"Le pire défaut d'un manager est l'indécision : évoquer
toutes les solutions relatives à un problème donné, surtout ne retenir aucune
option et au final revendiquer la réussite du projet ou bien, le cas échéant,
culpabiliser ses collaborateurs", assure Christian (voir son témoignage).
Les signes qui ne trompent pas
» Vous demandez systématiquement
l'avis de tout le monde avant chaque décision.
» Vous arrivez facilement à la
conclusion qu'une situation conflictuelle se résoudra avec le temps.
» Vos collaborateurs réclament
des traces écrites de chacun de vos engagements, comme s'ils n'avaient
pas confiance.
Des critiques à nuancer
|
|
Sans s'épancher, il faut savoir expliquer les contraintes
qui pèsent sur sa prise de décision. © Getty
|
|
Le courage managérial est une thématique récurrente dans
les entreprises car c'est justement le rôle du manager
de savoir prendre
des décisions difficiles. Néanmoins, une
partie du jugement négatif porté par les collaborateurs
provient de leur difficulté à appréhender
les contraintes de leur manager en matière de prise
de décision. "Ils ne comprennent pas toujours,
ou ne veulent pas comprendre, que vous ne disposez pas systématiquement
de tous les éléments pour décider et
que vous n'avez pas obligatoirement le pouvoir de trancher",
nuance ainsi Pierre-François Brès. Il faut
donc savoir communiquer de manière pédagogique :
expliquer vos contraintes sans pour autant vous épancher,
informer quand la décision est reportée, en
donnant si possible une nouvelle échéance,
limite l'impression d'attentisme que votre comportement
peut générer.
Mais pour être crédible, encore faut-il savoir prendre les choses
en main quand vous le pouvez. "Prendre une décision réduit
le champ des possibles et comme ce qui est vrai aujourd'hui ne le sera plus forcément
demain, l'engagement fait peur", note le consultant. Prendre une décision
ne veut pas obligatoirement dire fermer toutes les autres portes. Cela demande
une certaine gymnastique de l'esprit mais permet d'avancer dans une direction
avec moins de risques. Une bonne décision est ainsi un plan d'action dans
lequel on a prévu ce qu'il faudra faire si le choix était mauvais.
Mettre les pieds dans le plat quand il faut
Enfin, le courage managérial, c'est aussi savoir taper du poing sur
la table quand la situation dérape. C'est vrai avec un collaborateur qui
a besoin d'être recadré mais aussi, dans certains cas, il est vrai
plus rares, avec sa hiérarchie. "Etant donnée sa position particulière
d'intermédiaire, un manager doit savoir défendre ses collaborateurs,
expliquer François Potier. Cela passe par un travail détaillé
sur les arguments qu'il va avancer." Sur certains dossiers sensibles, il
peut, en agissant ainsi, gagner pour longtemps la confiance de son équipe.
D'une manière plus générale, développer un comportement
assertif permet au manager de trouver une position plus équilibrée
entre sa hiérarchie et son équipe. Dans les deux cas, il met en
uvre les mêmes démarches : ne pas chercher à dominer
par la force, ne pas se laisser soumettre pour autant et ne pas développer
des comportements de manipulation. En somme, affirmer ses droits, défendre
ses convictions en respectant les autres. Un comportement qui demande une certaine
dose de confiance en soi et qui s'acquiert petit à petit, en commençant
par les sujets que l'on maîtrise le mieux et les interlocuteurs avec lesquels
on se sent le plus à l'aise.