Pourquoi les salariés méritent-ils d’être chouchoutés ?

Malmenés, stressés, menacés de plan social, pollués par les mails ou les problèmes personnels, les salariés ont des raisons de ne plus atteindre les objectifs fixés par la direction. Ils ne sont pas les seuls responsables. Et si les entreprises réalisaient qu’elles peuvent agir sur le moral des troupes pour booster leur compétitivité ?

burnout L’expression métro-boulot-dodo en fait frémir plus d’un mais n’est pas si terrible quand on parvient à décompresser pendant son temps libre. Un français dispose en moyenne de cinq heures par jour - encore faut-il que ce temps précieux ne soit pas entièrement consacré aux corvées ménagères et autres obligations de la vie quotidienne…
Lorsque l’équilibre entre le travail et la vie privée est rompu, les conséquences sont quasi immédiates et très néfastes. Eh oui, quand le privé entre dans le professionnel, la productivité au travail en pâtit mécaniquement mais les entreprises en sont-elles conscientes ?

Zoom sur la relation entre le salarié et l’entreprise en 2013

Le baromètre 2013 de la mutuelle Malakoff Médéric qui assure 3,7 millions de salariés est devenu une référence en qualité de vie au travail et un compte-rendu précieux sur les attentes et les perceptions des employés. Les  salariés attendent en priorité davantage de reconnaissance (36%) et des perspectives d’évolution (34%). Jusque là tout va bien étant donné que dans les critères de l’épanouissement personnel, le besoin d’être félicité et d’avancer en suivant un objectif précis tiennent une place importante. Pourtant, le système de la carotte est vieux comme le monde et tout un chacun sait qu’une personne est bien mieux dans ses baskets – ou ses escarpins, c’est selon – si on reconnaît ce qu’elle fait de bien. Pourquoi les entreprises ont-elles oublié ce principe fondamental ?
Tout simplement à cause de la course au profit, des plans sociaux, des restructurations diverses.
Comme en 2012, une majorité de salariés (71 %) attribue une note supérieure à 6 (sur une échelle de 0 à 10) pour évaluer leur qualité de vie au travail. Enfin, 29 % des salariés restent plutôt insatisfaits de leur qualité de vie au travail (note inférieure ou égale à 5). Plus d’un quart souffre donc de pressions diverses, de stress, de problèmes d’organisation, de motivation ou de récompense.
Là où les choses se corsent, c’est quand 39 % d’entre eux avouent avoir du mal à gérer les priorités (en hausse de quatre points par rapport à 2012) et que 70% disent avoir un travail haché (en hausse de douze points par rapport à 2009).
La faute à qui ? La faute à l’avalanche de mails qui ne permet pas de se concentrer sur une durée donnée, surtout lorsqu’ils se terminent par des formules telles que « réponse urgente », « j’ai besoin de tel récap dans une heure », « merci de répondre au plus vite », etc.
Pourtant, les professionnels du monde de l’entreprise sont conscients de l’importance du bien-être des salariés dans leur entreprise : « Dans l’actuel contexte de crise, la bonne note que les salariés attribuent à leur qualité de vie au travail est un point fort pour les entreprises », explique Julien Guez, directeur de la stratégie et marketing.

Qu’est-ce qu’on attend pour lutter contre le stress ?

Pour mettre tout le monde au diapason, il est bon de rappeler qu’il s’agit d’une réponse de l’organisme à une agression psychologique ou physique ainsi qu’aux émotions désagréables.
Un salarié stressé n’a plus les cartes en main pour travailler efficacement et irrémédiablement les mauvais points s’enchaînent : irritabilité, perte de productivité, incapacité à communiquer correctement, mauvaise organisation…
Tout stress n’est pas forcément mauvais car si la personne parvient à s’adapter, elle peut travailler avec plus d’efficacité, certes, mais c’est une question de constitution. Par contre, si elle se laisse submerger par un mauvais stress sur la durée, elle peut user la corde et aller doit au burnout sans rien voir venir, évidemment.
La crise économique a accru les problèmes émotionnels au sein des entreprises tant au niveau des chefs que des salariés. Les cas de suicides sur le lieu de travail se sont développés aux quatre coins du monde et les maladies liées au stress ne cessent d’augmenter.
Au cours des dernières années, la qualité de vie au travail a gagné en importance dans la stratégie des entreprises.
Un Accord National Interprofessionnel (UNI) a été signé en 2013 et dit ceci : "La compétitivité des entreprises passe notamment par leur capacité à investir et à placer leur confiance dans l’intelligence individuelle et collective pour une efficacité et une qualité du travail. Elle dépend aussi de leur aptitude à conjuguer performances individuelles et collectives dans le cadre du dialogue social. La qualité de vie au travail contribue à cette compétitivité". Les signataires de ce texte sont donc bien conscients de l’impact de la qualité de vie au travail sur la performance et la compétitivité. Grâce à l’utilisation du mot magique « compétitivité », il se pourrait bien qu’un vent de bon sens s’abatte sur le monde du travail.

Miser sur la prévention : tu ne stresseras point

Le cas des suicides dans les grandes entreprises a agité le drapeau rouge : il faut faire de la prévention de risques liés au stress plutôt que d’attendre de gérer des crises.
La solution idéale serait de mettre en place une politique de prévention pour aider les salariés à faire la part des choses entre la vie privée et la vie professionnelle. En effet, des événements de la vie privée peuvent avoir une influence négative sur le travail et les causes sont légions : s’occuper de jeunes enfants ou de personnes dépendantes, subir des horaires fluctuants, avoir une surcharge de travail, être trop sollicité… d’où l’intérêt de savoir gérer ses émotions.
Par exemple, la mise en place d’un psychologue en interne peut permettre aux salariés comme aux cadres de bénéficier d’une oreille attentive et de conseils pratiques pour traverser les moments difficiles. La difficulté de passer le pas de demander de l’aide auprès d’un professionnel est gommée par la proposition faite en entreprise, grâce à cela, le salarié qui en a besoin peut être aidé plus tôt et sans contraintes.
De plus, permettre au salarié de décompresser pendant les heures de travail, ne serait-ce que quelques minutes, apparaît comme un remède efficace aux problèmes liés au stress. Bénies soient les entreprises qui offrent un babyfoot, une salle de repos, et des petits plus comme des masseurs.

Conclusion

Certaines entreprises semblent prendre conscience de la corrélation directe entre la productivité et la qualité de vie au travail, alléluia. Elles mettent en place des solutions concrètes et prennent conscience des bénéfices d’un bon traitement des salariés. Cela pourrait lancer la mode du « stop au goulag », pour le bien de tous, et redonner foi en l’entreprise. Aller travailler heureux chaque matin, tout en étant massé, chouchouté et félicité pour son travail, c’est peut-être ce qui vous attend, mais c’est pour quand ?