"Face à la crise, les entreprises ont besoin d'industrialiser, de réduire les coûts et les risques de leurs infrastructures"

"Face à la crise, les entreprises ont besoin d'industrialiser, de réduire les coûts et les risques de leurs infrastructures" Historiquement présent sur le marché de l'administration réseau et de la gestion de la production en environnement grands systèmes, CA s'oriente sur les infrastructures virtualisées et le cloud computing.

Vous êtes présents sur beaucoup de marchés très différents, comment expliquez-vous cette stratégie ? Comptez-vous un jour vous recentrer ?

Aujourd'hui CA, contrairement à certains de ses concurrents, est un pur éditeur de logiciel. Nous sommes exclusivement positionnés sur le marché des logiciels d'infrastructure où nous sommes leader. Nous avons considérablement simplifié notre offre qui est passée de 1 000 produits à environ 80, dont une trentaine ont des ventes significatives.

Nous les avons regroupé dans 6 domaines : la gouvernance, le service management, la performance applicative, l'automatisation des centres de données, les infrastructures et la gestion de la sécurité. Ces 6 domaines sont essentiels à la gestion des ressources informatiques et nous comptons, plutôt que nous recentrer, intégrer ces différentes disciplines entre elles.

Quel est l'avantage des technologies dites SaaS par rapport aux applications de bureau et quels bénéfices en tirent l'éditeur et le client ?

Les applications SaaS permettent de parler usage plutôt que fonctionnalistes. Ainsi, leur implémentation est plus rapide, la charge financière est vue comme une dépense et non un investissement, avec une charge de maintenance inexistante. Donc les clients qui désirent aller vite et ne pas se doter de certaines compétences seront tentés par le mode SaaS. Pour l'éditeur il s'agit de simplifier la mise en oeuvre et l'utilisation des technologies. Vu par le cabinet Forrester, dans 5 ans, 10% de la dépense en logiciels d'infrastructures sera en mode SaaS pour moins de 1% aujourd'hui.

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"Alors que notre stratégie était jusqu'à il y a 3/4 ans de racheter des sociétés pour leur parts de marché et sur lesquelles nous avions de grands manques fonctionnels, aujourd'hui nous portons notre attention sur des technologies très ciblées" © Antoine Crochet-Damais

Ne pensez-vous pas être arrivé un peu tard sur le marché du SaaS ?

Vous avez peut-être raison en ce qui concerne l'Europe, mais sachez que nous avons aujourd'hui plus de 1 000 clients aux Etats-Unis qui tournent en mode SaaS et ce, depuis plus de 2 ans. Nous avons désormais le recul et l'expérience pour pouvoir porter ces offres au niveau mondial.

Pourquoi vous êtes-vous rapproché de VMWare ? En quoi le cloud computing est-il un axe de développement stratégique pour vous ?

Aujourd'hui, selon le Gartner , 85% du marché de la virtualisation est tenu par VMWare. Nous sommes pragmatiques et comme notre mission est d'intégrer les technologies incontournables et donc utilisées par nos clients, nous avons passé des accords avec VMWare.

Ensuite notre métier est de simplifier et d'unifier les environnements informatiques chez nos clients. Ainsi nous devons fournir l'énergie informatique quels que soient les environnements OS, les serveurs physiques ou virtuels et le cloud computing. Afin de préciser la notion "d'énergie informatique", nous fournissons les outils qui permettent de gérer, surveiller, provisionner, maintenir les services level définis et les différents composants cités précédemment.

Quelle est votre position vis-à-vis de l'Open Source ? Recourez-vous à des briques issues du libre dans vos produits ?

Je vois trois dimensions à votre question. La première : oui nous supportons depuis très longtemps Linux et ce comme les différents OS propriétaires. Ensuite, certains de nos développements comme par exemple la fédération de CMDB permettant l'interopérabilité entre la CMDB de CA et d'IBM, ont été remis au groupement Eclipse regroupant des acteurs du libre. Pour la troisième dimension, nous ne voyons pas encore une grande réalité économique dans le libre sur nos grands clients concernant les logiciels d'infrastructure.

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"Certains de nos développements comme par exemple la fédération de CMDB permettant l'interopérabilité entre la CMDB de CA et d'IBM, ont été remis au groupement Eclipse" © Antoine Crochet-Damais

Assurez-vous toujours le support ou la maintenance des solutions des éditeurs que vous avez rachetés ? Les avez-vous toutes intégrées ou sont-elles juste repackagées ?

Oui, nous assurons le support et la maintenance des solutions rachetées. Ceci étant, nous assurons cela pour des versions postérieures à N-2. D'autre part, notre stratégie était jusqu'à il y a 3/4 ans de racheter des sociétés pour leur parts de marché et sur lesquelles nous avions de grands manques fonctionnels.

Aujourd'hui nous portons notre attention sur des technologies très ciblées. Le meilleur exemple en est la société Eurekify dans le domaine de la gestion de rôle relatif aux projets d'IAM (CA a mis la main sur l'éditeur Eurikify il y a une quinzaine de jours, NDLR).

Comment comptez-vous résister à la crise financière qui dévaste plusieurs de vos compétiteurs ? En ressentez-vous déjà les effets dans votre bilan ?

Tout d'abord, nous sommes assez serein face à la crise du fait de notre mode de commercialisation de licences et de la comptabilisation de nos revenus qui se font mois par mois durant la période de nos contrats. Cette pratique nous permet d'avoir une vision très claire de nos revenus dans les 3 années à venir, contrairement à nos concurrents.

Ensuite, il est vrai que nos clients ont encore plus le besoin face à cette crise d'industrialiser, de réduire les coûts et les risques de leurs infrastructures informatiques. Plus que jamais, nos clients auront besoin de nous. Mais il est vrai également que jusqu'à aujourd'hui, nous n'avons pas encore ressenti de ralentissement ou de décalage dans nos projets.

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"Nous pensons que le marché de l'infrastructure va se consolider comme celui des applicatifs ERP au début des années 90 et que nous resterons l'un des 3 ou 4 grands acteurs IT" © Antoine Crochet-Damais

Tiendrez-vous vos prévisions de croissance pour cette année ? Et pour 2009-2010 ?

Notre exercice fiscal se terminera en mars 2009. A la fin septembre, c'est-à-dire à mi-année pour CA, nous sommes en ligne avec les objectifs et avons cru plus que le marché en France concernant la prise de commandes.

Pour ce qui concerne l'année 2009/2010, nous prévoyons une croissance du marché du logiciel d'infrastructure de 7% en France. Evidemment , la sécurité devrait croître plus rapidement, au rythme de 15%, là où le mainframe sera à 0%.

Craigniez-vous un jour d'être racheté par Oracle, IBM ou HP ? Un projet de fusion ou rapprochement avec un de ces acteurs a t'il déjà été envisagé ou serait-il possible ?

Nous pensons que le marché de l'infrastructure va se consolider comme celui des applicatifs ERP au début des années 90. Nous estimons que nous resterons l'un des 3 ou 4 grands acteurs IT car nous possédons une gamme complète et que nous mettons une grosse partie de notre recherche et développement , soit 10% de notre chiffre d'affaires, dans l'intégration de nos produits afin de bâtir un "ERP de l'infrastructure".

Les mainframes génèrent encore une large part de vos revenus : sachant que les experts sur ces plates-formes se réduisent, quelles perspectives offrez-vous à leurs utilisateurs ?

Aujourd'hui, environ 50% de nos revenus proviennent du mainframe et 10% de nos prises de commande, donc cette plateforme est très active. C'est vrai que les compétences sur cette plate-forme vieillissent et se raréfient. Afin d'aider nos clients, nous avons annoncé nos offres mainframe 2.0 qui simplifient l'usage de nos produits, apportent des interfaces utilisateurs plus modernes ainsi que des outils de productivité. D'autre part, nous avons lancé un centre de compétences à Prague où nous formons une centaine d'experts dans ce domaine tous les ans.

Laurent du Fayet de la Tour est directeur général de CA France. Il est entré chez l'éditeur en janvier 2007 en tant que directeur commercial avant d'être nommé directeur général France en juin 2008. Avant de rejoindre CA, il a travaillé 4 ans chez Cegetel puis chez Neuf-Cegetel, où il était directeur commercial des ventes directes et a passé 18 ans chez IBM où il a occupé différentes fonctions dont celle de directeur général d'IBM France Financement. Laurent du Fayet de la Tour est diplômé de l'Ecole Spéciale des Travaux Publics, du Bâtiment et de l'Industrie.