En finir avec les poncifs du management Vive les managers vulnérables

Les managers efficaces ne contrôlent pas toute la situation

« La nécessaire vulnérabilité.

De façon absurde, nos affaires humaines les plus importantes - mariage, éducation des enfants, études, responsabilité professionnelle - réussissent mieux quand il y a une perte occasionnelle de contrôle et une augmentation de la vulnérabilité personnelle, des moments où nous ne savons que faire.

Pour m'expliquer, je précise que je ne parle pas d'un état continu de passivité ou de désolation. Je ne suggère pas non plus que les managers doivent s'abstenir d'agir, d'exercer leur autorité ou de suivre leur jugement. Mais les gens doivent savoir qu'ils ont affaire à une authentique personne et non pas à quelqu'un qui les "manœuvre". A nouveau, cela concerne le caractère déplacé de la technique.

Pensez à la différence entre la séduction et l'amour. La technique est requise dans la première, mais superflue dans le second. Être vulnérable, désemparé, malmené par les événements, peiné par toute séparation, brûlant pour une prochaine rencontre, malade de jalousie, planer dans l'extase, puis plonger dans l'anxiété - tout cela, c'est ce qui fait une affaire de cœur. Si vous savez comment avoir une affaire de cœur, ce n'est plus de l'amour, c'est de la séduction. Ne pas savoir quoi faire, c'est ça qui fait l'amour.

Les managers pensent que les gens avec qui ils travaillent veulent les voir montrer de la constance, de l'autorité et du contrôle d'eux-mêmes - et c'est vrai, bien sûr. Mais à l'occasion, ils veulent aussi exactement le contraire. Ils veulent partager un moment avec vous où vous êtes vraiment vous-mêmes, sans façade ni faux-semblant, où vous vous révélez comme des êtres humains, où vous êtes vulnérables.

Ceci est vrai non seulement dans la direction d'entreprises mais dans chaque activité humaine. C'est ce que les femmes veulent des maris, les enfants des parents, ce que nous voulons les uns des autres. C'est ce que la plupart des disputes et des conflits visent inconsciemment à produire : nous amener à révéler que l'autre a eu un impact sur nous. »

Extrait de En finir avec les poncifs du management, Richard Farson, Editions Maxima, Mai 2008, p.46-47.