Loïc Soubeyrand (Teads) "La pub In read permet aux éditeurs de se créer leur propre inventaire vidéo"

Le co-fondateur de la société spécialisée dans les publicités vidéos explique pourquoi son nouveau format a suscité la convoitise des groupes médias.

 JDN. Pouvez-vous présenter Teads ?

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Loïc Soubeyrand, fondateur. © Teads

Loïc Soubeyrand. Nous sommes une société française créée en 2011, spécialisée dans la publicité vidéo, en général, et les solutions dites out-stream, en particulier. Ces dernières s'adressent aux éditeurs qui n'ont pas de contenu vidéo à monétiser. L'un de nos tous premiers formats a été le "Get content" qui donne accès gratuitement au contenu d'un site à condition que l'internaute visionne une courte vidéo publicitaire avant. Au contraire du pré-roll classique, ce dernier permet de monétiser tous les types de contenus, qu'il s'agisse de musique, d'un logiciel, d'un article ou service. 

Vous avez également lancé un format "In read" que l'on retrouve aujourd'hui sur de nombreux sites médias...

"In read" est un nouveau format vidéo que nous commercialisons avec la régie AdVideum et qui offre la possibilité aux annonceurs de diffuser un spot publicitaire au cœur même d'un article. Ce format d'une durée maximum de 20 secondes est vendu à "la vidéo vue". Peu intrusif, le dispositif ne se déclenche que lorsqu'il est suffisamment visible à l'écran de l'internaute. Une fois la publicité entièrement visionnée, elle disparaît en toute discrétion. La lecture de l'article ne s'en trouve donc pas affectée.

Nous avons aujourd'hui des partenariats avec près de 90% des groupes médias. Amaury Medias, Le Monde Publicité, Figaro Publicité ou encore Régie Obs.

Pourquoi vos clients sont-ils surtout des médias en ligne ?

Parce que nous leur permettons de mettre le pied dans le marché de la vidéo qui, comme vous le savez, est l'un des principaux leviers de croissance de la publicité online (+55% en 2012 selon l'observatoire de l'e-Pub en 2012, ndlr). Or les éditeurs ne disposent souvent pas d'inventaire vidéo en nombre suffisant pour proposer du "reach" aux annonceurs. D'où notre offre, qui leur permet de maximiser leurs pages-vues et proposer des dispositifs intéressants.

Comment procédez-vous pour commercialiser ce type de format ?

Nous tenons à ce que ne soit facturé que ce qui est visible. Nous nous battons contre le display qui facture des bannières sans que celles-ci aient été nécessairement vues. Les vidéos sont commercialisées au coût par vue, à 50 ou 100%. Le tarif varie entre 9 et 12 centimes la vue.

Si ce format permet d'atteindre des volumétries phénoménales, la gestion d'une campagne de publicité vidéo reste plus complexe que le display dans la mesure où, pour l'optimiser, il faut pondérer les taux de lecture avec le temps de visualisation. Pour caricaturer, 50 000 vidéos vues à 100% valent plus que 50 000 vidéos vues à 75%. Les acteurs traditionnels n'ont pas toujours les outils pour prendre en compte ce paramètre. Mais nous pouvons les leur fournir, comme des outils leur permettant de gérer le capping s'ils décident de limiter la diffusion d'une publicité à 2 ou 3 fois dès lors qu'elle ne dépasse jamais les 50% de vue.

Quels sont vos projets pour la suite ?

Nous nous considérons d'abord comme une société technologique, dotée de son propre ad-server vidéo et d'un private-exchange vidéo en RTB, grâce auxquels nous accompagnons les éditeurs dans leur stratégie "vidéo". Nous cherchons à évangéliser le marché à ces nouvelles pratiques. En France bien sûr, mais aussi à l'étranger où nous sommes déjà représentés à travers un réseau de partenaires. Je pense notamment au Royaume-Uni, à l'Espagne, à l'Italie et aux Etats-Unis. Sur ce dernier, nous sommes, de manière un peu surprenante, seuls sur le marché de l'out-stream. Personne n'y avait pensé. Cela nous a permis de travailler rapidement avec le New-York Times, le Guardian, le Financial Times et bien d'autres...

Que vous inspire la récente polémique autour du blocage des publicités online par Free ?

Je pense que cette décision pourrait mettre tout un pan de l'économie numérique en danger. Je suis bien placé pour le savoir, ayant lancé par le passé une plateforme de photos, Flashtonight, que je n'arrivais pas à monétiser grâce à la vente de contenus... Jusqu'à ce que je décide d'y insérer de la publicité et que mes revenus grimpent. Ce qui m'a permis de recruter pour en assurer le développement.

Je reste toutefois conscient qu'il est nécessaire de trouver un juste milieu et qu'il incombe aux acteurs du digital de s'auto-réguler. Empiler les bannières les unes sur les autres me semblent être un mauvais raisonnement. Epurons plutôt les pages pour ne laisser place qu'à un minimum de formats impactants. Arrêtons avec les sites Internet qui ressemblent à de véritables arbres de Noël !

Loic Soubeyrand a fondé Teads, société spécialisée dans les solutions publicitaires vidéo multi-écrans, en 2010. La société compte aujourd'hui 20 employés.