Applications en autoscaling : un choix aussi business que technologique

De nouvelles applications intelligentes, taillées pour mettre automatiquemant à l'échelle leur infrastructure, rendent possibles de nouveaux modèles technologiques et business.

Chronique rédigée a quatre mains par Nicolas Roger, Cloud Global Solutions Architect Equinix & Sylvain Rouri, Chief Sales Officer OVHcloud.

Il ne vous aura pas échappé que le contexte économique appelle à l'innovation, pour relancer la croissance. Du côté des technologies, des innovations de process, comme le multicloud ou encore le cloud hybride (l'alliance du cloud et de solutions sur site) contribuent à rendre l'entreprise plus efficiente et agile. Mais dans une économie recentrée autour des besoins des clients, ce sont les innovations produits qui devraient dicter les choix d'infrastructures.

Cela implique de repenser la façon dont sont développées les applications soutenant ces produits et services. De nouvelles applications intelligentes, capables d’autoscaling (ou mise à l’échelle automatique de leur infrastructure), rendent ainsi possibles de nouveaux modèles technologiques et business.

Remettre le client et l’application au centre de la réflexion

La discussion sur comment développer les applications n’est plus réservée aux seuls développeurs et responsables d’infrastructures. Car nous vivons désormais dans un monde centré sur le client, où les fonctionnalités et l’ergonomie des applications ne devraient plus découler de choix d’infrastructure mais directement des besoins des clients.

Par exemple, avec une infrastructure privée, des réseaux et un cloud on premise, une entreprise revendique une maîtrise technique, budgétaire et sécuritaire. Mais ce cadre limite son agilité et la créativité des développeurs d’applications. Car l’ajout de fonctionnalités ou le déploiement de l’application sur de nouvelles zones géographiques impliqueront d’adapter l’infrastructure et les réseaux. Des partenariats ou alliances avec d’autres acteurs nécessiteront de mettre en commun les données et d’interconnecter les systèmes. Les contraintes de sécurité, d’hétérogénéité des environnements et tout simplement de budget, peuvent alors freiner les envies de collaboration de l’entreprise avec son écosystème.

Que se passe-t-il si l’on inverse ce schéma de pensée, en pensant d’abord aux applications et services ? Les équipes se focalisent alors sur le cahier des charges front-end, ce que verra le client et comment rendre une nouvelle offre plus attractive et lisible en application web, mobile, embarquée. Au final, l’entreprise se donne les moyens d’innover en testant de nouvelles offres et applications, concentrée sur son cœur de métier et sa rentabilité.

Les applications capables d’autoscale, nouvel état de l’art technologique 

Le marché de l’infrastructure a atteint aujourd’hui une nouvelle étape de transformation qui permet aux applications de consommer du back-end en fonction de l’évolution des besoins.

On pense bien sûr aux pics saisonniers du e-commerce, mais aussi dans le contexte de pandémie à l’adaptation des produits et services à l’évolution de nos modes de vie. Ainsi qui aurait imaginé les collaborations entre des industriels spécialistes des matériaux ou de la chimie, pour fabriquer des masques ou du gel hydroalcoolique ? Une illustration extrême du climat actuel de pivot permanent.

Ce changement de paradigme est possible avec le développement d’applications distribuées et intelligentes, capables d’autoscaling en temps réel, pour adapter leur dimensionnement au comportement des utilisateurs (et optimiser les coûts d’infrastructures dans le modèle de paiement à l’usage). Elles peuvent aussi être déplacées d’un environnement à un autre, c’est-à-dire entre infrastructure privée ou publique, ou avec une approche multicloud, notamment en fonction de critères géographiques pour la localisation et la souveraineté des données.

Une portabilité et une réversibilité rendues possibles par les approches de conteneurs et de microservices, puisque l’application embarque avec elle tous les éléments nécessaires à son fonctionnement (langages de programmation, framework, librairies…). Enfin, des mécanismes d’automatisation, comme ceux des orchestrateurs de conteneurs Kubernetes, libèrent les équipes techniques de (presque) toutes les tâches associées à la création et l’évolution d’une infrastructure informatique. Un argument de poids qui, associé à la protection physique des équipements ou encore la mise en conformité des normes de sécurité, doit faciliter la décision de confier ses données et applications à des acteurs capables d’industrialiser les infrastructures numériques. Et finalement permettre aux clients de se concentrer pleinement sur leur croissance et leur capacité à innover.

Plus de connectivité et moins de latence pour libérer l’innovation

Enfin, cette nouvelle génération d’applications autoscale ne pourrait pas exister sans une connectivité directe entre les différents acteurs de l’infrastructure. Des plateformes d’interconnexion, présentes dans les principaux pôles d’activité économique mondiaux, permettent aux entreprises de connecter directement leurs applications à des milliers de fournisseurs de services cloud et d’API. Le tout dans le respect des standards de sécurité et d’auditabilité.

Ce maillage mondial et cette connexion directe, par fibre optique, permettent aujourd’hui d’imaginer des applications cloud ultra performantes, en temps réel sans latence, pour le gaming, l’internet des objets, la santé connectée...

La technologie d’interconnexion et d’hybridation pour imaginer ces applications est donc déjà là, ainsi que l’accompagnement humain pour y parvenir. Reste un défi de taille : mettre tout le monde dans l’entreprise autour de la table pour envisager de nouvelles façons de faire, plus agiles.