Jean-Michel Planche (Witbe) "On peut percevoir le cloud comme du minitel 2.0"

La multiplication des offres cloud engendre de nouveaux besoins en supervision de la qualité de service des flux Web. Le président de Witbe, spécialiste de la supervision de bout en bout s'en explique.

La multiplication des offres de cloud computing engendre-t-elle des défis pour la qualité de service des sites Web ?

Le cloud computing représente pour nous une opportunité fabuleuse. Notre activité principale qui est la supervision de tous les services IP, voix ou encore TV ne peut que s'accroître avec la multiplication de ces offres.  Car qui dit multiplication des offres dit également multiplication des dysfonctionnements et donc besoin de disposer d'une solution qui permette de suivre la qualité d'un flux de bout en bout.

Fournir une puissance de calcul décentralisé est une très bonne chose mais savoir la façon dont elle est mise en œuvre en est une autre

Le cloud, cela existe en fait depuis longtemps avec le grid computing mais son potentiel a été démultiplié avec l'arrivée d'acteurs comme Salesforce.com, Amazon et Google pour mettre une partie de leurs ressources à destination d'autres entreprises. En revanche, nous sommes plus circonspects sur certains points comme celui de percevoir le cloud comme du minitel 2.0.

C'est troublant, expliquez-vous ?

Si l'objectif de fournir de la puissance de calcul décentralisée est une très bonne chose, je m'interroge sur les moyens mis en œuvre pour la fournir. Elle est à double tranchant car pour y accéder, il faut accepter de s'adapter aux normes, aux protocoles et aux interfaces imposées par chacun de ces acteurs.

Or, on voit bien que les entreprises qui se lancent dans le cloud sont obligées d'adapter tout ou partie de leur fonction informatique et qu'un retour en arrière est très difficile. Certains acteurs vantent d'ailleurs un modèle mixte où il est possible de reprendre la main en interne sur ce que l'on a décidé de mettre dans le cloud dans un premier temps. Mais on s'aperçoit aussi que ce ne sont pas les plus gros loin de là qui offrent cette possibilité.

L'exemple de RIM est assez marquant. Cet acteur qui ne proposait au départ que des services mails hébergés a été contraint par les clients et le marché de proposer une version serveur de son service. Mais pour Apple, c'est tout le contraire qui se passe et là il faut accepter de mettre le doigt dans un système où l'on est pieds et poings liés avec son fournisseur. Ce qui est important ce n'est pas de dire que c'est bien ou mal, mais de le faire en connaissance de cause et en accepter toutes les conséquences.

Google va prendre le temps de chargement des pages Web dans leur classement. Bonne nouvelle ?  

Tout à fait ! Mais la prise en charge par Google du temps de chargement des pages n'est pas une véritable nouveauté. Ce qui est plus intéressant en revanche c'est de voir un acteur comme Google s'intéresser à la qualité des contenus et leur disponibilité de façon systématique.

Alors qu'auparavant la forme primait sur le fond, c'est moins vrai désormais. Les créateurs de sites vont maintenant s'occuper de la qualité de service de bout en bout de leurs pages Web ce dont on ne peut effectivement que se réjouir.

Jean-Michel Planche est président de Witbe.