Marco Tinelli (Fullsix International) Marco Tinelli (Fullsix) : "Avec les acquisitions, notre chiffre d'affaires devrait quadrupler d'ici 2011"

Libéré de WPP depuis son rachat en août par le management et le fonds d'investissement Cognetas, Fullsix compte mettre les bouchées doubles pour croître. Explications avec son PDG, Marco Tinelli.

Le 11 août dernier, Fullsix International a annoncé reprendre son indépendance vis-à-vis de sa maison-mère, Fullsix Italie. Qu'est-ce qui a motivé ce choix ?

Le marché a besoin d'acteurs qui lui proposent des solutions multicanal, qu'il s'agisse de solutions off ou on line, pour la télévision, etc. Il faut des groupes de communication qui embrassent le changement, donc des organisations différentes, positionnées à mi-chemin entre le monde de la technologie, du conseil et du marketing.  

A partir de ce constat, il y a deux raisons qui nous ont poussé à reprendre notre indépendance. Tout d'abord, la situation corporate de Fullsix Italie ne permettait plus cette agilité. A partir de 2006, le conflit d'actionnaires qui éclate entre Martin Sorell, qui détient entre 25 et 30 % du capital de Fullsix Italie, et Marco Benatti, qui en détient 45 % à travers le fonds d'investissements Blue Group, rend toute action stratégique complexe à réaliser. Je tiens à préciser qu'il s'agit d'un conflit de personnes à l'origine très proches, et que cela n'a rien à voir avec l'activité de Fullsix. De fait, il m'était quasiment impossible de recruter des top managers ou de faire des acquisitions. Personne de souhaitait rejoindre une situation pareille. Deuxième raison : il est également très lourd sur le plan administratif et juridique d'être coté lorsque l'on est une société moyenne. En définitive, ces deux raisons étaient dommageables pour le développement du groupe.

A quand remonte votre fusion avec Fullsix Italie ?

Grey Interactive, que j'ai fondé en 1997, a fusionné en 2001 avec Inferentia, une société italienne cotée sur le marché de Milan et dont l'un des actionnaires était déjà WPP. Il l'est toujours d'ailleurs. Malgré les lourdeurs administratives inhérentes aux sociétés de taille moyenne cotées, Inferentia nous offrait une fluidité et une rapidité d'action que l'on a eu d'ailleurs jusqu'en 2006. Cela nous a permis de nous développer. Au contraire, au sein du groupe Grey, nous étions cantonnés au digital.

Le périmètre de Fullsix International change-t-il dorénavant ?

Pas du tout. Inferentia a racheté Fullsix International qui était la holding des filiales internationales qui officient en Espagne, Portugal, Allemagne, Royaume-Uni, France, Etats-Unis et Chine. Inferentia est ensuite devenue Fullsix Italie. En août dernier, nous avons effectué l'opération inverse, ce qui signifie que le périmètre de Fullsix International reste le même qu'auparavant.

"La valeur de Fullsix s'élève à environ 45 millions d'euros"

Quelles sont les conditions de cette séparation ?

Sur le plan financier, le fonds d'investissement Cognetas et le management de Fullsix International ont créé une holding commune : Freedom Holding. A travers celle-ci, ils ont investi 25 millions d'euros en cash pour le rachat de l'agence. A cela s'ajoute un paiement différé en fonction de la performance sur les deux prochaines années, et la reprise totale de la dette de Fullsix International par la holding. Au final, la valeur de Fullsix International s'élève à environ 45 millions d'euros. De son côté, Cognetas détient 80 % des parts.
Nous avons également une alliance commerciale avec Fullsix Italie pendant deux ans. Ils travailleront pour nos clients et nous pour les leurs. De plus nous conservons de fortes synergies en matière de publicité en ligne ou encore de mesure de la performance. Parallèlement, je reste au conseil d'administration de Fullsix Italie, mais sans mandat.

En terme d'image, ne va-t-il pas y avoir confusion entre Fullsix Italie et Fullsix International ? Allez-vous changer de nom ?
A cet effet, nous avons largement communiqué auprès de nos clients au cours de réunions ou par e-mail. Nous prenons également deux ans pour voir comment la situation évolue. Mais il y aura sans doute un changement de nom à l'issue. Sachant que je suis propriétaire du nom Fullsix...

Pourquoi avoir choisi le fonds d'investissement Cognetas ? Y avait-il d'autres investisseurs en lice ?

Nous avons vu plusieurs fonds d'investissements. Cognetas était le seul à avoir les mêmes ambitions que nous pour Fullsix. Ce sont des gens toniques et ambitieux, avec un esprit entrepreneurial.   

Quelles sont vos prévisions en termes de chiffre d'affaires ?

Nousdevrions atteindre 72 millions d'euros pour cette année. La croissanceorganique, hors acquisitions, devrait doubler d'ici 2010 ou 2011. Avecacquisitions, le chiffre d'affaires devrait quadrupler. Depuis huit ansdéjà nous faisons 40 à 45 % de croissance.

"Nous allons faire une série d'annonces concernant la croissance externe d'ici la fin de l'année"

Quels sont vos projets dorénavant ?  

A partir de début septembre, nous allons faire une série d'annonces qui concernent dans un premier temps la croissance interne, puis la croissance externe d'ici la fin de l'année. Notre nouvelle indépendance et l'apport de Cognetas - qui est prêt à faire de nouveaux investissements si nécessaires - nous offre un vrai coup d'accélérateur pour les acquisitions. Nous avons des projets au Royaume-Uni, en Allemagne et en Espagne. Je pense que cela va être assez spectaculaire. D'ici fin 2008, Fullsix devrait compter 100 à 150 collaborateurs supplémentaires, soit au total entre 700 et 750 personnes.
Parmi les axes majeurs de développement, l'agence va s'étendre dans les médias, avec 6:am comme fer de lance (lire l'interview de Yann Carré, directeur général de 6:am, du 13/06/2008). Nous ne faisons pas que du digital, mais aussi de l'intégration multicanal. Nous passons à la vitesse supérieure.