Six mois après...

--- 12 juillet 2000---

Houra.fr : bilan positif pour le plus turbulent des cybermarchés

Que deviennent les "annonces" des acteurs de l'Internet? Le JDNet revient sur un événement que nous avons traité il y a six mois. Aujourd'hui, le site marchand Houra.fr lancé en tout début d'année.
(lire l'article du 13 janvier 2000).

Dans l'univers des supermarchés en ligne, une chose est sûre : il y a un avant et un après Houra. Auparavant réservées à "l'élite" du Web (forts revenus, habitant en région parisienne et vivant à 100 à l'heure), les courses en ligne sont subitement devenues une réalité pour tout un chacun avec l'arrivée du cybermarché du groupe Cora : tarifs se rapprochant de ceux pratiqués par les hypermarchés "physiques", livraisons dans toute la France et campagne publicitaire prônant la "paresse" davantage que le manque de temps. Il fallait oser. "C'est vrai que c'était audacieux, reconnaît Pierre Bouriez, le PDG de Houra.fr. Nous avons eu un peu peur."

Mais la peur n'empêchant pas les moyens, ce sont 20 millions de francs qui ont été investis en publicité. Une somme d'argent qui a eu deux conséquences majeures : un succès immédiat auprès du public qui "voulait voir de quoi il s'agissait" et qui s'est rué en masse, entraînant quelques soucis de logistique (retards de livraison, colis incomplets) et bon nombre de clients mécontents, mais aussi un intérêt soudain pour les cybermarchés, qui a dopé les ventes des principaux concurrents de Houra (Télémarket, C-mescourses et Ooshop). Sans oublier la paternité du terme "cybermarché". Le concept était né en France.

Six mois après, Pierre Bouriez est un homme heureux. Houra.fr vient de se voir remettre le prix de la "Boutique sur le Net" décerné chaque année par la FEVAD (Fédération des Entreprises de Vente à Distance, Lire l'article du JDNet du 10/07/00). Les soucis de logistique du démarrage sont oubliés ("Nous avons 98 % de clients satisfaits"). Le site a enregistré 40.000 commandes depuis son lancement et compte 20.000 clients (dont
70 % de femmes). S'il se refuse toujours à divulguer ses perspectives de chiffre d'affaires (et déclare que le panier moyen pèse 40 kilos contre 20 au démarrage, pour un montant compris entre 300 francs et 3.000 francs !), Pierre Bouriez estime que l'objectif de 100.000 clients avant la fin de l'année est maintenu. Le choix d'une offre produits très large (50.000 références, contre 5.000 à 6.000 pour ses concurrents) fait ses preuves : "Nous vendons de tout, dans des proportions très différentes de celles de la distribution traditionnelle".

Mais le site, qui se distingue des autres par ses livraisons dans la France entière, est forcé de constater que cette condition entraîne quelques soucis. Tout d'abord, son PDG reconnaît que 70 % de sa clientèle habite en Ile-de-France. L'absence de produits frais commence également à se faire ressentir : "C'est vrai que les clients les réclament", admet Pierre Bouriez. Dernier souci : si les habitants de la région parisienne peuvent choisir des plages horaires de livraison de deux heures, ce n'est pas le cas des autres. Les livraisons à domicile deviennent alors nettement moins intéressantes, car il faut soit rester à la maison et attendre, soit se faire livrer au bureau, et rentrer le soir avec tous ses cartons, comme si l'on revenait du supermarché : "Nous essayons d'étendre les plages de deux heures à d'autres villes". Pierre Bouriez reconnaît que les difficultés sont multiples : "Il faut rester simple et répondre aux demandes concrètes. Les clients veulent du Chocapic, il faut leur proposer du Chocapic. Ils veulent des plages horaires de livraison en province, à nous de faire en sorte de leur en proposer." Mais cette vision concrète des choses n'empêche pas le site d'envisager d'ores et déjà un déploiement international.

La concurrence ? Pierre Bouriez la juge positivement. "Nous profitons tous les uns des autres. Mais je pense que nous ne sommes pas complètement concurrents. Les autres visent les courses hebdomadaires. Houra, ce sont plutôt les courses de gros calibre en fin de mois." Quant à savoir quel sera l'avenir des cybermarchés : "Je continue de croire qu'ils représenteront 5 à 15 % de la distribution traditionnelle d'ici trois à cinq ans. Et croyez-moi, cela me convient parfaitement", conclut Pierre Bouriez.
[Laurence Matuchet, JDNet]

Les précédents "6 mois après" sur le JDNet :

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