Base de données : la tentation du cloud sur site

Les offres de base de données en mode cloud se multiplient. Pourtant, certaines entreprises françaises, soucieuses de protéger leurs applications et données critiques et d'éviter le vendor lock-in, font le choix d'orchestrer leur SGBDR sur un cloud construit en interne.

Dans le monde de la base de données, les ressources humaines rares telles que les administrateurs de base de données sont essentiellement employées sur les systèmes les plus critiques. Les bases dont le fonctionnement est plus “routinier” tendent vers de plus en plus d’automatisation.  Les objectifs principaux sont de réduire les coûts d'exploitation et les délais de mise à disposition tout en répondant  aux problématiques de montée en charge et d’auto-scaling.  

Les entreprises souhaitent en effet  se délester des tâches d'administration les plus complexes et les plus chronophages et notamment l'installation et l'application des mises à niveau de leurs logiciels de bases de données, la gestion du stockage, la réplication à des fins de haute disponibilité et de débit élevé en lecture, et pour finir les sauvegardes permettant la reprise après sinistre.  Pour résumer, elles veulent que ces tâches ne soient plus qu’une commodité, gérée de la manière la plus automatisée possible, idéalement par un tiers.

Au fur et à mesure que les usages cloud se généralisent, les entreprises s’attendent en effet à bénéficier des mêmes avantages dans l’ensemble des domaines, y-compris celui de la base de données. 

Les offres de cloud public et leurs risques

C’est le sens des offres dévoilées récemment par les principaux acteurs du cloud, qui vont jusqu’à proposer des outils de lignes de commande et des interface de programmation (APIs) permettant aux entreprises de personnaliser l'automatisation des tâches en fonction de leurs besoins spécifiques.

Mais la réversibilité n’est pas toujours pleinement assurée et pour ceux qui comptent sur le cloud et ses promesses, l’insatisfaction relative aux licences logicielles dans le secteur des bases de données pourrait bien se poursuivre, à la faveur d’imprécisions relatives à la facturation, ou tout simplement de changement de modalités de facturation (CPU, GPU, VMs etc). 

Depuis des années, les clients reprochent en effet à leurs fournisseurs des contrats inflexibles et obscurs, un manque d’engagement auprès des clients, des audits agressifs et hostiles. Il est fort possible que le cloud n’améliore pas la situation. D’autant que les stratégies de vendor lock-in s’appliquent également aux environnements cloud et que certains fournisseurs ne mettent pas à disposition les outils ou services permettant aux entreprises de rapatrier leurs bases de données.

La tentation de bases de données opérées sur des clouds internes

Cette attitude des fournisseurs a motivé la migration de nombreuses bases de données vers des systèmes plus ouverts, installés sur site. Par sa qualité et la communauté qui le développe et le supporte, PostgreSQL a particulièrement bénéficié de cette tendance, se hissant ainsi à la quatrième place sur le podium des SGBDRs les plus utilisés au monde.

Les entreprises qui, pour des raisons de criticité des applications souhaitent conserver leurs données sur site n’en désirent pas moins bénéficier des avantages du cloud (gain d’agilité, automatisation, haute disponibilité, redondance etc). Et on observe logiquement une tendance à la “cloudification sur site" des bases de données, y-compris PostgreSQL.

La démarche se comprend, se respecte même. Pourtant les coûts engendrés par le développement et la maintenance de ce type de solution ne plaident pas en leur faveur. Par ailleurs, les différents projets de ce type étant le plus souvent réalisés de manière indépendante, on peut aussi regretter l’absence de collaboration communautaire.

Dans la perspective d’un renforcement de la tendance de la cloudification sur site des systèmes de gestion de bases de données, tendance portée par des réglementations comme la RGPD et l’absence de gouvernance souveraine des données, on ne peut que souhaiter l’émergence d’une solution d’industrialisation interopérable et reposant sur des standards ouverts.