AMD se sépare de la production pour survivre

AMD confie à une nouvelle entité, Foundry Company, ses activités de production grâce au soutien financier de deux fonds d'investissement de l'émirat d'Abou Dabi. AMD réduit ainsi et ses dettes et ses coûts.

Les analystes financiers spéculaient depuis plusieurs mois déjà sur la possibilité, et l'opportunité, pour AMD de diviser ses activités, en se séparant notamment des aspects production. Le fondeur a finalement confirmé les rumeurs en annonçant la création d'une nouvelle entité, Foundry Company.

Cette dernière, dont la dénomination n'est que provisoire, héritera des sites de production d'AMD pour qui elle concevra des microprocesseurs. Foundry Company assurera également la production de puces pour d'autres clients. Elle sera donc pour cela doté des capacités de fabrication d'AMD, dont notamment les deux sites allemands de Dresde : Fab 36 et Fab 30.

A terme, la nouvelle société disposera d'un effectif de près de 3000 salariés et un siège basé dans la Silicon Valley. Mais, tout juste présenté, Foundry Company débutera avec une dette de 1,2 milliard de dollars, transmise par la maison mère qui détiendra 44,4% de son capital. AMD ne sera pas en effet le premier actionnaire de ce nouvel acteur des semi-conducteurs.

ATIC apporte déjà 2,1 milliards de dollars, dont 700 millions à AMD

Pour soutenir cette restructuration et l'accompagner dans son financement, AMD s'est associé à deux groupes de capital-investissement de l'émirat d'Abou Dhabi. Le premier, Advanced Technology Investment Company (ATIC) détiendra ainsi 55,6% du capital de Foundry Company. ATIC va dans un premier temps apporter 2,1 milliards de dollars, dont 700 millions de dollars iront directement alimenter les comptes d'AMD.

Le fonds devrait rapidement porter son investissement à 3,6 milliards de dollars. Montant qui pourrait encore progresser, à hauteur de six milliards au cours des cinq prochaines années. Grâce à cet investissement, Foundry Company doit pouvoir accroître ses capacités de production en Allemagne, et entreprendre la construction d'un nouveau site dans l'Etat de New York. Cette unité de fabrication devrait ; selon AMD, permettre la création de 1.400 emplois directs et 5.000 emplois induits supplémentaires, précise AMD

AMD va également bénéficier du soutien financier d'un fonds public d'Abou Dhabi : Moubadala Development. Depuis 2007, celui-ci a dépensé 622 millions de dollars pour acquérir 8,1% du capital du spécialiste des processeurs. 344 millions supplémentaires vont être engagés par Moubadala Development, lui permettant ainsi de détenir 19,3% du capital et de disposer d'un siège au conseil d'administration.

Grâce à ces nouveaux capitaux et cette scission, AMD va pouvoir à la fois réduire son endettement et ses coûts en se concentrant sur le développement de nouveaux produits. Les trimestres successifs de perte enregistrés par AMD fragilisaient encore plus sa position sur un marché déjà largement dominé par son concurrent Intel.

L'entreprise doit toutefois encore obtenir l'accord de la commission sur l'investissement étranger. La CFIUS est en effet l'autorité américaine compétente pour se prononcer sur les investissements dans des secteurs considérés comme relevant de la sécurité nationale. Quant aux marchés financiers, ils sont semblent-t-il déjà convaincu de la pertinence de la stratégie d'AMD. Le 7 octobre, le titre gagnait plus de 25%.