En pleine tourmente financière, SAP révise ses ambitions sur le SaaS

Avec un chiffre d'affaires en dessous des prévisions et un bénéfice net en recul, l'éditeur a déçu les analystes au terme du premier trimestre. Son offre hébergée à destination des PME n'a pas vraiment décollé.

Un pétard mouillé en guise de feu d'artifice. Commercialisé en fin d'année dernière par SAP, l'ERP pour entreprises du mid-market en mode SaaS Business ByDesign est au cœur d'une désillusion financière pour l'éditeur allemand.

Alors qu'il avait fondé de nombreux espoirs dans sa nouvelle application (lire l'interview de Walter Lenarduzzi du 21/09/2007), SAP vient en effet d'annoncer qu'il ne serait pas en capacité de générer des revenus aussi importants que prévus sur ce segment de marché.

Prévoyant de dégager à terme plus d'1 milliard d'euros - dont 640 millions dès 2010 -, le nouvel entrant sur le terrain du SaaS aux côtés des poids lourds Oracle et Salesforce.com a donc dû revoir ses prétentions à la baisse. C'est ainsi qu'il a annoncé le report de 12 à 18 mois de l'atteinte de ses (ambitieux) objectifs initiaux, et a déçu par la même occasion un marché déjà traumatisé par la publication de résultats trimestriels en-dessous des attentes.

Car même si son chiffre d'affaires du premier trimestre 2008 a semblé résister (+14%) à 1,7 milliard d'euros, il est tout d'abord resté inférieur aux attentes des analystes du marché qui l'avait estimé à plus d'1,8 milliard, eu égard à la prise en compte dans le bilan de l'acquisition de Business Objects. Sans compter un mauvais bénéfice net, en recul de -22%, à 242 millions d'euros.

SAP navigue en eaux troubles, dans l'ombre d'un possible profit warning

Une mauvaise nouvelle qui aura d'ailleurs eu don d'échauder les actionnaires du géant du logiciel allemand qui ont quelque peu agité son cour de bourse en séance du 30 avril dernier. Et bien qu'en clôture la chute ait été limitée de 2%, à 32,4 euros, le volume d'actions échangées en séance - plus de 25,4 millions contre 8 habituellement - a sonné comme un sérieux avertissement.

Les réactions des analystes ne se seront du reste pas faites attendre. Comme celle d'Oliver Finger de la DZ Bank qui a fait part de son amertume. "Nous sommes déçus en particulier des prévisions négatives sur le nouveau produit milieu de gamme Business ByDesign. Même s'il n'a pas un impact majeur sur les chiffres prévus, cela fait très mauvaise impression pour ce produit important", indique-t-il.

Navigant plus que jamais en eaux troubles et dans un contexte où nombre d'analystes s'interrogent désormais sur la capacité du groupe à maintenir ses prévisions de croissance pour 2008 dans l'ombre d'un possible profit-warning, SAP n'est pourtant pas le seul à cristalliser les inquiétudes.

Ainsi, avant lui, Oracle, Software AG ou encore Lawson auront également dû faire face aux torrents d'inquiétudes du marché et aux foudres de leurs actionnaires. Et tous d'espérer qu'il ne s'agisse là que d'un trou d'air temporaire et localisé et non un prélude à une tempête économique risquant de ravager le secteur informatique dans son ensemble.