Le FMI met la France face à l'urgence de réformes budgétaires
Le Fonds monétaire international a publié ce 22 mai les conclusions de sa mission annuelle consacrée à la France. Le rapport met en garde contre une dérive durable du déficit et de la dette publique en l'absence de mesures correctrices rapides et concrètes.
Une dérive budgétaire jugée préoccupante
Selon les services du FMI, sans nouvelles mesures d'économies, le déficit public français resterait autour de 6% du PIB à moyen terme. Dans leur scénario à politique inchangée, le déficit passerait à 5,4% en 2025, mais repartirait à la hausse par la suite, entraînant une augmentation continue de la dette publique jusqu'en 2030. La dégradation de la trajectoire budgétaire est attribuée aux dérapages successifs survenus en 2023 et 2024. L'analyse de soutenabilité du FMI indique que seule une consolidation structurelle pourrait enrayer cette tendance.
Le ministre de l'Économie Éric Lombard a déclaré que les perspectives économiques et les efforts en cours étaient crédibles, tout en rappelant que la maîtrise des finances publiques était "la priorité" dans la construction du budget 2026. Le gouvernement prévoit de présenter d'ici le 14 juillet un ensemble de mesures représentant 40 milliards d'euros d'économies.
Une priorité donnée à la dépense plutôt qu'à la fiscalité
L'institution internationale déconseille explicitement un recours élargi à la fiscalité. Elle souligne que le niveau d'imposition en France figure parmi les plus élevés d'Europe. Un ajustement basé exclusivement sur les recettes fiscales compromettrait, selon le rapport, la consommation des ménages, l'investissement des entreprises et les perspectives de croissance. Le FMI estime que d'éventuelles hausses d'impôts doivent être ciblées, en particulier sur la réduction des niches fiscales inefficientes ou sur la lutte contre l'évasion fiscale.
Dans son communiqué, le FMI recommande à la France de s'attacher à rationaliser ses dépenses à tous les niveaux de l'administration. Il évoque notamment l'État, les administrations de sécurité sociale et les collectivités territoriales. La France présente le ratio de dépenses publiques rapportées au PIB le plus élevé de l'Union européenne.
Les réformes préconisées : chômage, retraites, structure administrative
Les économistes du Fonds mentionnent des marges d'ajustement dans les dispositifs d'assurance chômage. Ils préconisent de revoir l'éligibilité et la durée d'indemnisation afin de mieux cibler les politiques actives d'emploi. Le rapport recommande également de poursuivre la simplification des régimes de retraite, dans le prolongement de la réforme adoptée en 2023, avec l'objectif de garantir l'équilibre du système, de limiter les carrières fragmentées et de renforcer la viabilité intergénérationnelle.
Le FMI met par ailleurs en avant la nécessité de renforcer la coordination entre les différents niveaux administratifs, y compris au sein des collectivités. L'élargissement des revues de dépenses en cours est salué comme un levier permettant d'éliminer les chevauchements et les redondances. Plusieurs annonces du gouvernement français vont dans ce sens, notamment la suppression ou la fusion d'opérateurs publics.
Des risques de mise en œuvre signalés
L'équipe dirigée par Manuela Goretti note que le plan présenté par les autorités est "approprié", mais qu'il doit s'accompagner d'un "ensemble de mesures bien défini et crédible", selon BFMTV. Le rapport évoque des risques d'exécution, en particulier dans un contexte politique jugé fragmenté. La mission considère que les tensions sociales persistantes peuvent freiner la mise en œuvre de certaines décisions.
Le FMI recommande un ajustement structurel de 1,1% du PIB en 2026, puis d'environ 0,9% par an à moyen terme. Cette trajectoire permettrait à la France de sortir de la procédure de déficit excessif d'ici 2029. La consolidation des finances publiques est présentée comme une condition nécessaire pour préserver la résilience de l'économie nationale face aux chocs à venir.