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Jeunes cadres et DRH : le dialogue de sourds
Exit l'attachement à la culture de l'entreprise : les jeunes cadres privilégient leur réalisation personnelle. Mais ce nouveau rapport au travail est jugé immature par les DRH. (janvier 2004)
 
Dossier

Tous en conviennent. Le premier recrutement est un moment décisif. Mais pour le reste, les directeurs des ressources humaines et jeunes diplômés ne se comprennent pas. C'est ce que révèle une étude TNS Sofres réalisée pour l'ESCP-EAP. Rendue publique en décembre 2003, cette enquête miroir en trois volets (recrutement, intégration, gestion de carrière) croisent les regards entre 80 responsables ressources humaines de grandes entreprises et 170 jeunes cadres issus d'HEC, de l'Essec, de l'ESCP-EAP, de l'EM Lyon et de Dauphine.

Du côté des entreprises, les DRH perçoivent les nouvelles exigences des jeunes diplômés (ambiance, qualité de vie, désir de se réaliser soi-même…) comme une tendance lourde. Les deux tiers des DRH interrogés estiment que ces nouvelles exigences sont le fruit d'une mutation socioculturelle, et non d'un effet conjoncturel. Mais la plupart estime que ce nouveau rapport est immature. Les DRH dénoncent les fortes exigences des jeunes cadres pour un faible engagement.

Autre déphasage : les jeunes cadres, comme les DRH, accordent de l'importance à l'éthique, mais sans lui donner la même signification. Pour les jeunes cadres, il s'agit de valeurs garantes de la vie en communauté, d'un équilibre entre esprit individuel et collectif. Pour les DRH, il s'agit au contraire du respect de valeurs et de normes comportementales.

Les ressorts de la satisfaction des jeunes cadres (source TNS Sofres)
Critères de satisfaction
Satisfaits        DRH       Jeunes cadres
Ambiance de travail
  97 %
  83 %
Travail en équipe
  97 %
  78 %
Développement des compétences
  90 %
  71 %
Marge d'autonomie
  87 %
  72 %
Intérêt des tâches confiées
  87 %
  68 %
Intérêt porté par le manager 
  83 %
  71 %
Reconnaissance des compétences
  70 %
  68 %
Equilibre vie professionnelle / vie privée
  60 %
  67 %
Visibilité sur les possibilités d'évolution
  53 %
  45 %

Site
  TNS Sofres

Mais c'est surtout en matière de visibilité sur les possibilités d'évolution que le bas blesse : seuls 45 % des jeunes cadres se disent satisfaits par la politique de leur entreprise dans ce domaine. Un constat pour une fois partagé par les DRH, puisque seuls 53 % d'entre eux s'avouent satisfaits également sur ce point. Au contraire, l'ambiance de travail est jugée satisfaisante pas plus de 80 % des jeunes cadres et des DRH.

En matière d'intégration professionnelle, là encore, un décalage existe entre les deux populations. Les DRH sont 80 % à juger les jeunes cadres satisfaits, alors que 69 % le sont réellement. 60 % des nouvelles recrues estiment que les entreprises ne gèrent pas bien l'intégration professionnelle des jeunes diplômés. Les DRH sont 50 % à penser la même chose, mais ne se sentent visiblement pas concernés : les deux tiers ne mettent pas en cause la politique d'intégration de leur entreprise.

Les facteurs d'intégration des jeunes cadres (TNS Sofres)
Quelles conditions pour le succès de l'intégration professionnelle ?
Jeunes cadres
DRH
Maîtriser rapidement les process de travail, l'organisation
61 %
53 %
Savoir s'intégrer à la culture de l'entreprise
33 %
70 %
S'entendre avec ses collègues
32 %
13 %
S'entendre avec sa hiérarchie
29 %
17 %
Savoir décrypter les circuits de pouvoir
26 %
7 %
Avoir une vision d'ensemble de l'entreprise et de ses métiers
18 %
40 %

L'origine de ce malaise est probablement liée à un désaccord sur les moyens. Pour 61 % des jeunes cadres, l'intégration passe principalement par la maîtrise rapide des process de travail et de l'organisation. Les DRH citent quant à eux l'adoption de la culture d'entreprise (70 %). Un décalage symptomatique de cette nouvelle génération "plus tournée vers l'ego".

Les avis divergent également sur la qualité de la formation. 67 % des jeunes diplômés s'estiment bien préparés à la réalité de l'entreprise, contre 40 % de DRH. Surtout, 74 % des DRH affirment que les jeunes cadres surestiment leurs compétences… contre 18 % des diplômés.

Sur la gestion de carrière, le consensus est plus fort. Tous s'accordent sur l'attrait de la mobilité intra-entreprise et inter-entreprise et sur les opportunités offertes par la mondialisation. En revanche, les visions de l'avenir professionnel divergent à nouveau. Les nouvelles recrues aspirent à devenir des experts plus que des managers. 53 % des jeunes cadres préféraient être, dans dix ans, experts renommés dans leur secteur de prédilection, alors que 63 % des DRH pensent qu'ils préféraient être reconnus comme dirigeants d'entreprises.

L'évaluation d'après les jeunes cadres (TNS Sofres)
Les procédures
d'évaluation sont...
% de "oui"        DRH       Jeunes cadres
Claires 
  83 %
  50 %
Efficaces 
  80 %
  51 %
Equitables 
  93 %
  53 %

Dossier

Sur les moyens de gérer sa carrière, le désaccord persiste. Par exemple, seulement la moitié des jeunes cadres juge les évaluations claires, efficaces et équitables. En matière de formation, presque tous les DRH sont satisfaits, contre 56 % de jeunes cadres. Enfin, seulement un tiers des jeunes diplômés estiment que les DRH les informent suffisamment sur les opportunités de l'entreprise, alors que les deux tiers des responsables des ressources humaines estiment parfaitement assurer ce rôle. Les uns sont critiques, les autres auto-satisfaits. Autant d'incompréhensions qui devront être levées pour aborder sereinement le "papy boum".

 

Rédaction, Le Journal du Management
   
 
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