette tendance à se renfermer les rend moins sensibles aux conditions du marché et aux consommateurs, ce qui finit par nuire à l'entreprise.

Dans ce cas, pourquoi autant de PDG reportent leur départ, quitte à compromettre leur entreprise ?

Charles Wardell, PDG de Witt/Kieffer, explique la difficulté du processus de transition : "le plus gros problème, c'est l'incertitude créée, l'incertitude quant à ce que va faire le nouveau PDG."

Le changement est un sujet sensible pour tout un chacun, en particulier pour quelqu'un qui occupe une place si haut placée.

Selon Wardell, il y a trois raisons pour lesquelles un PDG quitterait ses fonctions ou serait remercié.

1. Burn out ou perte d'enthousiasme pour le poste

Après 5 ans, les PDG ont tendance à se renfermer sur eux-mêmes et à être moins sensibles aux signaux envoyés par le marché

"Quand un PDG commence à se rendre compte que ses aptitudes ne sont plus adéquates, que son enthousiasme s'éteint ou qu'il est fatigué des responsabilités qu'implique son poste, explique Wardell, il se présente au conseil et dit "je suis à cours de motivation, en burnout. Il va falloir songer à me remplacer l'année prochaine."

Dans ce cas, un planning stratégique pour préparer la succession peut être mis en place et rendre la transition moins difficile.

2. Changements du marché

"Souvent, c'est le marché qui dicte sa loi, et provoque un changement si radical du projet d'entreprise que les compétences du PDG ne correspondent plus aux besoins de l'entreprise", explique Wardell.

Une entreprise peut avoir une stratégie établie mais, au final, c'est un facteur externe à l'entreprise et hors de contrôle du PDG qui peut contraindre à une transition brutale.

3. Décision du conseil : trop c'est trop

Pousser un PDG à démissionner pour quelque raison que ce soit (âge, compétence ou vulnérabilité) peut provoquer des turbulences et des tensions dans l'entreprise, rendant la transition plus compliquée que prévue.

Il est impossible de garantir un changement de direction en douceur. Cette incertitude inquiète et incite les PDG à rester en place plus longtemps qu'ils ne devraient.

Alors, que peuvent faire les entreprises ?

"Nous ne sommes pas en train de dire "virez votre PDG après 5 ans d'exercice", explique Michelle Andrews, co-chercheuse de l'étude. "Mais si le conseil d'administration de l'entreprise restructure les fonctions du PDG pour mieux s'adapter aux consommateurs, vous verrez des résultats plus positifs. Après tout, l'entreprise ne fonctionne que si elle a une clientèle. Sans clientèle, aucune entreprise ne peut prospérer."

Article de Kathleen Elkins. Traduction par Manon Franconville, JDN.

Voir l'article original : CEOs are only effective for 5 years — but most stay for almost 10