Des Baby-Boomers à la Génération Y : une histoire d'étiquettes ?

Dans un monde en pleine accélération, la confiance est devenue aujourd’hui un des principes déterminants des entreprises où il fait bon travailler. Pourtant, il nous arrive tous de nous trouver désarmé face à des modes de fonctionnement que l’on ne comprend pas, face à des personnes d’une autre génération que la nôtre. Quid des conflits intergénérationnels entre Baby-Boomers, Générations X et Y au travail ?

Savoir se dire les choses, accepter les différences, tolérer d’autres façons de faire, voilà autant d’éléments difficiles à mettre en place avec la cohabitation des 3 générations actuellement en entreprise. Ainsi, il a été démontré que les conflits intergénérationnels entre Baby-Boomers, Générations X et Y impactent fortement la productivité au travail.

D’après la dernière étude menée par l’American Society for Training Development (ASTD), et Joseph Grenny, auteur du bestseller Crucial Accountability, plus d’1 personne sur 3 perd au moins 5 heures par semaine à cause de désaccords permanents et occultés entre collègues de différentes générations. Les deux générations qui ont le plus de mal à cohabiter professionnellement sont les Baby-Boomers (49-67 ans) et la génération Y (20-33 ans). Notamment :

  • Pour les plus jeunes : rejet de l’expérience des plus anciens
  • Pour les plus anciens : manque d’engagement des plus jeunes
  • Pour tous : manque de respect

Nous avons trouvé intéressant que cette étude, qui comprenait plus de 1300 répondants mette en évidence l’incompétence généralisée de chacune des générations à rapidement gérer les problèmes grâce à des conversations franches et sincères. Toutes générations confondues, 1 personne sur 4 a admis éviter les conflits avec les collègues d’une autre génération. Dans le cas où elle fait face au problème, elle a tendance à tourner autour de celui-ci sans véritablement en aborder le fond. De même :

  • Les jeunes générations hésitent à tenir responsable les plus anciens.
  • La génération Y est la moins confiante quant à sa capacité à gérer une conversation difficile.
  • Les générations plus anciennes, Baby-Boomers et Seniors, admettent perdre leur calme durant des conversations difficiles, avec 1 personne sur 4 qui se dit frustrée, déçue ou énervée dans ces moments-là.

Pour finir, chaque catégorie d’âge a une perception négative d’une autre :

  • Les Baby-Boomers se plaignent des Générations X (34-48 ans) et  Y (20-33 ans) pour leur manque d’engagement, de discipline et de priorisation.
  • La Génération X considère que les Baby-Boomers sont réfractaires aux changements, peu flexibles, souvent sur la défensive et peu créatifs. Ils trouvent également  la Génération Y arrogante.
  • La Génération Y estime de la même manière que les Baby-Boomers sont réfractaires aux changements, insensibles, peu réactifs et incompétents. Ils trouvent que les X manquent de capacités à résoudre les problèmes et se montrent généralement lents dans leurs prises de décision.
Que de stéréotypes !

« Nous avons été frappés par l’ironie des histoires que les gens partagent » confie Joseph Grenny.  « Certains nous ont dit : elle est paresseuse parce qu’elle est vieille, pendant que d’autres disaient : elle est paresseuse parce qu’elle est jeune ! »

Souvent, les gens attribuent leurs problèmes à des différences de générations pour se chercher des excuses et ne pas agir. Quand on colle une étiquette à une génération, elle finit par apparaître comme une réalité : les gens pensent que ce qui les dérange chez les autres s’explique par la différence d’âge, ils se disent qu’ils ne pourront rien changer et se contentent de laisser les choses telles qu’elles sont. Ainsi, ce qui a dérangé perdure et est perçu au final comme une caractéristique propre à cette génération.

« Il s’agit de l’erreur fondamentale d’attribution qui consiste à associer un comportement à un stéréotype plutôt qu’à des choses que l’on pourrait influencer, » nous explique Joseph Grenny. « Lorsque nous faisons ce genre de raccourci, nous justifions notre inaction face au problème par des propos qui rejettent la responsabilité sur l’autre (trop jeune ou trop vieux), rendant impossible la création d’un environnement propice à de bonnes conditions de travail. »

Au final, ne voyons-nous pas que les clivages entre générations ne sont souvent que le résultat d’une vision stéréotypée ? Ne sommes-nous pas en train de juger rapidement, nous raconter une histoire pour justifier nos difficultés de fonctionnement avec des personnes qui sont différentes de nous ? Se poser la question constitue le premier pas vers une prise de conscience, un premier pas pour commencer à travailler sur soi afin de maîtriser nos histoires, ne plus écouter nos préjugés, et chercher à traiter les problèmes au travers du dialogue.

Certes aborder des sujets épineux avec des personnes d’autres générations n’est pas forcément chose aisée, aussi nous vous rappelons quelques principes de base qui nous viennent des entreprises qui savent gérer les conversations cruciales. Voilà quelques conseils que nous vous donnons pour vous aider à oser dire les choses à n’importe qui, peu importe l’âge ou la position de la personne :

  1. Être clair sur l’objectif de la conversation.
  2. Essayer de trouver un but commun, qui va satisfaire les deux parties.
  3. Différencier les faits avérés des préjugés et histoires que l’on se raconte.
  4. Être prêt à se remettre en question, à accepter l’opinion et le point de vue de l’autre.
  5. Penser à mettre de la sécurité, à rassurer l’autre sur nos intentions, et à l’assurer de notre respect.

La diversité des âges est un atout dans une entreprise,  un facteur d’épanouissement personnel et de réussite collective. Faisons évoluer les mentalités, construisons sur les différences et gagnons ainsi en efficacité, productivité et performance !