Les lois du pouvoir Loi n°10 : Fuyez la contagion de la malchance et du malheur

Le principe

"On peut mourir du malheur d'autrui : les états d'âme sont contagieux. En voulant aider celui qui se noie, vous courez seulement à votre perte. Les malchanceux attirent l'adversité, sur eux-mêmes et aussi, peut-être, sur vous. Préférez la compagnie de ceux à qui tout réussit."

La loi

"Ceux parmi nous qui sont malchanceux à la suite d'un concours de circonstances sur lequel ils n'ont aucun contrôle méritent tout notre soutien et notre sympathie. Mais il y a les autres, ceux qui ne sont pas nés dans la malchance ou le malheur mais qui les attirent par leur destructivité et leur effet déstabilisant sur autrui. Ce serait bien si nous pouvions les aider à se relever, à changer leur schéma de pensée, mais le plus souvent ce sont eux qui finissent par nous infiltrer et nous transformer. La raison en est simple : les êtres humains sont extrêmement sensibles aux humeurs, aux émotions et même aux manières de penser de ceux qui les côtoient.

dans la rome antique, césar n'a pas toujours bien su s'entourer pour gouverner.
Dans la Rome antique, César n'a pas toujours bien su s'entourer pour gouverner. Cela causera sa perte. © Trung Latieule

Ceux qui sont incurablement malheureux et instables ont un pouvoir contagieux particulièrement fort parce que leur personnalité et leurs émotions sont très intenses. Ils se présentent souvent comme des victimes et il est difficile, au début, de comprendre qu'ils sont eux-mêmes à l'origine de leur malheur. Avant que vous ne vous soyez aperçu de la véritable nature de leurs problèmes, vous êtes déjà contaminé.

Comprenez bien ceci : dans le jeu du pouvoir, ceux avec qui vous vous associez ont une importance cruciale. Le risque que vous courez en vous associant à des "agents infectieux" est que vous perdrez une énergie et un temps précieux à essayer de vous en libérer. Par une sorte d'amalgame, vous en pâtirez aussi aux yeux des autres. Ne sous-estimez jamais les dangers de la contagion.

Il y a plusieurs sortes d'agents infectieux dont il faut se méfier mais l'un des plus insidieux est l'insatisfait chronique. Cassius, par exemple, qui conspira contre Jules César, était chroniquement rongé par l'envie : il ne pouvait tout simplement pas supporter la présence de quelqu'un de plus grand talent que lui. C'est probablement parce que César avait perçu chez lui cette constante aigreur qu'il lui préféra Brutus pour le poste de prêteur urbain. Cassius rumina sa rancune, et sa haine pour César devint pathologique. Brutus lui-même, fervent républicain, n'aimait pas la dictature ; s'il avait eu la patience d'attendre la mort de César, il serait parvenu au pouvoir et aurait pu pallier le désastre provoqué par le gouvernement du dictateur. Mais Cassius lui communiqua sa rancoeur, lui ressassant chaque jour les mauvaises actions de César. Il finit par convaincre Brutus de faire partie de la conjuration. C'était le début d'une grande tragédie. Combien de malheurs auraient pu être évités si Brutus avait appris à craindre le pouvoir de la contagion !"

Extrait de "Power, les 48 lois du pouvoir" de Robert Greene, Leduc.s Editions, avril 2009, p.79-80.