Comment les grandes entreprises urbanisent leurs systèmes d'information Oberthur Technologies : une chaine de conception de produits intégrée au niveau international

Présent dans 60 pays avec quelque 6500 salariés, le français Oberthur Technologies est le deuxième fabricant mondial de cartes à puces, derrière Gemalto. A la fin des années 1990, son informatique se présente sous la forme d'une série de systèmes d'information géographiques cloisonnés, hérités d'une stratégie de croissance externe. Des projets de mutualisation avaient pourtant été lancés, "mais très peu avaient abouti par manque de sponsors, d'ambition ou d'approche/outils", constate Bertrand Hamon, DSI du groupe.

En 2001, l'éclatement de la bulle Internet est vécu comme un traumatisme par Oberthur qui prend conscience de l'importance de se doter d'un SI mieux intégré, notamment en vue de répondre à un nombre croissant de clients de taille internationale. 

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Bertrand Hamon est DSI d'Oberthur Technologies © Antoine Crochet-Damais / JDN Solutions

Jusqu'alors, les spécifications techniques relatives aux projets de carte à puce sont échangées entre les départements impliqués par le biais de documents Word : 5 centres de R&D sont chargés de concevoir les cartes, 30 centres de services gèrent leur personnalisation, et 10 usines leur fabrication. Non-formalisés et non-standardisés, ces flux de fichiers et de programmes de carte à puces engendraient des erreurs et bugs.  

Une application de personnalisation de cartes à puce unique 

Face à ce constat, Oberthur Technologies dessine les contours d'un nouveau système d'information métier, qui proposerait une chaine de production intégrée, de la R&D à la vente des cartes à puce. Des processus qui seraient composés de solutions maison pour s'adapter au mieux à ses besoins.

De 2004 à 2006, le groupe commence par créer une application de personnalisation des cartes à puce, et la déployer sur l'ensemble de ses sites. La solution est donc développement spécifiquement. En fonction des problématiques métier (passeport, carte étudiant...), des interfaces graphiques sont élaborées par la suite pour faciliter le paramétrage client des cartes à puce. 

Une réduction du délai d'intégration informatique d'une filiale, de 18 à 6 mois

Aux côtés de ces outils métier, reposant sur une pile de composants d'infrastructure standard (serveur d'applications...), Oberthur Technologies s'oriente vers le choix de progiciels du marché pour ses processus de support (achats, finance...). 

Pour des raisons d'autonomie opérationnelle, de performance et de sécurité, il est décidé que chaque site conserve sa propre base de données produits. "Dans ce but, un système de réplication a été mis en place pour partager et synchroniser les profils client, et l'information produit partout dans le monde", détaille Bertrand Hamon.  

Un taux réutilisation de 75% des composants de la fondation

Sponsorisé par la direction générale, le chantier d'urbanisation s'adosse à une approche itérative par prototypage successif. "La réalisation de spécifications détaillées était impossible vue la complexité du projet", souligne Bertrand Hamon. Comme chez Arvato Services, utilisateurs métiers et chefs de projet informatique travaillent en collaboration. Au total 40 ingénieurs sont mobilisés. "Nous sommes parvenus à atteindre un taux réutilisation de 75% des composants de la fondation", commente Bertrand Hamon.

Les principaux gains observés ? En premier lieu une réduction du temps de mise sur le marché d'un produit. Ensuite, une réduction du délai d'intégration informatique d'une filiale, de 18 à 6 mois, du fait du caractère standardisé de l'infrastructure d'échange. Enfin, une réduction de l'effectif de l'équipe de développement grâce à l'introduction d'une solution informatique unique. "Sans compter un avantage commercial : le client comprend qu'il traite avec un groupe", ajoute Bertrand Hamon.