Le monde à l'ère du chômage de masse Une génération sacrifiée ?

On l'a vu, les jeunes sont les principales victimes de l'explosion du chômage. Un drame sur le court comme sur le long terme. Car une entrée dans la vie active en une période aussi rude a des conséquences qui vont bien au-delà de simples difficultés pécuniaires passagères.

les études ne protègent pas.
Les études ne protègent pas. © JDN

Commençons tout de même avec le strict aspect financier et par ceux qui ont la chance de trouver un emploi. Selon Till von Wachter, professeur à l'université de Columbia, un jeune diplômé américain qui trouve un emploi en période de récession gagne entre 10 et 15% de moins que s'il avait obtenu son diplôme en période de croissance. Et cette inégalité de départ ne pourra pas être rattrapée avant au moins 10 ans : les étudiants sont coincés dans des métiers moins qualifiés que ceux auxquels ils auraient pu prétendre, les salaires augmenteront moins rapidement qu'ils n'avaient "baissé" d'un coup. C'est ce que les économistes appellent le déclassement conjoncturel, également provoqué par des salaires d'entrée traditionnellement en baisse en période de récession.

Une problématique auxquels sont également confrontés ceux qui mettront plusieurs années à trouver un emploi. Non seulement ils commenceront leur progression salariale plus tardivement, mais de plus ils auront toutes les chances d'obtenir un emploi moins qualifié que celui auquel ils étaient en droit d'espérer. Quand les entreprises reprennent leurs embauches, elles préfèrent miser sur des jeunes qui viennent d'obtenir leur diplôme et sont donc censés avoir des qualités plus à la page.

la baisse est constante depuis le début de la crise.
La baisse est constante depuis le début de la crise. © JDN

A noter également les conséquences à long terme sur les mentalités des jeunes. Selon le National Bureau of Economic Research, les personnes de 18 à 25 ans confrontées à une période de récession pensent majoritairement que le succès dépend davantage de la chance que du travail, ils sont plus enclins à approuver les politiques de redistribution et font moins confiance aux institutions publiques.

Enfin, aux Etats-Unis particulièrement, la précarité des jeunes est renforcée par le montant élevé des prêts étudiants souscrits par nombre d'entre eux pour financer leurs études. Là encore un boulet qu'ils traîneront pendant de longues années.