Upsa, rival de Sanofi, au cœur de la relocalisation pharmaceutique française
Face aux défis de souveraineté sanitaire, l'industrie pharmaceutique française fait un pas décisif avec un nouveau partenariat. L'État et Upsa, le rival de Sanofi dans les médicaments sans ordonnance, s'unissent pour relocaliser la production de molécules stratégiques sur le territoire. Cet accord marque une étape clé dans le renforcement du made in France pharmaceutique.
Un accord stratégique pour relocaliser des médicaments essentiels
En réponse aux tensions sur l'approvisionnement de médicaments stratégiques, l'État français a initié un plan de relocalisation de molécules clés. En 2023, une liste de 30 médicaments essentiels a été établie, comprenant des traitements pour des pathologies critiques comme les douleurs neuropathiques ou l'épilepsie.
Parmi les industriels sollicités, Upsa, deuxième acteur des médicaments sans ordonnance en France après Sanofi, a accepté de produire deux de ces molécules dans son usine d'Agen d'ici 2026. En contrepartie, le laboratoire bénéficie d'un moratoire de deux ans sur la baisse des prix de ses marques phares, Dafalgan et Efferalgan. Sans cette mesure, une réduction de 10% des prix aurait été appliquée dès la fin 2024. Cet accord offre à Upsa une marge de manœuvre économique pour investir dans la relocalisation et moderniser ses infrastructures.
Actuellement, l'usine d'Agen, employant 1 500 personnes, produit 320 millions de boîtes de paracétamol par an, dont 45% destinées au marché français. L'objectif est d'augmenter cette capacité à 450 millions d'ici quelques années, un niveau comparable à celui des deux usines de Doliprane de Sanofi.
Les enjeux économiques et industriels du paracétamol
Le coût de production élevé en France représente un défi majeur pour Upsa. La boîte de paracétamol est vendue à un prix réglementé de 76 centimes hors taxes, un tarif qui ne reflète pas les contraintes de production locales. En comparaison, des génériques fabriqués à l'étranger utilisent des matières premières moins coûteuses, créant une distorsion de concurrence.
Pour pallier ces difficultés, Upsa participe également à des projets de relocalisation des principes actifs. L'entreprise investit dans l'usine de Seqens, située à Péage-de-Roussillon (Isère), qui produira le principe actif du paracétamol à partir de 2026. Elle soutient aussi le projet Ipsophène, qui prévoit une production à Toulouse basée sur un procédé innovant de chimie en continu.
Diversification et développement à l'international
Pour compenser les pressions économiques sur le paracétamol, Upsa diversifie ses activités. En 2023, le laboratoire a investi dans des compléments alimentaires via l'acquisition de Rem3dy Health, une start-up anglaise spécialisée dans des produits personnalisés. Par ailleurs, il a renforcé sa présence dans la santé féminine avec l'achat de Sérélys, un acteur clé des traitements liés à la ménopause.
À l'international, Upsa réalise 55% de ses ventes hors de France selon Le Monde. En Chine, où le made in France est synonyme de qualité, l'entreprise a lancé une filiale d'e-commerce pour vendre ses compléments alimentaires. Ce marché représente une opportunité stratégique, notamment avec la montée en puissance de ses produits effervescents, reconnus pour leur rapidité d'action.
En 2024, Upsa prévoit un chiffre d'affaires de plus de 500 millions d'euros et vise à doubler ce montant d'ici 2027. Cette ambition repose sur une montée en puissance de ses exportations et une diversification accrue de ses activités.