Stéphane Aisenberg (Linkbynet) "Le reporting devient un facteur clé de différentiation dans l'hébergement"

L'hébergeur affiche une croissance de 25% en 2009 malgré la crise. Le prestataire tire notamment partie de son avance sur le terrain de la virtualisation de serveur.

JDN Solutions. Comment Linkbynet a-t-il passé le cap de la crise, et plus globalement quelles ont été les grandes tendances du marché de l'hébergement durant les 12 derniers mois ?

Stéphane Aisenberg. 2009 a été une année de forte croissance pour nous, qui a été plus importante que les années précédentes. Nous avons dépassé les 25% de progression de chiffre d'affaires. Nous avons remporté d'importants appels d'offres, à l'image du contrat que nous avons signé chez PPR qui comprend l'hébergement du site de la Fnac. Mais cette progression s'explique également par le développement du périmètre des clients existants.

Il est vrai que nous avons lancé notre offre d'infrastructure virtuelle très tôt. Notre offre de Platform as a Service existe depuis maintenant deux ans et demi. Nous avons contribué à sensibiliser le marché à ce nouveau concept. Depuis, des acteurs informatiques plus importants ont suivi cette voie.

Vous étiez historiquement positionnés dans l'hébergement sur serveurs dédiés ou mutualisées. Quelle part de votre activité réalisez-vous en 2009 et 2010 sur votre infrastructure de déploiement virtuel ?

85% des déploiements sont désormais mis en œuvre sur notre environnement de serveurs virtuels. Presque tous nos clients existants ont basculé sur cette architecture. A la marge, quelques clients ont eu peur de ce changement de cap, et ont décidé de conserver une approche de serveurs physiques et ont changé d'hébergeur.

Nous prenons en charge aussi bien des sites Internet, que des intranets et des extranets. Parmi les références que nous pouvons citer, nous avons par exemple Arkadin qui héberge ses services de visio-conférence Web et de conférence téléphonique chez nous. L'opérateur d'e-boutiques Mixcommerce adosse également sa plate-forme Web à notre infrastructure. Elle est utilisée par de nombreuses marques pour leur site d'e-commerce. Nous pouvons leur offrir la souplesse nécessaire en termes de ressources pour gérer les montées en charge, lors des périodes de soldes par exemple.

"Cette année, nous prévoyons de nous implanter en Amérique du Nord, et en 2011 en Asie"

Pour gérer les systèmes critiques, notre infrastructure est répartie sur cinq centres de données, dans l'optique de proposer des architectures distribuées, des services de basculement d'un datacenter à l'autre, mais également des clusters en actif / actif ou actif / passif.

Quels sont les profils de concurrents avec lesquels vous vous retrouvez confronté lors des appels d'offres ? 

Les profils de nos concurrents sont assez hétérogènes. Ils nous arrivent d'être consultés dans le cadre de dossiers importants par des grands comptes. Nous sommes alors mis en concurrence avec de grandes SSII, et parfois c'est le petit poucet qui l'emporte. Quand nous sommes sollicités par des sociétés de taille plus modeste, pour des sites Internet d'e-commerce par exemple, on se retrouve souvent face à des prestataires plus petits que nous. Linkbynet compte 200 salariés aujourd'hui.

Quelles sont vos objectifs de croissance pour 2010 ?

En 2010, nous nous sommes fixés comme objectif 30% de croissance, ce qui devrait porter notre effectif entre 240 et 280 personnes d'ici la fin de l'année. Nous fêtons cette année notre dixième anniversaire. Notre schéma de croissance demeure autofinancé. Nous comptons poursuivre dans cette voie pour le moment. Si notre taux de croissance se poursuit, Linkbynet pourrait dépasser les 500 salariés d'ici trois à quatre ans.

En termes de développement international, nous sommes déjà présents depuis 5 ans à l'Ile-Maurice. Cette année nous prévoyons de nous implanter en Amérique du Nord, au Canada. L'année prochaine, ce sera l'Asie. Cette présence sur quatre points du globe nous permettra de pousser plus loin notre logique de service, avec pour objectif de mettre en place des plateaux d'astreinte et des équipes disponibles 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Ce qui est particulièrement important pour nos clients grands comptes.

Quels sont les arguments que vous mettez en avant lors des appels d'offres ?

Nous n'avons pas cessé depuis deux ans d'améliorer notre organisation pour gagner en souplesse. L'idée est de se donner les moyens de déployer rapidement une plate-forme cliente avec applications installées, et ne pas seulement se limiter à la mise en production rapide d'OS, ce qui est à la portée de n'importe qui. Du réseau à la base de données en passant par la sécurité et les règles d'applications, nous orchestrons l'intervention de nos différentes compétences internes en vue d'optimiser le processus de déploiement qui reste complexe. Grâce à cette organisation, nous parvenons dans certains cas à réaliser des mises en production dans la journée.

L'autre point fort réside dans l'outil de reporting en mode Web que nous proposons aux clients pour suivre et piloter leurs plates-formes de production. Il s'agit d'un développement interne. Nous nous dirigeons vers un outil de suivi très orienté clients. Nous ne fournissons au client que les données dont il a besoin : taux de disponibilité, temps d'accès, mais aussi gestion des incidents, des changements, état de la consommation en ressources réseau et serveur... Nous cherchons à rendre l'information décisionnelle.

Naturellement, les SLA constituent l'élément de base pour la conception de ces tableaux de bord. Mais la réflexion va bien plus loin. Elle englobe des indicateurs qui ne rentrent pas dans le SLA, comme par exemple le suivi de la gestion des sauvegardes par serveur.

Stéphane Aisenberg est co-fondateur de Linkbynet.