Le temps est à l'orage pour les spécialistes du Centrex IP

L'annonce du rachat de B3G par Completel est une bonne nouvelle pour les 5 000 clients de l'opérateur télécom du Centrex IP. Mais ce marché de spécialistes se réduit de jour en jour à peau de chagrin.

Créé en 2001, B3G est sorti par le haut d'un plan de sauvegarde volontaire qu'il avait lui-même initié en août dernier auprès du Tribunal de Commerce de Paris.  

Comme pour conjurer le mauvais sort - mais surtout anticiper les conséquences d'une crise économique commençant à sérieusement pointer le bout de son nez -, ses dirigeants avaient en effet pris à l'époque la décision de mettre sous surveillance l'activité de leur société sous l'œil d'un administrateur judiciaire.  


Afin d'éviter le pire, à savoir la mise en liquidation, B3G s'est alors lancé dans un vaste plan de restructuration l'ayant amené à revoir à la baisse le nombre de ses distributeurs, qui est passé en 6 mois de 240 à 180. Une situation qui n'a pas aidée en 2008 l'entreprise à sortir du rouge, avec un résultat net coincé à - 6 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 30 millions d'euros.  

Derrière l'ombre de ces résultats mitigés, un rayon de soleil est toutefois apparu début mars, lorsque le Tribunal de Commerce a rendu un jugement favorable à son plan de sauvegarde. Avec, pour point d'orgue, la cession pour un montant sans doute proche, mais non confirmé, des 40 millions d'euros à Completel, société sœur de Numéricable.

Il faut dire que ce rachat arrive à point nommé pour le câblo-opérateur qui, par la voix de Pierre Danon, son P-DG, n'a récemment pas caché ses intentions de doper la croissance (de 5 à 10%) de son chiffre d'affaires. De quelle façon ? En s'appuyant justement sur le dynamisme de Completel.

L'intégration de B3G au sein de Completel lui permet d'apporter du sang-neuf, au travers de compétences techniques et commerciales dédiées à l'environnement TPE/PME directement opérationnelles.

"La complémentarité des technologies et des marchés associés a été une motivation forte du rachat de B3G" (Emmanuel Cornuau - Directeur marketing de Completel)

"Deux motivations nous ont poussées à racheter B3G avec d'une part la complémentarité des technologies et des marchés associés, et d'autre part l'opportunité de renforcer un réseau de vente indirecte sur lequel nous n'étions pas présent", indique Emmanuel Cornuau, directeur marketing de Completel.

Mais ce rachat à bon compte d'une véritable pépite du Centrex IP pourrait bien stigmatiser les difficultés rencontrées par les spécialistes de ce marché . Promis à un avenir radieux il y a encore peu, l'externalisation des services télécoms des TPE/PME sous infrastructures IP semble pour le moins souffrir.

Le rachat à bon compte de B3G stigmatise les difficultés rencontrées par les pure players du secteur 

Si le cabinet d'études Gartner annonçait encor récemment des revenus de 404 millions de dollars pour le marché du Centrex IP à horizon 2011, dans la pratique, l'engouement se fait attendre. Ainsi, selon les résultats de l'Observatoire de l'IP du cabinet d'études Scholé Marketing, 16% des sites d'entreprises françaises auraient succombés aux charmes de l'externalisation télécom. Pis encore, seulement 11% d'entre eux seraient équipés en Centrex IP...

Les temps sont durs pour ces pure players qui, à l'image de B3G, semblent se poser en victimes des stratégies de concentration d'autres acteurs clés de ce marché. Dernier exemple en date, celui du rachat d'Iptonic Telecoms par le prestataire Global Concept, il y a de cela une quinzaine de jours. La balle est donc plus que jamais dans le camp des acteurs qui seront en mesure de ne pas alénier une technologie par rapport à une autre.

"Nous croyons à la complémentarité entre les marchés et technologies du PABX traditionnels avec ceux du Centrex IP. Et nous ne voyons aucune raison pour que l'un prenne le pas sur l'autre", conclut Emmanuel Cornuau.