Avec Eurolines, Veolia veut tailler des croupières à la SNCF

Avec Eurolines, Veolia veut tailler des croupières à la SNCF La compagnie d'autocars tente une incursion sur le marché intérieur français récemment libéralisé.

C'est l'une des plus grosses compagnies d'autocars d'Europe mais elle ne compte qu'un seul autocar.  VT-Eurolines, société qui propose des liaisons internationales en France, en Belgique et aux Pays-Bas, sous-traite en réalité la totalité de ses trajets à d'autres autocaristes. "Nous nous gérerons l'organisation et la commercialisation des lignes", reconnait Antoine Michon, directeur général de cette filiale de Veolia qui emploie 300 personnes... dont un seul chauffeur de car. Une astuce qui lui permet d'afficher un beau bilan : en 2010, les franchises Eurolines de Veolia ont transporté 1,1 million de passagers et réalisé 62,5 millions d'euros de chiffre d'affaires, en hausse de 2% par rapport à 2009.

"Nous nous contentons de gérer l'organisation des lignes."

Et l'entreprise ne compte pas s'arrêter là. Non contente de dominer le marché des liaisons internationales de voyageurs, Eurolines a lancé l'offensive sur les liaisons intérieures interrégionales. "C'est l'un des moteurs de notre croissance", révèle Antoine Michon dans une jolie métaphore. Depuis septembre, sa société commercialise 108 trajets différents entre des villes françaises comme Paris et Rennes ou Toulouse et Perpignan. Et elle envisage de proposer 300 destinations à ses clients d'ici la fin de l'année. C'est la traduction de la libéralisation des transports interrégionaux voulue par Bruxelles. Jusqu'ici, le transport national par car était interdit une fois sorti du périmètre d'une région. La situation préservait ainsi le monopole de la SNCF.

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Un autocar qui effectue la liaison Paris-Bruxelles, une des lignes les plus fréquentées. © Eurolines

Maintenant que le cabotage est autorisé, autrement dit que des escales sur des trajets internationaux par autocar sont possibles, à condition pour la compagnie de ne pas embarquer plus de 50% de voyageurs sur le territoire français et de ne pas y réaliser plus de 50% du chiffre d'affaires, c'est tout un marché qui s'offre à elle. Une aubaine pour Eurolines qui espère conquérir "50 000 nouveaux passagers par an", selon Antoine Michon.

Et sa compagnie a des arguments à faire valoir pour bousculer avions et trains. D'abord ses prix : "Ils sont en moyenne deux fois moins chers que le train ou l'avion". Quand un Paris-Rennes en train affiche 55 euros au minimum, Eurolines vend ses places 24 euros. De quoi séduire la jeune clientèle qui représente d'ores et déjà plus de 50% de ses passagers sur les trajets par cabotage contre 35% sur ses lignes internationales. Ensuite, le faible cout de ses infrastructures. Pas besoin d'un aéroport pour accueillir des voyageurs à la descente d'un car. "Nos arrêts sont en centre-ville et cela est un vrai avantage concurrentiel."

Consciente du danger qui la guette, la SNCF fait désormais plancher une équipe d'experts pour créer un réseau d'autocars de longue distance. Ironie de l'histoire, Keolis, sa filiale de transport public par autocar a détenu 50% d'Eurolines France... jusqu'en 2005. Son associé s'appelait Veolia.